Semer de l’orge de printemps à la fin de l’hiver est-il une évidence ?
Perspectives Agricoles : Pourquoi est-il intéressant d’implanter de l’orge de printemps ?
Luc Pelcé : Les surfaces semées en sortie d’hiver varient souvent en fonction de la réussite ou non des cultures d’hiver, d’où une production en dents de scie. Pourtant, l’orge de printemps présente des atouts certains. Elle casse le cycle des adventices liées aux cultures d’hiver et est moins consommatrice d’intrants que les orges d’hiver. Son intérêt économique varie selon les années, et les prix de vente bien sûr, mais elle bénéficie de charges de production plus faibles que celles des autres céréales à paille. Il y a, ces derniers temps, un regain d’intérêt pour cette culture face aux difficultés rencontrées par les orges d’hiver brassicoles, sensibles à la jaunisse nanisante, et du fait des contraintes de désherbage à l’automne. En ce début d’année 2022, l’orge de printemps bénéficie d’un contexte de prix favorable soutenu par les exportations vers les pays-tiers, en particulier vers la Chine.
P. A. : Comment réussir la mise en place de la culture ?
L. P. : L’orge de printemps est la céréale à paille la plus sensible aux conditions de semis. Il faut limiter le nombre de passages pour éviter les tassements, privilégier un travail du sol superficiel et obtenir de la terre fine. Semer sur un sol gelé est un atout quand la situation se présente. Dans tous les cas, un très bon ressuyage du sol est indispensable : décaler le semis est toujours préférable si les conditions ne sont pas propices à un bon contact graine-sol. La densité de semis est un autre point de vigilance. Comme l’orge de printemps a un cycle court, plus le semis est tardif, plus il faut semer dense pour obtenir au moins 800 épis/m2. Le créneau idéal de semis se situe entre mi-février et mi-mars dans la majorité des secteurs où elle est cultivée. L’orge de printemps est particulièrement sensible aux à-coups climatiques comme la sécheresse en cours de montaison et l’échaudage de fin de cycle. Une bonne implantation est synonyme de robustesse et d’une bonne valorisation des apports d’azote.
P. A. : Dans le contexte actuel, faut-il modifier les apports azotés ?
L. P. : Malgré la flambée des prix de l’azote, et afin de préserver les rendements et les teneurs en protéines, des leviers restent prioritaires avant d’envisager des réductions de dose. Le premier repose sur le calcul précis des doses d’azote prévisionnelles. Ce calcul, par la méthode du bilan, doit être adapté au contexte de l’année et au reliquat de sortie d'hiver - qu’il convient de mesurer - pour limiter les apports au strict nécessaire. Le fractionnement des apports est également un levier d’intérêt. Même en situation sèche, la stratégie de fertilisation la plus robuste sur l'orge de printemps est d’apporter un tiers de la dose totale au semis, puis deux-tiers entre le tallage et le stade « épi 1 cm ». Un apport massif au semis expose l’orge a une faim azotée en fin de cycle. Plus qu’à un stade précis, l’apport en végétation doit être raisonné selon les pluies et l’état de nutrition des plantes. La méthode HNT Extra développée avec Yara est une bonne solution pour revoir la dose d’azote selon le potentiel de l’année. Des gains de rendement, de 6 q/ha en moyenne, sont à la clé dans les situations où un 3e apport est nécessaire. Attention, il faut prévoir une bande sur-fertilisée dès l’apport d’azote au semis car le diagnostic, à réaliser autour du stade « 1 nœud » avec la pince N-tester, nécessite une valeur étalon.
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