Une foule diversifiée d’ennemis naturels pour les pucerons
Champignons entomopathogènes : une lutte à l’échelle microscopique
Les auxiliaires contribuant à réguler les pucerons peuvent être des micro-organismes, comme par exemple les entomophtorales. Ces champignons pathogènes appartiennent à six familles différentes. Une dizaine d’espèces est présente en France.
A partir du cadavre d’un insecte, le champignon se développe quand l’humidité ambiante est d’environ 95 % et ce pendant plusieurs heures. Puis il se propage aux alentours. Lorsqu’un autre insecte est atteint et que les conditions d’humidité sont favorables, le champignon se développe sur ce nouvel hôte. Le puceron meurt après quatre jours environ (à 20°C). Le climat est donc un facteur essentiel dans le développement de cet ennemi naturel.
Leur action se repère facilement en parcelle via la présence de pucerons mycosés c’est-à-dire de pucerons touchés par le champignon, avec possible présence de mycélium. Le changement de couleur et d’aspect permet de les reconnaître.
Les arthropodes parasitoïdes permettent une régulation très efficace des pullulations de pucerons
Les ennemis naturels des pucerons peuvent également être des arthropodes parasitoïdes. L’adulte pond sur, ou à l’intérieur, de l’hôte (ici, le puceron). La larve se développe à l’intérieur au détriment de l’hôte et finit par le tuer. Une fois adulte, l’auxiliaire émerge pour aller pondre dans de nouvelles victimes.
Les arthropodes les plus connus, et les plus nombreux, de ce groupe sont les hyménoptères parasitoïdes (photo). Ils peuvent être plus ou moins spécialisés dans le parasitisme d’une certaine gamme d’hôtes : certains ne parasitent qu’une seule espèce de pucerons par exemple. Leur présence est étroitement liée à celle des hôtes.
Les hyménoptères parasitoïdes pondent leurs œufs sur ou dans un hôte.
Les hyménoptères parasitoïdes sont actifs principalement au printemps et à l’été, mais certaines espèces sont présentes toute l’année. Leur grande fécondité et leur cycle court leur permettent d’adapter leur activité lorsque les hôtes se multiplient. Ainsi, ils font partie des ennemis naturels des pucerons les plus efficaces. Le taux de parasitisme peut atteindre 99 % lorsqu’une population de ravageurs est très développée, ce qui entraîne au bout de quelques jours sa disparition.
La présence d’hyménoptères parasitoïdes se détecte en parcelle grâce à l’observation de pucerons momifiés (photo). Ce sont des pucerons dans lesquels se trouve une larve du parasitoïde, ou duquel un adulte a déjà émergé.
Les pucerons momifiés sont un indice d’une régulation naturelle du ravageur par des auxiliaires de culture parasitoïdes (© V. Tosser).
Les insectes prédateurs spécialistes : un régime alimentaire ciblé
La présence des insectes prédateurs spécialistes des pucerons dépend, comme c’est le cas pour les hyménoptères parasitoïdes, de la présence du ravageur. Ces auxiliaires ont un potentiel de régulation plutôt élevé.
Syrphes : des adultes pollinisateurs et des larves entomophages
C’est par exemple le cas des syrphes (photo). Ces diptères, qui comptent environ 500 espèces en France, souvent mimétiques d’abeilles ou de guêpes, se nourrissent de pollen et nectar au stade adulte. Ils prospectent dans les parcelles et pondent à proximité des colonies de pucerons. Une femelle peut pondre jusqu’à 4 500 œufs.
Prenez garde à son allure trompeuse ! Ceci n’est pas une guêpe mais bien un syrphe (© V. Tosser).
Leurs larves, quant à elles, peuvent être aphidiphages : 40 % des espèces de syrphes ont des larves spécialistes de pucerons. Elles n’ont pas de pattes, peuvent mesurer jusqu’à 1,5 cm et sont surtout actives la nuit. Au cours de leur développement, qui dure une dizaine de jours, elles consomment entre 400 et 700 pucerons.
Près de la moitié des larves de syrphes ont un régime alimentaire basé sur la consommation de pucerons (© V. Tosser).
L’activité la plus intense des syrphes a lieu de mai à octobre, mais certaines espèces peuvent être présentes de manière plus précoce ou plus tardive dans l’année.
Larves ou adultes, les coccinelles chassent les pucerons
Les coccinelles sont, elles aussi, de redoutables prédatrices de pucerons, que ce soit au stade larvaire (entre 100 et 2000 pucerons consommés au cours du développement) ou adulte (9000 pucerons consommés) (photos). Environ 130 espèces sont présentes en France, dont certaines sont rencontrées très fréquemment en parcelles agricoles. Elles sont actives de mai à septembre, de manière optimale lorsque la température est comprise entre 20 et 25°C. La femelle pond ses œufs, en grappe, à proximité des proies.
Les larves de coccinelles attaquent entre 100 et 2000 pucerons au cours de leur développement (© V. Tosser).
Le régime alimentaire des coccinelles adultes est principalement composé de pucerons. Les adultes consomment également parfois du nectar et du pollen (© V. Tosser).
Les insectes prédateurs généralistes permettent une régulation de fond
Le carabe consomme trois fois son poids
Les ennemis naturels peuvent également être des insectes prédateurs généralistes, et consommer notamment des pucerons. C’est par exemple le cas des carabes, auxiliaires bien connus !
S’ils sont a priori moins efficaces contre les pucerons que les organismes cités précédemment, du fait de leur régime alimentaire plus varié, ils opèrent très certainement une régulation de fond, plus tôt et plus tard dans l’année que les auxiliaires spécialistes, ce qui permet d’espacer les pics de pullulation. Leur action est par ailleurs complémentaire de celle des spécialistes.
Les larves de carabes vivent dans le sol et sont en très grande partie carnivores. Les adultes, quant à eux, se déplacent à la surface du sol et peuvent pour certains grimper sur la végétation. Ils peuvent être omnivores, majoritairement zoophages ou phytophages comme c’est le cas pour le zabre.
Les carabes peuvent ingérer jusqu’à trois fois leur poids par jour, la taille de la proie étant généralement corrélée à celle du prédateur. Ils sont actifs quasiment toute l’année, mais souvent plus nombreux et plus diversifiés au printemps.
L’atout des arachnides, la diversité de leurs modes de vie
Les araignées sont des prédatrices généralistes qui s’attaquent notamment aux pucerons. Elles seront donc, comme les carabes, efficaces au moment de la colonisation des ravageurs, et beaucoup moins une fois que les populations se développent.
Les femelles pondent de 100 à plusieurs milliers d’œufs. Les adultes, qui vivent 1 à 2 ans, s’attaquent à leurs proies de différentes manières. Elles peuvent bien sûr tisser des toiles dans laquelle les proies se retrouvent prisonnières et sont ensuite consommées par les araignées. Elles peuvent également directement les chasser.
De nombreuses espèces sont présentes en parcelles agricoles. Leurs modes de vie très variés en fait un groupe très complémentaire : certaines sont présentes au sol et d’autres dans la végétation, certaines sont actives le jour et d’autres la nuit, certaines tôt dans l’année et d’autres plus tardivement…
Piéger ses proies dans une toile est une des méthodes employées par les araignées (© V. Tosser).
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