Lentilles et pois chiches : l'implantation, une étape clé de l’itinéraire technique

Les surfaces de lentille et de pois chiche à destination de l’alimentation humaine sont en pleine expansion en France. Afin d’assurer une bonne productivité de ces légumineuses aux multiples atouts, certaines règles de bases doivent être respectées à l’implantation.

La lentille fut l’un des premiers légumes secs à être cultivés, voici neuf à dix mille ans, au Proche-Orient. Au fil des siècles, elle est devenue un aliment de base dans de nombreuses régions. En France, la lentille verte est la plus consommée, alors que dans le reste du monde on dégustera ses cousines blondes ou corail.

En l’espace de vingt ans, les surfaces de lentilles ont fortement progressé en France, passant de 4 398 ha en 1997 à 33 882 ha en 2017. En 1997, les cinq principaux départements producteurs de lentille (tableau 1) représentaient 90 % des surfaces françaises. Vingt ans plus tard, ces mêmes départements ne représentent plus que la moitié des surfaces totales, ce qui illustre le développement important de cette espèce dans bon nombre de régions.

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Quant au pois chiche, pendant longtemps on a pensé qu’il venait du sud-ouest asiatique, mais l’un de ses ancêtres sauvages était cultivé au Proche-Orient au VIIe millénaire avant notre ère. Rapidement adopté par l’Inde et l’Asie, il a ensuite séduit certaines régions d’Afrique, l’Australie, l’Europe et enfin l’Amérique.

Une filière de production du pois chiche a ainsi été créée dans le sud de la France. Toutefois cette production locale n’a longtemps pas pu répondre entièrement à la demande française. Mais, tout comme la lentille, cette culture a vu ses surfaces fortement progresser ces vingt dernières années, passant de 713 ha en 1997 à 19 508 ha en 2017. En 1997, les cinq principaux départements producteurs représentaient 73 % des surfaces françaises, avec la Haute-Garonne et le Tarn en tête (tableau 2). Vingt ans après, les cinq départements de tête, menés désormais par le Gers et l’Aude, ne représentent plus que 52 % des surfaces totales car les zones de production se sont diversifiées : le pois chiche est aujourd’hui cultivé dans 65 départements (contre 18 en 1997), et a conquis des régions plus au nord. L’Yonne est ainsi le quatrième département par la surface cultivée.

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La lentille, une valeur ajoutée pour les petites terres

Présente dans trois bassins historiques que sont le Puy, le Berry et la Champagne, la culture de la lentille s’est, en quelques années, développée sur l’ensemble du territoire français.
Légumineuse avec un cycle court (130 à 150 jours), la lentille est capable de fixer l’azote atmosphérique ; elle ne nécessite donc pas d’apport d’engrais azoté. Le rhizobium étant naturellement présent dans les sols français, les défauts de nodulations sont rares et souvent liés à l’implantation ou aux conditions climatiques (excès d’eau, notamment). À noter que la lentille restitue environ 30 unités d’azote à la culture suivante.

La lentille peut s’adapter à de nombreux types de sols. Elle valorise bien les sols à faible potentiel (argilo-calcaire superficiel), mais également les sols volcaniques, granitiques, ou les sols moyennement profonds. Sont cependant à éviter les parcelles hydromorphes, la lentille étant très sensible aux excès d’eau, les sols profonds, qui favorisent le développement végétatif au détriment de la mise en place des gousses, les parcelles caillouteuses, qui rendent la récolte plus difficile, ou encore les sols acides (pH < 6). Il faut également écarter les parcelles à stock grainier important, notamment en présence de morelle, de xanthium ou de datura (risque de déclassement de la récolte vers un débouché alimentation animale) et celles infestées par Aphanomyces euteiches, la lentille y étant sensible.

Réussir l’implantation de la lentille

Veiller à semer la lentille avant tout dans un sol bien ressuyé, meuble sur les quinze premiers centimètres, afin de favoriser le bon développement des racines et des nodosités. Semer tôt pour limiter les coups de chaud durant la floraison et le remplissage des gousses : dès février en zone sud, entre le 5 et le 20 mars en plaine, et entre le 15 mars et le 15 avril en altitude.

La lentille ne doit pas être semée trop dense, car la plante ramifie naturellement. De plus, un peuplement trop important augmente les risques de maladie et de verse. Adapter la densité à la date de semis : viser 270 graines/m² pour les semis précoces, et plutôt 300 graines/m² pour les semis de mars. En altitude, augmenter légèrement la densité (300 – 320 graines/m²).

Semer à 2-3 cm de profondeur. Si nécessaire, il est possible de rouler la lentille afin d’enfouir au maximum les cailloux, de préférence après le semis ou, si le passage en post-semis est impossible, au stade « 5-6 feuilles » de la lentille.

La lentille est une culture peu exigeante : elle exporte 1,6 unité de phosphore et 6 unités de potassium par quintal produit. La fertilisation est à raisonner en fonction de votre analyse de sol. Pour un rendement de 15-20 q/ha, compter 30 à 50 unités de P2O5 et 60 à 80 unités de K20. Cette fertilisation pourra être complétée par 20 à 25 unités de magnésium.

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Le pois chiche, une culture flexible

Légumineuse à cycle court (180 à 210 jours), le pois chiche s’adapte à de nombreux types de sols, notamment aux sols séchants car il possède une bonne résistance au manque d’eau. Grâce à son port érigé, il peut s’implanter sur des parcelles caillouteuses avec une réelle facilité à la récolte. Il faut néanmoins éviter les sols hydromorphes, le pois chiche étant sensible aux excès d’eau, ainsi que les sols froids et les limons battants, mais aussi les sols acides ou sableux, le rhizobium étant absent de ces sols.

Comme pour la lentille, on évitera d’implanter le pois chiche dans des parcelles ayant un stock semencier d’adventices important, notamment en présence de morelles, de xanthium ou de datura dont la présence à la récolte entraîne un risque de déclassement des graines.

« Éviter d’implanter le pois chiche et la lentille dans des parcelles colonisées par les morelles, le xanthium ou le datura afin de ne pas risquer le déclassement de la récolte. »

Semer le pois chiche dans un sol bien ressuyé, affiné sur les quinze premiers centimètres pour faciliter le développement des racines et des nodosités. Le roulage n’est pas nécessaire, le port érigé de la plante facilitant la récolte. Débuter les semis à partir du 15 décembre sur le pourtour méditerranéen, entre le 1er janvier et le 15 février dans le Sud-Est, et à peine plus tardivement dans le Sud-Ouest (entre le 15 février et le 15 mars). Pour le reste de la France, peu de références existent ; Terres Inovia préconise de semer entre le 1er février pour les secteurs les plus au sud et les plus chauds (Poitou-Charentes) et mi-mars pour les secteurs en bordure maritime (Normandie). Viser une densité de peuplement de 50 plantes par m², en semant 65 graines/m² au semoir à céréales ou 55 graines/m² au semoir monograine. Semer à 4-5 cm de profondeur, voire 6 cm en cas de semis précoce.

Le pois chiche est une culture moyennement exigeante. Pour un rendement compris entre 20 et 30 q/ha, il exporte de 15 à 20 unités de P2O5 et 15 à 20 unités de K2O. Concernant les fournitures en azote, les nodules lui en apportent suffisamment quand le rhizobium est présent dans le sol. C’est généralement le cas dans le bassin historique du pois chiche (sud de la France), dans les sols alcalins (pH > 7, hors sol sableux). En dehors de ce bassin historique, toutefois, on peut observer des défauts de nodulation liés à l’absence du rhizobium. Aucun inoculum n’étant homologué sur pois chiche en France, en l’absence constatée de nodosités, un apport d’azote est envisageable dans les régions où un arrêté préfectoral le permet, hors zones vulnérables.

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