Colza : concilier teneur en huile et teneur en protéines
La valorisation de la protéine issue du colza suscite un regain d’attention depuis ces dernières années1. D’abord avec l’ouverture d’une nouvelle filière vers l’alimentation humaine, formalisée par la mise en service en
Concilier teneur et qualité protéiques… et teneur en huile
Augmenter la teneur en protéines des graines représente un nouveau challenge car historiquement, la valorisation du colza est basée sur l’huile. L’optimisation de l’itinéraire technique (y compris via la sélection variétale) s’était jusqu’à présent focalisée sur ce débouché.
Pour produire du colza à haute teneur en protéines, il est donc nécessaire d’adapter la conduite culturale pour favoriser d’avantage l’accumulation de la protéine dans les graines. En gardant cependant en tête que l’accumulation de la protéine et de l’huile sont antagonistes sur le plan écophysiologique
La recherche du double débouché huile et protéines apparaît donc compliquée, et une segmentation du marché vers l’un ou l’autre pourrait se profiler dans les prochaines années.
Par ailleurs, un nouveau paramètre doit être pris en compte, en particulier pour l’alimentation humaine : la qualité protéique. La graine de colza est naturellement dotée d’acides aminés soufrés dits essentiels
Néanmoins, il existe une variabilité de la proportion de ces acides aminés au sein des protéines du colza, déterminée par le ratio «
Adapter le choix variétal, un levier gagnant sur tous les plans
Comme la teneur en huile, la teneur en protéines est conditionnée par la variété choisie. Cette teneur varie beaucoup d’un site de production à l’autre, mais une variété dite riche en protéines obtiendra, en un lieu donné, quasi-systématiquement une teneur plus élevée que les autres variétés.
Dans le cadre du projet IN
D’autres variétés commercialisées sont actuellement évaluées dans le cadre du projet Decoproze (2023-2027) dont l’un des objectifs est de mettre au point un profil variétal innovant à très haute teneur en protéines (encadré).
Le colza de printemps est naturellement plus riche en protéines que le colza d’hiver, pour des teneurs en huile qui avoisinent celle de son cousin. Cependant des programmes de recherches ont été lancés afin d’améliorer les graines du colza d’hiver sur le ce critère et permettre d’apporter à terme une meilleure teneur en protéines.
Par ailleurs, le projet Decoproze récemment lancé par un consortium d’acteurs de la filière colza avec le soutien de France
Retarder les apports et moduler le fractionnement
Le projet IN
Dans le cadre du projet IN
Ces modalités ont été comparées à une stratégie de fertilisation classique, en deux ou trois apports selon la dose prévisionnelle calculée.
En complément, le fractionnement de l’apport de soufre en deux apports (couplés au premier et au deuxième apport d’azote) a été testé. Pour ce dernier levier, l’objectif n’était pas de jouer sur la teneur en protéines mais sur la qualité protéique. En effet, une précédente étude menée en conditions contrôlées a révélé que le ratio «
Les essais conduits en 2021 et 2022 ont montré que, dans le cas de trois apports d’azote, en retardant uniquement le dernier apport jusqu’au stade
Ce gain de teneur en protéines passe à +
APPORTS RETARDÉS & REPORT DE DOSE : la teneur en protéines est maximisée mais la teneur en huile est pénalisée
Le fractionnement de l’apport de soufre s’est révélé sans impact sur la teneur en protéines, ni sur la teneur en huile. Constat rassurant par ailleurs
Si l’impact de ces pratiques paraît intéressant sur la teneur en protéines, leur faisabilité en parcelle d’agriculteur est limitée avec le matériel d’épandage actuellement disponible dans les exploitations. En effet, les colzas au stade
Une alternative pourrait être d’apporter l’azote sous forme liquide avec un pulvérisateur. Mais cette forme d’azote occasionne un risque de brûlures important, sur feuilles et sur bourgeons floraux, dont l’impact sur le rendement n’a pas été évalué.
Dans la perspective de développement d’un marché centré sur la valorisation de la protéine, il apparaît désormais nécessaire de s’atteler aux tests «
Pas de tendance nette sur la qualité protéique
Outre l’impact sur la teneur en protéines, le projet IN
Les conclusions s’avèrent mitigées car l’augmentation de la teneur en protéines n’est pas forcément corrélée à celle du ratio «
(1) Lire l’article « Protéines issues du colza : comment répondre à la demande des marchés », n°500 de Perspectives Agricoles (juin 2022).
(2) Financé par Sofiprotéol pour le compte du FASO
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