Pomme de terre fécule : un marché maîtrisé pour capter la valeur ajoutée
Autour d’Amiens, la récolte bat son plein. Cependant, les camions ne transportent pas les pommes de terre classiques destinées à la consommation, mais des tubercules dédiés à la production de fécule, lesquels sont acheminés vers l’usine Roquette de Vecquemont (Somme). Ce site est le seul en France à produire de la fécule de pomme de terre.
Un ancrage local fort
La coopérative féculière de Vecquemont, avec ses 12 000 hectares de cultures répartis dans un rayon de 90 km autour de l’usine, assure l'intégralité de l’approvisionnement. « Nos 700 producteurs adhérents, situés principalement en Picardie, dans le Nord-Pas-de-Calais, la Seine-Maritime et l’Eure, cultivent des variétés spécifiques de pommes de terre pour la fécule », explique Camille Deraeve, président de la coopérative. « Après une phase d’expansion entre 2014 et 2017, les surfaces cultivées se sont contractées puis stabilisées à un niveau correspondant à notre marché actuel pour permettre une rémunération attractive pour nos producteurs », précise-t-il.
La recherche de valeur ajoutée est au cœur des préoccupations de la coopérative. « Notre filière est courte, la campagne de production est brève et nous maîtrisons parfaitement le marché. L’objectif est de garantir la meilleure rentabilité possible pour chaque maillon de la chaîne », résume Gwenolé Pasco, responsable des approvisionnements en pommes de terre chez Roquette.
Une culture de diversification rémunératrice
Pour les producteurs, la pomme de terre féculière représente une culture de diversification intéressante. Plus simple à produire que les pommes de terre de consommation, elle offre également des avantages logistiques : la coopérative et Roquette prennent en charge le déterrage, le ramassage et le transport directement depuis le champ, éliminant ainsi la nécessité d’investir dans du matériel coûteux ou d'embaucher. Aussi, 95 % des adhérents n’ont pas recours à l’irrigation.
« Les volumes sont contractualisés, garantissant que chaque tonne livrée est payée, avec un règlement toutes les deux semaines », complète Gwenolé Pasco.
La rémunération des adhérents repose sur un prix de base de 104 €/t à 17 % de richesse féculière, auquel s’ajoutent plusieurs primes : prime de livraison journalière, prime de fidélité, prime de durabilité à l’hectare, ainsi qu’un système de bonus/malus par camion. « Le calcul du rendement final se fait de manière similaire à celui des betteraves sucrières, en tenant compte du rendement brut et de la richesse en fécule. Par exemple, un camion de 25 tonnes à 21 % de densité équivaut à livrer 29,55 tonnes à 17 % », détaille Camille Deraeve.
Un amidon aux débouchés multiples
La fécule native, obtenue après une phase de lavage et broyage des pommes de terre, suivie d’une opération d’extraction et séchage de la fécule, est principalement utilisée dans l’industrie du cartonnage. La fécule native peut ensuite être retravaillée via des procédés plus techniques pour obtenir des amidons modifiés, qui sont recherchés par les industries agroalimentaires, pharmaceutiques et cosmétiques pour diverses applications. La fécule de pomme de terre présente des qualités spécifiques : sa blancheur, son absence d’allergènes et sa capacité de rétention d’eau en font un ingrédient très prisé « Nous travaillons continuellement au développement de nouveaux produits destinés à des applications innovantes, répondant aux besoins de clients du monde entier », explique Ingrid Vanderbec, responsable de communication chez Roquette.
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