Maladies foliaires et traitement de semences des orges: qu’en penser ?

Toujours préconisé en association avec un partenaire, tel que Premis 25FS, Systiva est positionné dans la lutte contre les maladies de la semence [Microdochium (M. nivale, M. majus), helminthosporiose (Helminthosporium gramineum), charbon nu (Ustilago nuda)] et revendique aussi une protection contre certaines maladies foliaires [rhynchosporiose (Rhynchosporium commune), rouille naine (Puccinia hordei), et oïdium (Blumeria graminis)].

Pas plus d'un SDHI par an sur orge, traitement de semences compris

Rappelons que depuis 2014 la présence de souches d’helminthosporiose résistantes aux SDHI s’est considérablement généralisée pour atteindre une fréquence très élevée et fortement préoccupante. Afin de ralentir au maximum la perte d’efficacité de l’ensemble des SDHI, l’INRAE, l’ANSES et ARVALIS recommandent vivement, dans leur note commune 2021, de ne jamais utiliser sur orge plus d’une seule fois par saison un fongicide à base de SDHI et de toujours l’associer avec des fongicides présentant d’autres modes d’actions restés efficaces sur helminthosporiose. L’enjeu est fort aussi de préserver dans la durée l’efficacité des autres modes d’action associés aux SDHI contre les maladies foliaires en veillant toujours à les alterner.

Choisir dès le semis de lutter contre les maladies foliaires avec un traitement de semences à base de SDHI implique donc de renoncer à toute autre application de fongicide de cette famille jusqu’à la récolte.

Aviser en saison plutôt que de systématiser une protection au semis

Le plus sûr moyen de ne pas accélérer la sélection des souches résistantes et de préserver l’efficacité des produits fongicides disponibles reste d’en limiter l’usage aux situations où ils sont strictement nécessaires pour éviter les pertes de revenu. Chacun sait que la pression exercée par le développement des maladies varie fortement entre années, sous forte influence du climat printanier. C’est pourquoi nous préférons préconiser l’emploi des outils d’aide à la décision qui ont fait leurs preuves, comme PREVI-LIS ou XARVIO, à une décision de traitement systématique très tôt en saison. En s’appuyant sur le climat de l’année en cours, ces OAD permettent de s’y adapter sans risque et en temps réel et d’identifier les situations où l’économie d’un traitement est possible et celles où il est devenu nécessaire au rendement.

Systiva dans les essais 2021 : les premiers résultats

Dans les conditions de la campagne 2020/21, les premiers résultats montrent une efficacité intéressante d’une protection Systiva contre la rhynchosporiose de l’orge (figure 1). En orge de printemps semée à l’automne, l’évolution de la maladie est bien limitée sur l’ensemble des feuilles avec l’association Systiva + Premis 25FS. Toutefois, ces résultats restent à relativiser vis-à-vis de l’autre maladie importante de l’orge, l’helminthosporiose. Sur cette maladie, cette association devient nettement moins intéressante : l’helminthosporiose s’est développée davantage en présence de cette protection à base de SDHI que sur le témoin (figure 2). Le champignon pourrait notamment avoir bénéficié de la moindre compétition avec la rhynchosporiose.

Figure 1 : Evolution du pourcentage de surface des feuilles de rang F4, F3 et F2 atteint par des symptômes de rhynchosporiose (Rhynchosporium commune), en fonction du traitement de semences reçu et en l’absence d’autre protection foliaire

Source : Essais ARVALIS sur orge de printemps de variété RGT PLANET semée à l’automne 2020 à Binas (41) et au Subdray (18).

Figure 2 : Evolution du pourcentage de surface des feuilles de rang F4, F3 et F2 atteint par des symptômes d’helminthosporiose (Pyrenophora teres) en fonction du traitement de semences reçu et en l’absence d’autre protection foliaire sur deux essais

Source : Essais ARVALIS sur orge de printemps de variété RGT PLANET semée à l’automne 2020 à Binas (41) et au Subdray (18).

Dans une autre situation, en présence de rouille naine, l’association Systiva + Premis 25FS a ralenti l’évolution de la maladie, mais un relai en végétation semble nécessaire.

En attendant les rendements qui permettront de préciser l’intérêt économique, la prudence doit rester de mise pour cette technique qui n’a pas encore été validée dans un contexte où les SDHI présentent encore une efficacité dans les traitements en végétation et qui permettent de raisonner la lutte chimique plutôt que de la systématiser via la semence.