De nouvelles mesures pour limiter les dégâts de sangliers

Les surfaces agricoles abimées par le grand gibier peinent à diminuer. Les causes sont diverses et difficiles à résoudre. Pour être indemnisé rapidement et limiter les dégâts, il importe d’avertir rapidement la fédération des chasseurs de son département.
L’aire vitale du sanglier varie entre 100 et 1000 ha.

L’aire vitale du sanglier varie entre 100 et 1000 ha.

C’est la bête noire des agriculteurs et des chasseurs, au propre comme au figuré. Le sanglier occasionne des dégâts toujours aussi importants aux cultures agricoles. Sur la campagne 2022-2023, la facture globale des dégâts de gibier acquittée par les fédérations départementales des chasseurs a dépassé les 90 millions d’euros. C’était 100 millions d’euros en 2021-2022. Des sommes qui accablent les chasseurs, tenus d’indemniser les agriculteurs pour les pertes de récolte. « La tendance est à la baisse grâce à une pression importante exercée sur l’espèce, hélas en 2024 à cause des conditions météorologiques particulières en période de semis et de récoltes, il semble qu’on ait une reprise des dégâts », déplore Matthieu Salvaudon, directeur « dégâts » à la Fédération Nationale des Chasseurs (FNC).

Patrice Jung, AS CEFIGAM : « Plus la déclaration est faite rapidement, plus l’expertise est rapide et plus on peut ressemer vite. »

Quand faut-il signaler des dégâts de gibier ? Dès l’observation des premières fouilles : « plus tôt la demande d’indemnisation est effectuée auprès de la fédération départementale de chasseurs, mieux c’est, quitte à refaire une notification si les dégâts progressent » recommande Patrice Jung, responsable du service conseil à AS Cefigam, à Verdun (55). Cela permet de rapidement faire confirmer la cause du dommage et d’enclencher des systèmes de prévention.

Le seuil minimal d’indemnisation pour l’ouverture d’un dossier est fixé à 150 euros par an. « Lorsque des sangliers retournent une culture récemment semée, en particulier les maïs, il est important d’agir vite pour ressemer », explique Patrice Jung. « Plus la déclaration est faite rapidement, plus l’expertise est rapide et plus on peut ressemer vite, en évitant les problèmes liés au décalage de cycles. Ressemer vite permet aussi de ne pas pénaliser le rendement final. Les agriculteurs qui souscrivent une assurance récolte n’ont vraiment pas intérêt à attendre : s’ils laissent les dégâts en l’état, leur moyenne olympique baisse, tout comme le seuil de déclenchement de l’assurance en cas d’aléa climatique. C’est la double peine. Lorsque les dégâts ont lieu peu de temps après le semis, il est facile pour un expert d’évaluer précisément leur étendue. C’est plus difficile lorsqu’il s’agit de colza ou de maïs abîmés à des stades développés et que les dégâts sont au milieu d’une parcelle de plusieurs dizaines d’hectares. Dans ces situations, on peut voir des exploitants agricoles qui s’équipent de matériel, type drone, et cela change la donne. Il est important qu’une deuxième visite ait lieu juste avant la récolte, pour quantifier les pertes de rendement ».

En savoir plus : www.cefigam.com

Les sangliers ne vont plus en forêt

En vingt ans, les montants à verser ont été multiplié par quatre, et la facture grève lourdement les comptes des fédérations départementales des chasseurs. Érosion continue du nombre de chasseurs (-2 % par an), flambée des prix des cultures indemnisées et progression du nombre de sangliers : les causes de cette hausse sont multiples. « Le nombre d’animaux tués a atteint 863 000 la saison passée, ce qui est un record », observe Matthieu Salvaudon.

Les sangliers prolifèrent à la faveur du changement climatique et de l’aménagement du territoire :  les mortalités hivernales de marcassins sont plus faibles, les laies mettent bas trois fois en deux ans et près d’un tiers de la surface n’est pas chassable, notamment car imbriquée en zones urbaines. En plaine, l’augmentation de la taille des parcelles et la généralisation des couverts accentue le problème. « Les sangliers peuvent passer 10 mois sur 12 dans les parcelles. Ils ne vont plus en forêt, sont plus difficilement détectables et les dégâts sont parfois considérables, surtout si la parcelle est grande », explique Matthieu Salvaudon. Au regard de cette dynamique multifactorielle, les chasseurs réclament une réforme de l’indemnisation, jusqu’ici sans succès.

Tous les dégâts ne sont pas indemnisés

Si les dégâts de cervidés ou de sangliers sur les cultures donnent lieu à l’ouverture d’une procédure d’indemnisation de la part des chasseurs, il n’en est rien pour les dégâts de petits gibiers, lapins de garenne et pigeons compris. Et pas davantage pour des dégâts provoqués par des animaux protégés, comme les cygnes ou les grues cendrées. Pour le petit gibier, le mieux est de se rapprocher du propriétaire de la parcelle d’où proviennent les animaux, pour trouver une solution amiable. Car s’il est possible de porter l’affaire en justice, il faut pouvoir prouver une négligence du propriétaire et une prolifération anormale du gibier, détails toujours difficiles à établir.

Déranger les animaux

Pour améliorer les choses, l’État, la FNC et les représentants du monde agricole ont signé un accord en 2023 dont l’objectif affiché est de diminuer les surfaces de dégâts de 20 à 30 %, en s’appuyant sur une boite à outil, modulable selon les départements. La première mesure allonge la période de chasse jusqu’en avril et mai. « La chasse est autorisée durant les semis des cultures de printemps et autour des parcelles qui viennent d’être semées. En 2024, quelques milliers de prélèvements ont ainsi été réalisés dans une vingtaine de départements. En 2025, cette pratique va se multiplier », explique Matthieu Salvaudon.

Cette pratique n’est autorisée que dans les départements ou des demandes ont été effectuées. Autre mesure phare : la possibilité de chasser durant les récoltes et aux abords de parcelles en cours de moisson. « L’espoir est de déranger les animaux et de les dissuader de revenir dans les zones cultivées ». Les chasses d’été et de printemps devraient se généraliser.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.