Protection du maïs contre les sangliers : des perspectives intéressantes avec certains répulsifs

Les sangliers occasionnent chaque année d’importants dégâts en cultures. Le maïs est particulièrement concerné. Arvalis et ses partenaires ont évalué en 2020 l’efficacité de différentes solutions répulsives pour le protéger, avec des résultats encourageants.
Conduite du maïs: éviter les dégâts de sangliers

Face à l’augmentation régulière des attaques de sangliers, les agriculteurs ont recours à différentes solutions, comme l’a montré l’enquête d’Arvalis conduite à l’automne 2019(1). Cependant, aucune ne s’est révélée satisfaisante à ce jour. Dans ce contexte, beaucoup d’agriculteurs concernés par des dégâts de sangliers mettent en œuvre des barrières physiques ou des clôtures électriques pour protéger leurs parcelles (encadré). Ces solutions ont toutefois des limites, liées à la taille de la parcelle, à l’entretien ou au coût qu’elles représentent.

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Quatre méthodes répulsives testées en 2020

procédés susceptibles d’avoir un effet répulsif

Arvalis(2) a comparé différents procédés susceptibles d’avoir un effet répulsif. Ils ont été mis en œuvre au moment des semis de maïs :

un produit répulsif gustatif à base de piment, appliqué en traitement de semences (produit de la gamme PNF, non homologué pour la protection phytopharmaceutique des cultures),

un produit répulsif olfactif, appliqué via des diffuseurs positionnés en bordure de champ (Hukinol, produit non homologué pour la protection phytopharmaceutique des cultures),

un équipement répulsif sonore, grâce à l’émission régulière d’ultrasons (Doxmand VR8),

un engrais organique aux propriétés répulsives olfactives, appliqué en plein avant semis (Terragral Evolution).

Les trois premiers ont été évalués dans le Sud-Ouest tandis que l’engrais organique a été expérimenté en Alsace. Les modalités PNF et Terragral ont été mises en œuvre par l’agriculteur et par Arvalis pour Hukinol et Doxmand VR8. De 5 à 20 parcelles étaient observées, selon les modalités.

Les notations de dégâts ont été réalisées à plusieurs dates en début de cycle de développement de la culture, dans les parcelles d’essais mais aussi dans des parcelles témoins, situées à proximité et comparables sur le plan de la conduite culturale (notamment de la date de semis) et de l’environnement (avec a priori le même risque d’être fréquentées par les sangliers). Néanmoins, toutes les parcelles testées n’ont pas pu avoir de témoin associé.
 

Au semis, les répulsifs olfactifs seraient plus efficaces

L’analyse des résultats (tableau 1) requiert beaucoup de précautions car il s’agit d’un dispositif expérimental assez fragile : l’hétérogénéité des attaques de sangliers à l’échelle d’un territoire et l’influence potentielle d’autres facteurs, notamment environnementaux, sont difficiles à contrôler. De plus, il s’agit de premiers résultats acquis dans le contexte climatique de l’année 2020.

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Sur les vingt parcelles protégées à l’aide du répulsif gustatif PNF, la moitié a été attaquée, huit d’entre elles se situant à proximité de parcelles témoins non attaquées. Sur les dix parcelles traitées avec PNF et non attaquées par les sangliers, seules deux parcelles se situaient à proximité d’une parcelle témoin ayant subi des attaques ; sept autres se situaient à proximité de parcelles témoin non attaquées. La dernière parcelle suivie ne comportant pas de situation témoin proche, cela fait huit situations ne permettant pas réellement de conclure sur l’intérêt de cette protection.

Le répulsif sonore à ultrasons Doxmand VR8 a été installé sur six parcelles, dont quatre ont fait l’objet d’attaques de sangliers. Concernant les parcelles non attaquées, pour l’une il n’y avait pas de témoin, et pour l’autre, la parcelle témoin été dépourvue d’attaque - deux situations non conclusives.

Le répulsif olfactif Hukinol a été testé sur cinq parcelles. Deux ont été attaquées, mais les trois parcelles restées indemne étaient proches de témoins ayant subi des dégâts de sangliers.

Enfin, parmi les onze parcelles ayant reçu l’engrais aux propriétés répulsives olfactives Terragral Evolution, deux ont été attaquées (sans parcelle témoin à proximité). Sur les neuf parcelles sans attaque, trois étaient situées à proximité d’une parcelle témoin attaquée.

En résumé, malgré un nombre de situations conclusives assez limité, la proportion de parcelles attaquées en début de cycle de la culture de maïs est plus faible pour les modalités traitées avec le produit répulsif olfactif Hukinol ou l’engrais Terragral Evolution - et avec des intensités d’attaques en moyenne plus faibles. En revanche, cette première étude ne permet pas de mettre en évidence l’intérêt technique de produits de la gamme PNF appliqués en traitement de semence ni de l’équipement répulsif sonore à ultrasons en évaluation.

En fin de cycle, les répulsifs olfactifs et gustatifs semblent plutôt efficaces

Le répulsif sonore à ultrasons Doxmand VR8 et le répulsif olfactif Hukinol

Afin de multiplier les références, de nouveaux dispositifs expérimentaux ont été mis en place dans le Sud-Ouest lorsque le maïs était au stade « grains laiteux ». Le répulsif sonore à ultrasons Doxmand VR8 et le répulsif olfactif Hukinol y ont été à nouveau testés dans les mêmes conditions qu’au semis. L’application de Tabasco sur le rang de bordure du maïs (produit non homologué pour la protection phytopharmaceutique des cultures) a complété les modalités d’essais. Les attaques de sangliers ont été suivies dans les parcelles ayant bénéficié d’une des trois modalités, ainsi que dans d’autres parcelles environnantes mais dépourvues de protection.

Parmi les huit parcelles protégées à l’aide du produit Hukinol, sept n’ont pas été attaquées. Sur ces sept parcelles indemnes, quatre étaient situées à proximité de parcelles non protégées et ayant subi des attaques ; les trois autres parcelles étaient des maïs isolés (donc plus susceptibles de tenter des sangliers) et avec des sangliers dans les parages. Sur la seule parcelle protégée avec Hukinol ayant subie des attaques, les dégâts y étaient moindres que dans la parcelle environnante non protégée. Ce répulsif olfactif semble donc globalement protecteur vis-à-vis des sangliers, tant en début qu’en fin de cycle du maïs.
Les cinq parcelles ayant reçu la modalité Tabasco n’ont pas été attaquées. Pourtant trois de ces parcelles se situaient à proximité de parcelles témoin attaquées, ce qui semble indiquer un effet répulsif. Les deux autres parcelles étaient dans un environnement sans attaque.

L’intérêt répulsif de ces solutions (y compris de l’engrais Terragral Evolution pour le début de cycle) doit être confirmé par d’autres études.

Le dispositif à ultrasons Doxmand VR8 n’a pas limité les dégâts de sangliers pour trois des cinq parcelles suivies en fin de cycle du maïs. Et les deux parcelles non attaquées se situaient dans un environnement également sans attaque. Que ce soit en début ou en fin de cycle du maïs, son effet ne s’est pas manifesté.

(1) Les résultats de cette enquête ont été présentés dans l’article « Protection contre les dégâts de sanglier : aucune solution n’est actuellement satisfaisante » de Perspectives Agricoles n°475, mars 2020.

(2) Ces résultats 2020 ont été acquis par Arvalis dans le cadre du programme d’actions techniques « Semences » de la FNPSMS, grâce à la contribution des syndicats de producteurs de semences de maïs des Pays de l’Adour, Armagnac-Bigorre et Guyenne-Gascogne, à l’aide précieuse d’agriculteurs du Sud-Ouest et d’Alsace, et à la collaboration du négoce agricole Walch de Burnhaupt-le-Bas (68520).

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