Pois et féverole de printemps : semer au moment opportun
Semer tôt assure t-il vraiment la réussite de la culture ? Des résultats d’enquêtes menées auprès de producteurs de pois en 2017 et en 2020 montrent un net avantage de rendement pour des semis précoces, en février, par rapport à une période plus tardive (mars ou avril) , notamment dans le nord-est de la France (figure 1). Le constat est le même dans une enquête menée en 2018 auprès de producteurs de féverole : les meilleurs rendements ont été atteints pour des semis précoces début mars.
Des semis précoces si le sol est bien ressuyé
Il faut donc semer le plus tôt possible, dès le début de la plage préconisée. Cependant, il est impératif que le sol soit bien ressuyé, surtout après une période très pluvieuse. Il vaut mieux dans ce cas retarder le semis de quelques jours plutôt que de prendre le risque de mal implanter la culture. Cela était bien visible dans l’enquête de 2018. Les semis de féverole entre le 20-25 mars et début avril, après une période assez humide en mars, ont conduit à des rendements plus faibles que ceux obtenus tout début mars, avant la période de pluie, ou pour des semis réalisés après le 7 avril, dans des sols redevenus plus secs.
Des essais de dates de semis menés en 2021 par Terres Inovia dans le cadre de projets régionaux en Nouvelle-Aquitaine ou du programme Cap Protéines (le volet recherche, développement et innovation du Plan Protéines coordonné par Terres Inovia et l’Institut de l’élevage) en pois de printemps vont dans le même sens. Ainsi, en Moselle, un essai en bandes a permis de comparer deux variétés (Kaméléon et Karpate) semées à 3 dates de semis (25 février, 10 mars et 25 mars). Il en ressort un écart de rendement conséquent (44 q/ha contre 38 q/ha en moyenne), soit plus de 8 q/ha entre la première date et la troisième et 5 q/ha entre la première et la deuxième. Des estimations de composantes de rendement montrent un gain de deux étages de gousses et d’un tiers de graines par plante pour la première date par rapport à la troisième.
Cet essai confirme l’intérêt d’un semis précoce en pois de printemps dans l’Est, déjà démontré en 2020, à l’aide de simulations sur la station de Frignicourt dans le Grand Est. En effet, un semis précoce de pois de printemps le 20 février permet en théorie de réduire de moitié le risque de stress hydrique par rapport à un semis le 25 mars et de diminuer de 8 % le nombre de jours chauds (températures maximales > 25°C).
Des essais de dates de semis ont également été mis en place dans d’autres régions (Nouvelle-Aquitaine pour le pois ou Hauts de France pour la féverole) mais les données ne sont pas encore toutes disponibles ou analysées. Ces essais seront reconduits en 2022. Une synthèse globale précisera les dates de semis optimales dans ces régions.
Conditions de semis préconisées
Le pois de printemps peut être cultivé dans toute la France. Son semis, de mi-décembre dans le sud à fin mars dans le nord, nécessite un sol bien ressuyé et réchauffé et une réserve hydrique correcte. En vue de semer tôt, il est possible de le semer sur sol gelé. La graine germera après le retour de températures favorables. Toutefois, la levée risque d’être lente et hétérogène. En revanche, si des gelées sont annoncées dans les 3-4 jours qui suivent le semis, cela peut provoquer des dégâts lors de l’imbibition des graines. Il est donc préférable d’attendre le retour de conditions plus favorables (températures de sol positives dans la semaine qui suit le semis).
Il est également recommandé de semer à 3-4 cm de profondeur et de respecter les densités préconisées, soit 70-80 grains/m² en sol limoneux, 90 grains/m² en sol caillouteux et 105 grains/m² en sol de craie. Rappelons que semer trop dense entraîne le développement d’un couvert dense qui favorise les attaques de maladies aériennes et la verse. L’écartement entre les rangs peut aller de 12 à 35 cm en fonction du type de semoir.
La féverole de printemps, cultivée principalement en France dans un bon tiers nord, se sème du 1er janvier dans le sud du pays au 15 mars dans le nord. Semer tôt est envisageable, y compris sur sol gelé superficiellement, à condition d’arriver à bien enfouir la graine. Pour les semis précoces de début février, il faut semer à 6-7 cm de profondeur pour limiter le risque de gel au cours de la germination. À partir du 20 février, un semis à 5 cm de profondeur suffit. Cela permet d’échapper en partie aux dégâts d’oiseaux et d’assurer une bonne sélectivité des herbicides de prélevée. Les semis précoces atteignent en général des rendements assez élevés.
La densité de semis de la féverole de printemps oscille entre 40-45 graines/m² en limons et 45-50 graines/m² en sols argileux ou caillouteux. Il est possible de réduire cette densité de 5 graines/m² avec un semoir monograine. Dans les situations à fort risque d’enherbement, les semis peu écartés sont à privilégier, sauf si l’exploitation est équipée d’une bineuse.
Pour assurer une levée homogène, il est conseillé de semer lentement, quel que soit le semoir utilisé. Les risques de bouchage des tuyaux pour les semoirs à transport pneumatique sont ainsi limités. La pénétration des éléments semeurs est facilitée et la profondeur de semis plus régulière.
Enfin, en pois comme en féverole, des graines cassées affectent la qualité de germination. Lors de semis avec un semoir mécanique, un équipement avec distribution pour des grosses graines est indispensable.
Véronique Biarnes - v.biarnes@terresinovia.fr
Bastien Remurier - b.remurier@terresinovia.fr
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