Fertilisation azotée des blés : prévoir la dose juste

Les besoins unitaires d’azote de 143 variétés de blé tendre ont été actualisés par Arvalis pour la campagne en cours. C’est en outre le moment de mesurer les reliquats azotés en sortie d’hiver. Autant de clefs pour calculer la dose prévisionnelle d’azote optimale à apporter à ses blés.
Fertilisation azotée des blés d’hiver : prévoir la dose juste

Cette année encore, il restera sans doute peu d’azote au sortir de l’hiver dans les sols des régions inondées par les pluies.

Apporter à une variété de blé tendre une dose d’azote inférieure à la dose optimale diminue son potentiel de rendement. Mais en apporter trop est inutilement coûteux. De plus la surfertilisation favorise la verse et certaines maladies, tandis que cet azote non absorbé par la culture risque d’être lixivié dans les eaux.

Il y a donc toutes les raisons de calculer une dose prévisionnelle d’azote aussi précisément que possible. Pour cela, deux paramètres gagnent à être actualisés chaque année : les besoins unitaires en azote des variétés semées, et les reliquats azotés en sortie d’hiver dans les sols où elles sont implantées.

Le RSH pour préciser le calcul

La mesures des reliquats en sortie d’hiver permet d’augmenter la précision de la dose prévisionnelle à apporter, même en dehors de contraintes réglementaires1. « La mesure du RSH permet d’être au plus près de l’optimum technico-économique », rappelle Charlotte Gendre, référente sur la question au laboratoire Auréa. C’est d’autant plus vrai cette année où les pluies importantes et les températures douces rendent l’estimation a priori des reliquats bien compliquée.

Arvalis a réévalué les besoins unitaires en azote des variétés de blé tendre d’hiver les plus cultivées en France et évalué pour la première ceux de 22 variétés récemment ajoutées au Catalogue. Les 121 autres variétés n’ont pas vu leurs besoins unitaires changer par rapport à la campagne précédente (tableau 1).

Des besoins unitaires calculés pour 143 variétés de blé tendre
Des besoins unitaires calculés pour 143 variétés de blé tendre.
Besoins unitaires b et bq des variétés de blé tendre pour deux objectifs de production, et mise en réserve conseillée pour l’objectif « qualité ». Les variétés introduites en 2025 dans le classement sont en gras. Blé biscuitier : tenir compte uniquement des besoins unitaires b. (*) La mise en réserve minimale de 40 kg N pourra être réduite en cas de faible potentiel.

Les besoins unitaires des variétés de blés de force les plus cultivées, dont deux nouvelles variétés, et de blé dur, dont deux nouveautés, ont également été actualisés pour 2025. Déterminés par bassin de production, ils sont à consulter en complément web.


Comment utiliser ces valeurs ?
Déterminer tout d’abord la classe de besoin de la variété semée, en repérant son nom dans la colonne « Variétés ». Ensuite, tout dépend de l’objectif de production. Pour un objectif de rendement uniquement, utiliser la valeur b correspondante et intégrer cette valeur dans l’équation de la dose prévisionnelle telle que donnée par la méthode Comifer.

Pour un usage en blé biscuitier, il faut tenir compte uniquement des besoins unitaires b, sans complément « qualité ».

Si l’objectif de production est aussi la qualité, autrement dit si le but est d’atteindre au moins 11,5 % de protéines, utiliser le coefficient bq. Cette valeur diffère de celle de b selon la capacité de la variété considérée à valoriser l’azote apporté plutôt en biomasse ou plutôt en protéines ; il est alors parfois utile d’apporter un peu plus d’azote au blé. C’est pourquoi bqa une valeur légèrement supérieure ou égale à b.

Quand les reliquats azotés en sortie d’hiver sont faibles, ce qui risque d’arriver cette année car beaucoup de sols ont été lavés par les pluies, la dose prévisionnelle d’azote est élevée, surtout dans les sols pauvres en matière organique. Une partie de cette dose doit être apportée en sortie d’hiver : 40 kg N/ha suffiront généralement à combler les faibles fournitures du sol.

Quand l’objectif de production est la qualité, il est essentiel de fractionner les apports d’azote. Arvalis conseille ainsi la mise en réserve d’une certaine quantité d’azote (colonne de droite du tableau). Elle doit être apportée en fin de montaison - un stade où l’azote sera le plus efficacement valorisé en protéines par le blé.

(1) La loi contraint les agriculteurs dont les parcelles fertilisées sont situées en zone vulnérable d’effectuer chaque année des mesures du RSH en deux points de l’exploitation.

 

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