Ventilation à l’air ambiant : les enseignements de la campagne 2021/2022
Pour refroidir les silos de céréales, et ainsi éviter la prolifération des insectes, la principale technique utilisée est la ventilation à l’air ambiant. Le refroidissement des grains est alors réalisé progressivement, par paliers de température (tableau 1).
ARVALIS a cartographié les potentiels de refroidissement de silos de la campagne 2021/2022 pour chaque palier de ventilation, exprimés en nombre de cellules ventilables, selon l’offre climatique disponible et le débit spécifique des installations de stockage (4, 8, 12 ou 16 m3/h/m3).
Tableau 1 : Caractéristiques des paliers de refroidissement tels qu'ils ont été utilisés dans l'étude
(*) La dose spécifique est la quantité d’air permettant de refroidir 1 m3 de grain (passage d’une température initiale à la température objectif), exprimée en m3 d’air par m3 de grain. Les valeurs de doses spécifiques utilisées pour ce bilan ont été calculées pour du blé tendre à 14 % de teneur en eau et 75 kg/hl de poids spécifique, en utilisant des données d’hygrométrie d’air entrant moyennes mesurées à la station de Boigneville (91) sur la période 2011/2017.
Une fraîcheur propice pour amener le grain sous le seuil de 12°C
Selon Météo France, l’été 2021 a été le plus frais depuis 2014. Cela s’est traduit par une offre climatique plus élevée que la moyenne de la période 1997/2017 pour le premier palier (tableau 2). Pour ce palier, seuls les sites disposant d’un débit spécifique faible (inférieur ou égal à 4) ont pu présenter des difficultés de refroidissement, essentiellement dans le sud de la France.
La fraîcheur s’est installée au mois d’octobre, marqué par de fortes amplitudes thermiques journalières. In fine, ces conditions ont été favorables à la ventilation, puisque l’offre climatique du palier 2 a été supérieure de 10 % à la moyenne 1997/2017, avec un gradient du potentiel de refroidissement orienté du Nord-Ouest vers le Sud-Est. Dans certaines régions, les potentiels de refroidissement pour ce deuxième palier ont été plus élevés que pour les campagnes précédentes. Par exemple, en Beauce, avec un débit spécifique de 8 m3/h/m3, les potentiels de refroidissement de la campagne 2021/2022 ont été de 4 cellules, contre seulement trois pour les campagnes précédentes.
Pour le palier 3, l’offre climatique a été comparable à la moyenne 1997/2017 (tableau 2). Pour ce dernier palier, le gradient des potentiels de refroidissement est orienté Est-Ouest. Avec un débit spécifique de 4 m3/h/m3, il n’a pas été possible d’atteindre 5°C dans les régions de l’ouest et du sud de la France, ainsi que dans les alentours de Paris. Pour certaines localités proches de la mer, cette impossibilité a été valable quel que soit le débit spécifique. Par rapport aux campagnes précédentes, le contraste entre les régions océaniques et continentales tend à s’affirmer. On l’observe surtout pour les débits spécifiques les plus élevées, ici 12 et 16 m3/h/m3.
Tableau 2 : Comparaison des offres climatiques de la campagne 2021/2022 à celles de la campagne précédente et de la moyenne 1997/2017
Figure 1 : Nombres de cellules ventilables successivement pour 3 paliers de refroidissement, pour un débit spécifique de 12 m3/h/m3
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Figure 2 : Nombres de cellules ventilables successivement pour 3 paliers de refroidissement, pour un débit spécifique de 16 m3/h/m3
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Ces cartographies permettent de suivre l’évolution du potentiel de refroidissement des silos. Mais il ne faut pas perdre de vue deux éléments majeurs qui ne sont pas pris en compte dans ces modèles car variables d’un site à l’autre : le réchauffage de l’air par la compression au niveau du ventilateur ainsi que les phénomènes de sous refroidissement engendrés par la ventilation avec de l’air humide. L’un ou l’autre de ces effets peut expliquer la difficulté voire l’impossibilité pour certains sites de réaliser les paliers de refroidissement dans les périodes de référence.
Quelles conséquences sur le développement des insectes ?
La période de mi-juillet à mi-septembre est critique pour le risque insectes : tant que la température des grains stockés n’est pas inférieure à 20°C, les conditions sont favorables au développement des insectes dans les silos. Par exemple, dans un silo à 30°C, une population de charançons du riz peut passer de 1 individu par tonne à 1 individu par kilo en deux mois. Ce n’est qu’une fois la température de 12°C atteinte que les populations d’insectes stagnent. Le troisième palier, en hiver, ne permet pas d’éradiquer les insectes lorsqu’il y en a, mais il permet de réduire leur population et de ralentir le réchauffement du grain au printemps, qui pourrait être source de nouvelles infestations.
Pour en savoir plus et connaître les résultats pour les débits spécifiques de 4 et 8 m3/h/m3, consultez la lettre Stock@ge n°18 de juin 2022.
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