Repenser le financement agricole pour accélérer la transition agroécologique

Comment mieux répartir le risque entre agriculteurs, filières agroalimentaires, assureurs et financeurs pour accélérer la transition vers une agriculture plus durable ? Les assureurs AXA-Climate, Bessé-Parametrics et Unilever et la coopérative Axéréal révèlent leurs pistes.
Les agriculteurs qui se lancent dans la transition agroécologique prennent des risques. Comment assureurs et coops peuvent-ils les soutenir ?

Les agriculteurs qui se lancent dans la transition agroécologique prennent des risques. Comment assureurs et coops peuvent-ils les soutenir ?

 

Changement de système de culture, nouveaux itinéraires techniques à maîtriser, achat de matériel, débouchés à trouver… Pour les agriculteurs qui se lancent dans une démarche durable, les risques et les surcoûts sont toutefois plus importants. Comment mieux les accompagner financièrement ?

« Nous pensons tous ici qu’inciter davantage d’agriculteurs à se tourner vers l’agriculture régénératrice des sols (AR) contribuerait de façon essentielle à l’accélération de la transition agroécologique » rappelait en préambule Silvana Vargas, responsable Impact & ESG 1 pour le fonds RegenAg et experte en assurance agricole chez AXA-Climate, aux participants de la conférence organisée par AXA au Salon International de l’Agriculture.

« Les assureurs ont tout intérêt à accompagner les agriculteurs dans la transition agroécologique », reprenait Joran Chambolle, expert Climat-Agriculture chez Bessé-Parametrics, qui remarquait que de plus en plus de coopératives cherchent à s’assurer contre les risques associés à cette transition. « Atténuer le changement climatique par le biais d’une agriculture plus durable, c’est diminuer les risques climatiques à long terme en produisant moins de gaz à effet de serre » poursuivait-il. « Mais aussi à court terme : car l’agriculture régénératrice fait espérer des sols et des cultures plus résilients aux aléas climatiques. » Les assureurs espèrent ainsi devoir moins souvent indemniser les agriculteurs engagés dans une telle démarche.

 

Agriculture régénératrice : pourquoi s'y engager serait une prise de risque ?

« Unilever accompagne actuellement 30 projets de transition vers l’agriculture régénératrice, qui portent sur un total de 1 million d’hectares », déclarait Simon Duchatelet. « Cette transition est coûteuse : les coûts opérationnels annuels sont plus élevés (coût des couverts, intrants plus chers…), de même que les investissements de capital dans le matériel (pour le semis direct, par exemple). » De plus, la pratique est nouvelle et des erreurs peuvent être commises au début, avec des échecs de production à la clef.
Selon Unilever, la transition vers l’agriculture régénératrice des sols représente un surcoût global de plusieurs centaines d’euros à l’hectare. C’est donc une prise de risque financière pour l’agriculteur, mais aussi pour l’aval. Celui-ci est moins certain des volumes et de la qualité des récoltes collectées, et rencontre des difficultés pour répercuter les surcoûts sans décourager les consommateurs.

Pour répondre à cette demande de soutien financier, Unilever a introduit des assurances et des prêts spécifiquement adaptés aux agriculteurs s’engageant en AR. « Nous proposons aux agriculteurs qui se lancent dans l’AR des prêts avec un délai de grâce plus long, et la possibilité de décaler les paiements en mauvaise période », expliquait Simon Duchatelet, analyste d’impact chez Unilever au département Climate & Nature Fund. Pour accélérer la transition agroécologique, il suggérait que soit mis en place un fonds de financement qui pourrait être abondé par des agro-industriels et l’État, afin de proposer des prêts encore plus intéressants.

Mieux valoriser les denrées produites durablement

Axéréal abordait l’accompagnement financier des agriculteurs sous l’angle filière. « Nous organisons la valorisation des productions agricoles issues de l’AR en développant pour nos adhérents des débouchés porteurs », précisait Céline Knobloch, directrice marketing agricole de la coopérative. Axéréal fédère également les clients industriels qui rémunèrent mieux les produits de l’AR. « Pour inciter nos adhérents à réintroduire le pois, de plus en plus exclu des rotations en raison de son rendement assez faible et variable, nous structurons des filières innovantes et nous offrons des garanties d’achat ou de valorisation », ajoutait-elle. Axéréal offre même une indemnisation partielle en cas d’échec de la culture.

Dans tous les cas, l’objectif de ces différentes formes de soutien à l’agriculture durable est d’aider le producteur à faire face à court terme à des investissements accrus et à lui donner le temps de maîtriser de nouvelles pratiques. Sachant que le retour sur investissement s’obtient sur le long terme : améliorer un sol prend des dizaines d’années.

(1) Environnement, Social et Gouvernance (ESG) : c’est un cadre utilisé pour mesurer les performances non financières d'une entreprise dans ces trois domaines.

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