Céréales françaises : des exportations records vers les pays tiers

Sur les premiers mois de la campagne 2022/23, les céréales françaises sont très dynamiques à l’export. C’est même du jamais vu en blé tendre !
Céréales françaises : des exportations records vers les pays tiers

Même s’il n’existe pas de règles dans le commerce internationale, en générale, les exportations françaises s’étalent tout au long de la campagne, de juillet à juin, la France bénéficiant d’outils pour stocker les céréales et répondre à la demande au fur et à mesure. Cette année, les marchés ont été chahutés par le conflit russo-ukrainien et l’incapacité de l’Ukraine à sortir ces grains par la mer Noire, du moins jusqu’à août dernier. La France en a profité pour se positionner sur pays tiers.

Du jamais vu dans les chargements de blé tendre français

Compte tenu de sa récolte précoce et de la compétitivité de l’euro, la France a su répondre présente aux achats dynamiques des importateurs, et ce dès le mois de juillet.

A peine à la moitié de la campagne, la France a déjà chargé près de 7 Mt vers les pays tiers. A fin octobre, les douanes affichaient 5,4 Mt de blé tendre, soit deux fois plus que l’an dernier. Ce volume, généralement atteint mi-janvier, est la conséquence de quatre mois ultra-dynamiques à plus de 1 Mt par mois (contre une moyenne quinquennale de 630 kt par mois sur cette période). Et la dynamique se poursuit sur la fin de l’année : en novembre et sur les premiers jours de décembre, on dénombre déjà plus de 1,3 Mt parties ou en cours de chargement.

L’autre spécificité réside dans la diversité des destinations. Les acheteurs traditionnels sont bien présents : l’Algérie et le Maroc sont les deux premières destinations avec respectivement 1,6 Mt chacun, mais aussi l’Afrique subsaharienne (1,1 Mt) ou encore l’Egypte (qui frôle le million de tonnes). Mais des destinations plus atypiques apparaissent, comme le Pakistan (230 kt) ou encore un bateau vers le Mexique.

Enfin, alors que la Chine fut peu présente aux achats de blé, sa présence se fait ressentir ces dernières semaines avec plusieurs bateaux français partis vers l’empire du milieu. Pour l’instant, les exportations de blé vers la Chine comptabilisent plus de 580 kt sur la campagne 2022/23.

Figure 1 : Rythme d'exportation du blé tendre français vers les pays tiers

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(source : Intercéréales)

Orges : dans l’attente d’une demande chinoise

En orge, tandis que le rythme avait été particulièrement soutenu dès le début de la campagne précédente du fait d’une forte demande chinoise, les douanes ont recensé cette année à peine plus d’un million de tonnes exportées vers les pays tiers, principalement vers la Chine.

De nombreux volumes d’orges françaises sont partis vers le proche et moyen orient, que ce soit vers l’Arabie Saoudite (près de 190 kt) ou encore l’Iran, l’Israël et la Jordanie. A noter que près de 100 kt ont été livrées à l’Inde, destination plus inhabituelle pour l’orge française.

Globalement, les exportations d’orges vers les pays tiers sont attendues à 2,5 Mt, soit un peu moins de la moitié de réalisé actuellement. La demande en Afrique du Nord, notamment au Maroc, devrait s’intensifier sur la deuxième partie de campagne. Mais la grosse interrogation restera la demande chinoise.

Blé dur : Canada is back !

Côté blé dur, la France a exporté un peu plus de 50 kt entre juillet et octobre 2022. A cela, il faut ajouter au moins 8 kt sur décembre, dont 5 kt vers la Mauritanie. La première destination du blé dur français est la Tunisie avec plus de 16 kt alors que l’origine française était absente les deux dernières campagnes.

Les deux premiers mois de la campagne ont été un peu plus dynamiques avant de laisser davantage de place au Canada qui a retrouvé une bonne production de blé dur après une année 2021 catastrophique. De fait, les exports français en septembre/octobre ont nettement ralenti, une tendance qui semble se poursuivre.

Dans le dernier bilan établi par FranceAgriMer, la prévision des exportations de blé dur vers pays tiers est revue en légère baisse à 110 kt, soit 50 % de fait à mi-campagne.

La concurrence de l’hémisphère Sud et de la mer Noire pour la deuxième partie de campagne

Globalement, la demande reste importante et les chargements le montrent. La récolte australienne arrive sur le marché pour satisfaire les demandes lors de la deuxième partie de campagne avec une récolte pléthorique de plus de 36 Mt de blés et 13 Mt d’orges. En revanche, l’Argentine accuse un peu plus de difficultés avec une récolte sans cesse revue en baisse, aujourd’hui à 11,8 Mt de blés et des exportations ne dépassant pas les 6,5 Mt.

Côté mer Noire, la Russie bénéficie d’une récolte abondante et les corridors ukrainiens fonctionnent relativement bien. Les origines mer Noire prennent l’avantage.

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