La sélection variétale est la clé de l’avenir agricole, pour le DG de Limagrain

La sélection variétale est la clé de l’avenir de l’Humanité. C’est en substance ce qu’a expliqué Sébastien Chauffaut durant un entretien mené le 18 mars 2025 à Paris par l’Association Française des Journalistes Agricoles (AFJA).
« Entre 1950 et 2025, les surfaces de terres arables sont restées globalement stables, tout en parvenant à nourrir 3,3 fois plus d’êtres humains. Les rendements ont progressé de 66 % grâce aux améliorations génétiques ».
La sélection au service de la production
Au-delà des volumes supplémentaires apportés, les sélectionneurs ont développé des plantes dotées de caractères particuliers pour mieux servir la production à la ferme. « Concernant le maïs ensilage, nous avons développé un maïs hautement digestible afin de favoriser l’assimilation de l’énergie par les vaches laitières et contribuer à améliorer la production laitière par vache », illustre le patron du premier semencier tricolore.
Limagrain oriente également sa recherche variétale en fonction de son activité agroalimentaire. Ainsi, sa filiale Limagrain Ingredients a-t-elle lancé le blé LifyWheat. « Issu de 20 ans de recherche, c’est le premier blé naturellement riche en amidon. Il permet l’obtention d’une farine blanche 10 fois plus riche en fibres qu’une farine issue de blé classique ». Une farine qui va être utilisée pour la fabrication des pains Jacquet, marque du groupe bien connue du grand public.
Les semences, une arme géopolitique
Sur la scène internationale, l’agriculture et les semences sont aussi un enjeu de souveraineté et d’influence. « C’est la raison pour laquelle la Chine a multiplié ses investissements sur les grandes zones de production agricole, notamment en Amérique du Sud. C’est également ce qui a permis à la Russie de développer son influence en exportant plus de 50 millions de tonnes de blé par an au bénéfice d’un certain nombre de pays d’Afrique ».
Une commercialisation des premières variétés NGT pour 2029
Dans ce contexte, les nouvelles technologies de la génomique (NGT) pourraient permettre d’aller plus vite et avec plus de précision. Le Conseil européen vient d’adopter le 14 mars un texte de compromis sur les NGT. Reste à passer l’ultime étape du trilogue pour obtenir un consensus entre les institutions européennes. La présidence Polonaise espère obtenir une version définitive en juin 2025.
« En plus de la sélection variétale, les NGT sont un outil supplémentaire à la disposition des sélectionneurs », explique M. Chauffaut. « Cette technologie représente un outil essentiel pour préserver la compétitivité des agriculteurs français et européens. La plupart des pays préparent l’utilisation future de cet outil. La Chine est leader en dépôt de brevets sur cette technologie. Il est évident que ce sera un outil majeur pour répondre à l’accélération des contraintes climatiques ». Limagrain, qui utilise ces technologies depuis 2017, envisagerait la commercialisation des premières variétés éditées à partir de 2029, « sous réserve de l’évolution favorable de la réglementation ». L’essentiel des travaux en cours porte sur la résistance aux bioagresseurs pour le blé, le maïs et le colza.
0 commentaire
Réagissez !
Merci de vous connecter pour commenter cet article.