Les programmes herbicides qui font la différence sur graminées résistantes

La maîtrise des graminées adventices résistantes dans les parcelles de céréales vire souvent au casse-tête. Les programmes « tout automne » sont une solution efficace mais leurs efficacités varient, leur coût aussi. Les derniers résultats d’essais distinguent les meilleurs compromis.
Lorsque les populations de ray-grass sont denses et/ou résistantes, le programme d’automne est un passage obligé

Les programmes de désherbage en deux passages à l’automne sont désormais appliqués sur un tiers des surfaces de blé tendre françaises. Ces programmes sont les plus efficaces contre les graminées résistantes, suivies par les applications de prélevée puis par celles de postlevée (figure 1).

Les programmes combinant un produit, ou une association, appliqué à l’automne et un second produit appliqué en sortie d’hiver sont toujours possibles, à condition de connaître le statut de résistance des populations d’adventice face aux familles de produits chimiques appliqués.

Les plus efficaces pas forcément les plus chers

Dès lors que les populations de ray-grass sont denses et/ou résistantes, le programme d’automne est un passage obligé. Dans ces situations, quelques programmes sortent du lot :

  • En prélevée sur des infestations faibles à moyennes où un passage peut être suffisant, Défi 3 l + Codix 1,5 l apporte le meilleur ratio efficacité/coût.
  • Un programme Mateno 2 l puis Shvat 3 l est le meilleur ratio économique avec un investissement de « seulement » 102 €/ha pour une des trois meilleures efficacités observées dan s nos essais.
  • Le programme Trooper puis Constel + Beflex sera plus cher mais utile : il est autorisé sur sol drainé.

Parmi les programmes « tout automne » étudiés par ARVALIS durant la campagne 2023-2024, trois se distinguent par leurs niveaux d’efficacité sur ray-grass :

  • Défi 3 l + Codix 1,5 l puis Pontos 0,75 l + Shvat 3 l affiche 93 % d’efficacité sur ray-grass. Ce programme exprime sa robustesse sur cette cible, avec une moyenne de 94 % d’efficacité sur 4 campagnes au sein de 30 essais. L’apport de l’application de postlevée par rapport au Défi + Codix seul est de 20 points en moyenne.
  • Mateno 2 l puis Shvat 3 l obtient en 2023/24 92 % d’efficacité sur ray-grass. Sur vulpin, cette modalité sort en tête, avec 96 % d’efficacité en moyenne (figure 2).
  • Trooper 2,5 l puis Constel 4,5 l + Belfex 0,35 l, autorisé en sols drainés, complète le podium des efficacités sur ray-grass (91 %).

Le point important est l’efficacité de la prélevée, qui va conditionner l’efficacité finale. Si la prélevée est loupée ou bien trop « légère », les applications de postlevée auront beaucoup de mal à rattraper l’efficacité (figure 2).

Figure 1 : Relation efficacité - coût des applications (6 essais ray-grass 2024)

 

Figure 1 : Relation efficacité - coût des applications (6 essais ray-grass 2024)

Figure 2 : Relation efficacité - coût des applications (5 essais vulpin 2024)

Figure 2 : Relation efficacité - coût des applications (5 essais vulpin 2024)

Des marquages de phytotoxicité sans impact sur le rendement

Ces programmes sont plus phytotoxiques que les applications en un seul passage, mais les essais mis en place dans 3 sites en France lors des trois dernières campagnes ont confirmé qu’ils n’avaient pas d’impact sur le niveau de rendement.

Les conditions très pluvieuses de l’automne dernier ont été très favorables aux marquages de phytotoxicité. Visibles lors des deux premières notations, les symptômes se sont toutefois estompés pour ne plus être visibles courant tallage et à floraison. Les marquages les plus importants ont été observés pour les modalités contenant une application de Mateno en prélevée, qu’elle soit seule ou au sein d’un programme. Malgré ces observations, les résultats de rendement des modalités étudiées ne sont pas significativement différents par rapport au témoin non traité. La synthèse des essais de 2022 et 2023 ne dit rien d’autres : l’écart maximal entre modalités sur les essais de 2022 et 2023 ne dépasse pas 2,5 q/ha.

Pour les deux programmes « double automne » de référence, cités plus haut, l’écart avec le témoin non traité est nul ou inférieur à 1,5 quintaux.

En parcelles infestées, l’efficacité de ces derniers permet de diminuer la nuisibilité, avec des gains de rendement très nets. Ces gains sont largement supérieurs aux pertes potentielles liées à la phytotoxicité en bonnes conditions.

Attention évidemment aux conditions difficiles notamment avec des semis mal enterrés et des grains en surface, ainsi qu’aux conditions entourant les applications (fortes précipitations, chutes de températures…). 

Faut-il également rappeler que dans les parcelles sales, combiner un ou plusieurs leviers agronomiques (décalage de la date de semis, travail du sol avec retournement) est essentiel pour limiter au maximum le nombre de graminées qui lèveront dans la culture ? La chimie ne fait plus tout.

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