Charlotte Gendre, Aurea : « La lixiviation a diminué les stocks d’azote »

Référente technique en analyse de sol, Charlotte Gendre rappelle l’intérêt de bien connaître les reliquats azotés en sortie d’hiver (RSH) sur son exploitation et analyse la situation à date.
Reliquats azotés en sortie d’hiver : « La lixiviation a diminué les stocks d’azote »

Charlotte Gendre, Auréa : « Le début de campagne 2024-25 rend difficile l’estimation de l’azote minéral disponible dans le sol. »

Perspectives Agricoles : Pourquoi mesurer les RSH ?

Charlotte Gendre : On peut juste vouloir se mettre en conformité avec les exigences du Plan d’action Nitrates. Dans ce cas, en zone vulnérable, la loi exige deux mesures de RSH par exploitation et par an. Dans un objectif agronomique, deux mesures de reliquat peuvent être insuffisantes. En effet, le niveau du reliquat d’azote varie selon le type de sol et les pratiques culturales (rotation, historique organique, intercultures). Nous recommandons alors une mesure par groupe de parcelles homogènes.

Pour le blé et l’orge notamment, à qui l’on apporte beaucoup d’azote, il est financièrement avantageux de connaître précisément le RSH afin de réaliser des économies sur le poste fertilisation. On évite aussi les impacts agronomiques négatifs d’une surfertilisation, ainsi que l’effet néfaste sur l’environnement de fuites d’azote non absorbé par les cultures.

P. A. : Quelles sont les tendances cette année ?

C. G. : Il est encore un peu tôt pour avoir une bonne vision des tendances de cette campagne. Néanmoins, d’après nos premières mesures, les reliquats en sortie d’hiver seront assez faibles. La lixiviation a diminué les stocks d’azote des sols. Cependant, comme les températures sont restées douces, la vie du sol n’a jamais été à l’arrêt (la minéralisation s’arrête autour de -4°C). Dans les sols contenant des matières organiques ou ayant des historiques de prairie, il y a eu de la minéralisation ; elle aura fait localement remonter les quantités d’azote biodisponible.

P. A. : Comment est mesuré le RSH ?

C. G. : La mesure doit être faite sur toute la profondeur potentielle d’enracinement de la culture, avec un prélèvement par horizon de 30 cm. Le plus souvent, on prélève sur 60 cm, soit deux horizons. Dans les sols profonds, la mesure du RSH se fait sur les trois horizons (90 cm) pour toutes les cultures exceptés les légumes et les pommes de terre. Mais cette année, vu les conditions humides à l’implantation des cultures, mieux vaut vérifier leur enracinement : s’il est très limité, on peut envisager de réduire le nombre d’horizons prélevés.

Juste après des gelées, les conditions sont propices aux prélèvements. Mais il ne faut pas prélever quand les sols sont gorgés d’eau, ni sous une couverture neigeuse importante, cela peut fausser les estimations des reliquats.

Adapter la profondeur

Cette année, la profondeur d’enracinement des céréales à paille risque d’être plus faible que d’habitude dans certaines parcelles en sortie d’hiver, compte tenu des dates de semis souvent tardives et de possibles retards de développement. En plus de la prise en compte de la profondeur du sol, il est recommandé d’adapter la profondeur de mesure du reliquat à la qualité de l’enracinement.

P. A. : Comment est réalisée la mesure au laboratoire ?

C. G. : Aurea1 analyse l’échantillon brut de terre qui est mis en solution avec du KCl selon une méthode normalisée. Les teneurs en azote ammoniacal et nitrique (les deux formes d’azote minéral absorbables par les plantes) sont mesurées, et leurs valeurs, additionnées et converties en kilos d’azote par hectare de terre fine2 ; cette conversion dépend du type de sol, du taux de cailloux et de la profondeur de prélèvement.

P. A. : Quel coût cela représente-t-il ?

C. G. : Si les prélèvements sont faits par l’agriculteur ou le technicien de coopérative, l’analyse du RSH coûte une dizaine d’euros pour chaque horizon analysé. Mais pour mieux évaluer l’impact de la mesure du RSH sur la marge nette d’une culture, il faut rapporter ce coût à l’hectare : la mesure du RSH revient en moyenne à 4,5 € de l’hectare. C’est l’équivalent d’une dizaine de kilos d’ammonitrate.


(1) Auréa est un laboratoire d’analyses de sol, de végétaux et de matière organique, filiale d’Arvalis au même titre qu’Upterra, qui édite Perspectives Agricoles. Plus d’informations sur www.aurea.eu.
(2) C’est le coefficient Ri dans la méthode du bilan prévisionnel.

 

 

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.