Fertilité des sols : de quoi parle-t-on ?
Le sol est un milieu complexe et constitué de particules minérales, de matières organiques, d’eau, d’air et d’organismes vivants. à l’interface entre l’air et la roche mère, il est le siège de nombreux processus.
La fertilité des sols est une notion complexe, qui peut se définir comme l'aptitude d'un sol à soutenir une production agricole sous des conditions climatiques et des systèmes de culture spécifiques.
Texture, profondeur, quantité de cailloux ou calcaire...
La fertilité dépend en partie de paramètres non modifiables, comme la texture (pourcentage d’argiles, de limons, de sable), la profondeur, la quantité de cailloux ou de calcaire. Il est en revanche possible d’agir à plus court terme sur certains paramètres
Connaître son sol
Ainsi, connaître son sol est un préalable afin d’adopter des pratiques adaptées à ses objectifs et son contexte de production. Les trois composantes de la fertilité sont à prendre en compte, avec une attention particulière aux matières organiques du sol, jouant un rôle central sur la fertilité :
- La fertilité physique d'un sol se définit par son état structural, la profondeur d'enracinement potentiel, sa capacité de rétention hydrique et la préservation de sa couche arable. Ces caractéristiques sont cruciales pour fournir aux plantes l'eau, et les nutriments nécessaires, tout en favorisant un développement racinaire optimal.
- La fertilité chimique prend en compte la disponibilité des éléments minéraux (azote, phosphore, potassium, oligo-éléments), le statut acido-basique du sol, ainsi que les niveaux de toxicité aluminique et la présence d'éléments traces métalliques. Les analyses en laboratoire, combinées aux méthodes d’interprétations, permettent de piloter les amendements basiques et organiques, la fertilisation phosphatée et potassique, ainsi que l'intérêt des apports en oligo-éléments en fonction du type de sol et des cultures.
- La fertilité biologique se réfère à la capacité d'un sol à soutenir une activité biologique bénéfique, favorisant le recyclage des nutriments, la transformation des matières organiques, le maintien de sa structure et la régulation des bioagresseurs. Cette composante est étroitement liée à la quantité et à la qualité des matières organiques présentes dans le sol.
Un sol est défini par ses propriétés et sa qualité, qui représente « la capacité d’un type spécifique de sol à fonctionner, à l’intérieur des limites de l’écosystème naturel ou géré, pour soutenir la productivité des plantes et des animaux, maintenir ou améliorer la qualité de l’eau et de l’air, et soutenir la santé humaine et l’habitation » (Karlen, 1997).
La qualité des sols prend donc en compte une approche multifonctionnelle des sols. En plus de ses aptitudes culturales, d’autres fonctions rendues par les sols, comme par exemple le stockage de carbone ou l’infiltration de l’eau sont considérées.
L’évolution de la teneur en matière organique des sols, un pas de temps long
Attendre de nombreuses années
Les principaux leviers pour accroître la teneur en matière organique ne produisent pas d'effets immédiats
Des analyses biologiques en routine
Les analyses de sol ne révèlent pas immédiatement les changements en cours. C’est pourquoi l’utilisation d’indicateurs biologiques (ou bioindicateurs), plus spécifiques de certaines fonctions du sol et plus réactifs au changement de pratiques, sont en plein essor (cf. guide d’interprétation Microbioterre). Plusieurs laboratoires proposent maintenant des analyses biologiques en routine (CelestaLab, Auréa). Le principe est de pouvoir compléter une analyse de terre physico-chimique. L'activité biologique des sols étant fortement influencée par les conditions climatiques et certaines pratiques tout au long de l'année, les conditions de prélèvements seront un peu plus exigeantes afin d’obtenir des résultats interprétables.
Les trois aspects de la fertilité des sols interconnectés
Il est crucial de noter que les trois aspects de la fertilité des sols sont interconnectés. Par exemple, la décomposition microbienne des matières organiques fraîches (paille, couverts restitués) peut temporairement améliorer la stabilité structurale du sol, et inversement un défaut de structure peut limiter l’activité microbienne. Malgré l'accent actuel sur la fertilité biologique, il ne faut pas négliger les autres composantes, car elles sont directement liées aux performances technico-économiques des exploitations agricoles. Ainsi, le suivi du pH, des analyses chimiques et de l'état structural du sol demeurent essentiels pour optimiser la fertilisation en azote, phosphore, potassium, magnésium et oligo-éléments ou le travail du sol.
Autres fonctions du sol
Il est également important de reconnaître que les sols fournissent d'autres services essentiels à l’homme, tels que l’atténuation du changement climatique, contrôle de l’érosion ou maintien de la biodiversité. Les enjeux de la qualité du sol sont donc toujours autant d’actualité. Il n’est plus question seulement d’optimiser les aptitudes culturales, mais également la capacité de ses sols à assurer d’autres fonctions.
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