Les Irrigants de France s’impatientent de voir l’agriculture reconnue « d’intérêt général majeur »

Les discussions sur le projet de loi d’orientation pour la souveraineté agricole et le renouvellement des générations en agriculture, à l’arrêt depuis la dissolution de l’Assemblée nationale, doivent reprendre au plus vite, selon Éric Frétillère, président du syndicat des Irrigants de France et agriculteur en Dordogne.
Réserve hydrique servant à l'irrigation des cultures en Charente.

Quelle place occupe l’utilisation de l’eau par l’agriculture dans le projet de loi du Gouvernement ?

Elle occupe une place centrale. D’abord, parce qu’elle est une solution pour répondre aux enjeux du changement climatique. Elle permet de continuer à produire et assurer notre souveraineté alimentaire. Mais les végétaux captent aussi du carbone, attirent la biodiversité et contribuent au cycle de l’eau sur un territoire à travers les phénomènes d’évapotranspiration, et génèrent de la pluie. Au-delà de ça, l’accès à l’eau est au cœur des sujets de transmission. Aujourd’hui, seules les exploitations qui disposent de l’irrigation sont transmises telles qu’elles. Les autres sont soit scindées en plusieurs exploitations, soit rachetées par des exploitations plus grandes. Ce qui va à contre-courant des demandes sociétales en faveur du maintien d’exploitations de petites tailles. Enfin, l’irrigation permet de générer du revenu que les agriculteurs investissent dans la transition agroécologique, par exemple, en diversifiant leurs exploitations ou en achetant du matériel plus performant. Si on ne sécurise pas l’accès à l’eau, pourquoi pas en réutilisant l’eau de l’industrie d’ailleurs, on n'aura plus les moyens de continuer à investir.

  • Éric Frétillère, président du syndicat des irrigants de France et agriculteur en Dordogne.
    "Aujourd’hui, seules les exploitations qui disposent de l’irrigation sont transmises telles qu’elles", Éric Frétillère, président du syndicat des irrigants de France et agriculteur en Dordogne.

Comment ce projet de loi peut aider le secteur agricole à sécuriser un accès à l’eau ?  

Il faut d’abord préciser que c’est un sujet qui doit être traité localement, car les situations diffèrent d’un bassin à l’autre. Toutefois, notre principale demande est de reconnaître l’agriculture comme d’intérêt général majeur pour la France, au même titre que l’environnement. Ni devant, ni après. Ce que l’on demande, c’est de revoir la proportionnalité des études d’impact afin que tous les paramètres soient pris en compte. Quels sont les impacts des projets de stockage ou de prélèvement de l’eau sur la biodiversité, sur les cours d’eau, les nappes phréatiques mais aussi sur la capacité des territoires à produire des denrées agricoles, sur la pérennité des exploitations agricoles et de l’emploi qu’elles génèrent ? Tous ces éléments doivent être pris en compte – et simplifier- pour faire pencher la balance d’un côté ou de l’autre. L’enjeu est aussi de poser un cadre clair qui limite les possibilités de faire traîner la validation des projets. Pourquoi aujourd’hui des projets de territoires pour la gestion de l’eau qui ont été acceptés peuvent-ils être attaqués ? On a des agriculteurs qui attendent que leur projet soit validé depuis vingt ans… Ce n’est pas normal !

Quel scénario imaginez-vous pour la suite des discussions ?

Nous sommes actuellement dans une grande incertitude et espérons que les travaux pourront reprendre rapidement, là où ils en étaient. Quelle que soit la composition du futur gouvernement, il faut comprendre que la gestion territoriale de l’eau ne peut pas se faire sans le monde agricole. Nous demandons à être écouté. L’hiver dernier, les agriculteurs se sont largement mobilisés pour se faire entendre. Ils sont prêts à revenir dans la rue s’ils ont le sentiment de ne pas avoir été entendus.

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