Benoît Bougler à Brouchy « Mes pommes de terre souffriront moins de la chaleur et du manque d’eau »
Perspectives Agricoles : Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans ce projet ?
Benoît Bougler : Je connais Mathieu Debonnet, le président de TSE, depuis quinze ans : à cette époque, la société TSE a couvert de panneaux photovoltaïques 6500 m² de toitures sur mon exploitation. C’était déjà un projet démonstrateur : les cellules solaires n’étaient pas aussi performantes et résistantes qu’aujourd’hui, où la technologie est mature. Il fallait tester l’efficience de conversion photovoltaïque et la durabilité des panneaux en conditions agricoles. Aucun investissement ne m’était demandé, et je récupérais une partie de l’énergie produite.
C’est donc avec confiance que j’héberge ce nouveau démonstrateur. Cette fois-ci, je perçois un loyer indexé sur la puissance installée. L’électricité verte est rachetée par une entreprise locale, bioMérieux, à un prix qui restera fixe sur 20
P. A. : Comment est accueilli ce projet dans votre région ? Est-ce qu’il suscite de l’intérêt auprès des autres agriculteurs ?
B. Bougler : Le projet suscite beaucoup d’intérêt, c’est pourquoi j’ai invité plusieurs agriculteurs à l’inauguration du dispositif d’irrigation intégrée, qui a eu lieu en septembre. Technologiquement et environnementalement, c’est un beau projet. Le système d’irrigation «
De mon point de vue, ce projet redore l’image des agriculteurs vis-à-vis du grand public, écornée par les polémiques sur l’usage des phytos, de la ressource en eau, des émissions carbonées, etc. Mon image locale est plutôt bonne car j’ai fait du bio pendant près de dix ans
P. A. : Savez-vous si votre exploitation est à présent stockeuse nette ou émettrice nette de carbone ?
B. Bougler : Je n’ai jamais demandé de bilan carbone de mon exploitation. Pour mes cultures industrielles, je consomme du gaz - notamment, dans l’atelier «
P. A. : Quelles cultures mettrez-vous sous l’ombrière ?
B. Bougler : Cette année, j’ai planté du maïs car le chantier s’est achevé le 15
Au cours des neuf prochaines années, trois cultures différentes seront semées sous l’ombrière, sur environ 1 ha chacune. Sous la canopée, il y aura en priorité des légumes (haricots, petits pois, pomme de terre) car ce sont les cultures de ma rotation qui souffrent le plus de la chaleur et du stress hydrique. Il fait fréquemment 40°C en été, et il est difficile d’irriguer à l’optimum - c’est en pleine nuit
L’année prochaine je ferai des pommes de terre, des haricots verts et du blé tendre. Je mets les mêmes cultures dans le champ à côté, sur 2
(*) Un corporate power purchase agreement, ou CPPA, est un contrat permettant à une entreprise de se fournir en électricité verte à prix fixe durant une période déterminée, en s'approvisionnant directement auprès d’un producteur d'électricité renouvelable.
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