Phytotoxicités sur céréales : comment les éviter ?
Perspectives Agricoles : Il n’est pas rare de voir les semis de blé tendre et d’orge se décolorer. Quelle en est la raison
Ludovic Bonin : Il s’agit de l’expression d’une phytotoxicité, c’est-à-dire d’une altération passagère de la plante occasionnée par la présence d’une substance active herbicide. Sauf conditions particulières, ces produits ne sont normalement pas toxiques pour les céréales, sauf qu’elles les absorbent quand même. Et en cas de conditions particulières, par exemple de fortes pluies après l’application, la culture absorbe le produit par les racines en grandes quantités et l’herbicide arrive à s’exprimer dans la plante, qui blanchit/jaunit/brunit. Ces symptômes s’observent souvent sur des semis irréguliers ou peu profonds
PA : Les symptômes visuels varient-ils selon les types de produit
L. B. : Oui. Les phytotoxicités les plus visibles sont surtout provoquées par des herbicides appliqués à l’automne, type Défi, Fosburi, Compil, Maténo, Trooper. Leurs substances actives (prosulfocarbe, diflufénicanil, pendiméthaline, aclonifen) sont appliquées, parfois en association, à des stades très jeunes quand les plantules sont fragiles et peu robustes. Le risque est d’associer plusieurs de ces herbicides en un seul passage : il est conseillé de fractionner les applications – en fonction des produits, pour diminuer la charge sur la jeune culture.
Au printemps, les blés sont déjà bien développés et moins fragiles. Pour autant, les herbicides appliqués en sortie d’hiver peuvent provoquer des arrêts de croissance ou de légers tassements, mais ils sont souvent peu marqués. Et peu visibles. Cela ne veut pas forcément dire qu’il n’y a pas d’impact sur la culture – c’est parfois plus insidieux que les phytotoxicités d’automne, très visibles mais peu impactantes.
PA : Faut-il s’inquiéter
L. B. : Dans la grande majorité des cas, il ne faut pas s’inquiéter : les produits à base de diflufénicanil (Fosburi, Compil, Maténo, Constel) provoquent des blanchiments mais ceux-ci s’estompent en trois semaines. Le flufenacet (Mateno, Trooper, Pontos, Fosburi) a un mode d’action plus long et les cultures jaunissent seulement au bout d’un mois environ. Le prosulfocarbe provoque aussi des jaunissements, mais ils s’estompent ensuite.
Arvalis conduit des essais «
PA : Comment ces problèmes peuvent-ils être éviter ?
L. B. : La profondeur du semis est importante : ne pas hésiter à enterrer la graine à 2-3
Les conditions météo après l’application sont importantes
PA : Existe-t-il des variétés plus sensibles aux phytotoxicités ?
L. B. : Tous les agriculteurs ont en tête la sensibilité de leurs variétés au chlortoluron. Pour ce produit, certaines variétés métabolisent moins bien la substance active alors que d’autres résistent et une liste est établie tous les ans. Par contre, dans nos essais, nous n’avons pas observé de sensibilité variétale aux autres produits appliqués à l’automne, qu’ils s’agissent de produits à base de diflufénicanil, de flufenacet ou de prosulfocarbe.
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