Un an de pluie, presque sans répit !

Depuis le 18 octobre 2023, une chappe de pluie tombe sur la France. Les cumuls enregistrés durant l’année qui vient de s’écouler dépassent de 40 % la moyenne des 20 dernières années. Dernier évènement en date : la tempête Kirk de début octobre 2024.
tracteur boue

« La France vit son année la plus pluvieuse depuis le début des mesures, alors que 2022 était la deuxième année la plus sèche », postait Serge Zaka, chercheur en agroclimatologie, sur Linkedin le 15 octobre 2024.

Tout a commencé le 18 octobre 2023 : après une arrière-saison estivale particulièrement douce et ensoleillée, la pluie s’est installée durablement en France. A l’échelle du pays, les cumuls de pluies depuis cette date sont supérieurs de 40 % à la moyenne 2003/2022 (cartes 1 et 2). Si les conditions particulièrement humides sont quasiment généralisées, on observe des disparités : « les pluies sont en retrait de 50 % dans les Pyrénées-Orientales, et quasi multipliées par 2 en Charente-Maritime », explique Olivier Deudon, agrométéorologue chez ARVALIS.

Carte 1 : Cumul des pluies (en mm) du 18/10/2023 au 15/10/2024

Carte 1 : Cumul des pluies (en mm) du 18/10/2023 au 15/10/2024
Source des données : ARVALIS - Météo-France - Réseau national agroclimatique INRAE

Carte 2 : Ecart en mm du cumul des pluies par rapport à la moyenne 2003-2022 sur la période du 18 octobre au 15 octobre suivant

Carte 2 : Ecart en mm du cumul des pluies par rapport à la moyenne 2003-2022 sur la période du 18 octobre au 15 octobre suivant
Source des données : ARVALIS - Météo-France - Réseau national agroclimatique INRAE

En région Centre, l’écart est proche de 60 % sur la période. « L’année récente qui se rapproche le plus, en termes de cumul, est 2001 (figure 1) », ajoute Bastien Chopineau, ingénieur régional chez ARVALIS. « Les pluies, parfois sans répit, ont fortement perturbé la conduite des cultures : les écarts les plus importants avec les normales sont enregistrés en octobre-novembre 2023, de mars à juin 2024, et depuis septembre 2024 (figure 2) », précise-t-il.

Figure 1 : Offre climatique observée sur la période du 15 octobre au 14 octobre suivant – Station météo d’Orléans-Bricy (45)

Figure 1 : Offre climatique observée sur la période du 15 octobre au 14 octobre suivant – Station météo d’Orléans-Bricy (45)

Figure 2 : Cumuls mensuels de pluie depuis octobre 2023, comparés à la moyenne 20 ans – Station météo d’Orléans-Bricy (45)

Figure 2 : Cumuls mensuels de pluie depuis octobre 2023, comparés à la moyenne 20 ans – Station météo d’Orléans-Bricy (45)
Source : ARVALIS - Météo-France

« Dans la plaine de Lyon, les cumuls se chiffrent à 1280 mm, contre 830 mm en moyenne 20 ans, soit +54 % (figure 3) », confirme Ophélie Boulanger, ingénieure régionale chez ARVALIS sur la station de Pusignan (69). « Nous n’avons pas connu des cumuls aussi importants depuis 30 ans », indique-t-elle.

Figure 3 : Offre climatique observée sur la période du 18 octobre au 17 octobre suivant – Station météo de Pusignan (69)

Figure 3 : Offre climatique observée sur la période du 18 octobre au 17 octobre suivant – Station météo de Pusignan (69)

C’était sans compter sur la tempête Kirk !

Sur la station ARVALIS de La Jaillière (44), les cumuls de pluies entre octobre 2023 et août 2024 dépassent les 1000 mm (figure 4). « Cela représente un excédent de 43 % par rapport à la normale dans le secteur », explique Alain Dutertre, responsable de la station de recherche. « Et depuis le 1er septembre 2024, nous avons reçu 3 fois plus de pluie que la normale : près de 210 mm en 40 jours, dont 73 mm pour la seule journée du 9 octobre, suite au passage de la tempête Kirk », ajoute-t-il.

Figure 4 : Pluviométrie enregistrée sur la station météo de La Jaillière (44)

Figure 4 : Pluviométrie enregistrée sur la station météo de La Jaillière (44)

Le dispositif expérimental de collecte des eaux de drainage et de ruissellement, mis en place depuis 40 ans sur la station de La Jaillière, a mesuré des débits en sortie de parcelle historiques. « Les débits observés dans les bacs déversoirs* reflètent une situation exceptionnelle pour un mois d’octobre (vidéo) », explique Alain Dutertre.

Voir la vidéo

Ce contexte a des conséquences agronomiques directes sur les chantiers en cours : récoltes des cultures de printemps/été rendues difficiles par les conditions très humides, passage de machines pouvant impacter la structure des sols (tassement…), incertitude quant au calendrier d’implantation des cultures d’hiver…

*Le bac déversoir est un ouvrage calibré pour la mesure des débits d'eau en flux continu. Le débit maximum des ouvrages présents à la Jaillière (déversoir 30°) est de 15,5 l/sec (litres par seconde), soit environ 56 m3 par heure

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.