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Blé tendre d’hiver : les programmes régulent mieux la verse
Durant la campagne 2016-2017, l’évaluation de l’action des régulateurs de croissance sur blé tendre d’hiver a été mise en place sur un essai, à Boigneville (91). L’essai a comparé au témoin non régulé la hauteur, le rendement du blé et la réduction de la verse après application de spécialités ou de mélanges en un passage précoce, au stade « épi 1 cm » : Cycocel C5 (à deux doses et avec l’adjuvant Gondor), Cycocel C5 associé à Proteg DC et Medax Max ; s’y ajoutent des spécialités appliquées au stade « 1-2 nœuds » : Moddus, Medax Top, Trimaxx, Proteg DC et Medax Max (à trois doses), et quatre programmes comportant généralement une application précoce suivie d’une au stade « 1-2 nœuds ».
La variété choisie, Solehio, est volontairement sensible à la verse (note de 4) ; de plus, l’essai a été surfertilisé afin de maximiser le risque de verse. La verse s’est bien matérialisée dans l’essai mais de manière hétérogène : deux blocs cultivés sur quatre ont bien versé. La note de verse finale dans le témoin non régulé était de 3,7/10 (en moyenne sur les quatre blocs cultivés) et de 5,8 sur les deux blocs les plus versés.
Aucun symptôme n’a été à signaler suite à l’application des régulateurs. Ceux-ci se sont révélés parfaitement sélectifs.
Un effet « adjuvant » très limité
L’adjuvant Gondor (488 g/l de lécithine de soja) est autorisé en mélange extemporané avec les régulateurs de croissance. Sa dose d’homologation est de 0,25 %. Cette dose a été étudiée avec Cycocel C5 dosé à 1,5 l/ha, en comparaison avec des applications de Cycocel C5 seul dosé à 1,5 l et 2 l/ha.
Les effets de l’ajout de cet adjuvant sur la hauteur de la culture ne sont pas statistiquement significatifs dans cette campagne, pas plus que dans la synthèse pluriannuelle. Un léger effet visuel est toutefois visible en 2017, avec un gain d’environ 1 cm par rapport à l’application de Cycocel C5 dosé à 1,5 l.
Sur la verse, dans l’essai de 2017 comme en pluriannuel, l’effet de l’adjuvant ne s’est pas matérialisé : la réduction supplémentaire de la verse a été très limitée et n’est pas significativement différente des modalités Cycocel C5 seules.
Sur le rendement final, l’essai de 2017 montre un gain de 3 q/ha par rapport au témoin pour l’adjonction de Gondor à Cycocel C5, mais également par rapport aux modalités Cycocel C5 seules. Le gain est même de 4,4 q à dose de Cycocel C5 identique. Cela reste toutefois non significatif à l’analyse statistique. En pluriannuel, l’écart moyen constaté n’est plus que de +1,2 q/ha par rapport au témoin, et proche de 0 avec les autres modalités à base de Cycocel C5. Cependant les essais 2016 étaient très atypiques (année difficile pour les céréales à paille), avec des écarts constatés limités.
Des réductions comparables entre applications uniques
Les modalités étudiées cette année (figure 1) comportaient les principales nouveautés depuis deux ans, Trimaxx et Proteg DC, mais également une récente homologation, Medax Max (prohexadione-calcium + trinéxapac, voir encadré). Ces nouveautés ont été appliquées au stade « 1-2 nœuds », idéal pour les substances actives les composant.
BASF renouvelle sa gamme de régulateurs du blé avec Medax Max
La nouveauté Medax Max s’inscrit dans un contexte changeant, avec le retrait du chlormequat de BASF (Cycocel C5 et Mondium) pour lequel 2018 sera la dernière campagne agriculteur.
Le régulateur Medax Max (second nom : Sérénium) est composé de 50 g/kg de prohexadione-calcium et de 75 g/kg de trinéxapac-éthyl. À la dose homologuée de 0,75 kg/ha sur blé tendre et blé dur d’hiver, cette combinaison nouvelle apporte 37,5 g/ ha de prohexadione-calcium et 56,25 g/ha de trinéxapac (l’équivalent de 0,225 l de Proteg DC ou 0,32 l de Trimaxx).
Medax Max est un régulateur de très bon niveau pour les céréales à paille. Cette spécialité a été étudiée dans quatre essais Arvalis, de 2016 à 2017, appliquée au stade « 1-2 nœuds ». Aucun effet non intentionnel n’a été observé (sélectivité, perte de rendements). Les écarts de rendement sont tirés par un essai en 2016, avec un gain de 14 quintaux.
En moyenne, le gain permis par Medax Max à 0,5 kg/ha (dose pivot en blé tendre) est de l’ordre de 2,5 q/ha, mais monte à 4 q/ ha environ à la dose de 0,75 kg/ha ; ces écarts ne sont toutefois pas statistiquement différents du témoin ni des autres modalités étudiées dans ces essais.
Comme le montre l’essai de 2017, la réduction de hauteur est importante, soulignant l’efficacité de la combinaison prohexadione + trinéxapac (figure 2). À 0,5 kg/ha, Medax Max réduit de manière significative la hauteur par rapport au témoin, avec un gain moyen de 3,5 %. À 0,75 kg/ha, le gain de hauteur est encore plus important (7 % environ en pluriannuel) – significatif par rapport au témoin comme aux références (Trimaxx, Proteg DC).
L’effet sur la verse est également visible aux deux doses étudiées. À 0,75 kg/ha, l’efficacité contre la verse est de l’ordre de 60 % par rapport au témoin non régulé sur les quatre essais, ce qui est statistiquement différent des références Trimaxx et Proteg DC (moins de 20% chacun). À 0,5 kg/ha, Medax Max est sensiblement équivalent aux références Cycocel C5, Trimaxx et Proteg DC.
En application précoce (au stade « épi 1 cm »), Medax Max à presque demi dose se montre décevant dans cet essai, mais son efficacité est néanmoins très proche du Cycocel C5 à 1,5 l/ha. L’association Cycocel C5 + Proteg DC améliore la réduction de hauteur par rapport à l’application de Cycocel C5 seul de 2 points, soit environ 2 cm ; comme avec le mélange Cycocel C5 + Moddus étudié antérieurement, l’effet de Cycocel C5 appliqué précocement est renforcé en association.
Concernant les applications au stade « 1-2 nœuds », les effets de Trimaxx, Proteg DC, Moddus et Medax Top ne sont pas significativement différents entre eux sur la réduction de hauteur ; celle-ci est diminuée d’environ 4 %, soit 4 cm par rapport au témoin non régulé.
La nouveauté Medax Max est performante, surtout à dose élevée. À 0,4 et 0,5 kg/ha, elle est très proche des autres références, avec une légère tendance à « réguler » plus fortement à 0,5 kg, sans être significativement différente. En revanche, l’effet dose est très visible à 0,75 kg/ha, avec une réduction de 9 % de la hauteur par rapport au témoin non régulé (environ 8 cm) significativement différente des autres références appliquées à « 1-2 nœuds » aux doses étudiées.
La réduction de la verse n’est pas significative par rapport au témoin, sauf pour l’application de Medax Max à 0,75 kg/ha au stade « 1-2 nœuds ». Les autres références à « 1-2 nœuds » sont toutes très proches.
L’analyse des différences de rendements obtenus entre modalités n’est pas significative.
Les rendements varient fortement (de +3 q/ha pour Cycocel C5 + Proteg DC à « épi 1 cm » comme pour Medax Max à 0,75 kg/ha à « 1-2 nœuds ») à -5 q (Medax Max à 0,4 kg/ha). Et il n’y a pas de lien clair entre le gain (ou la perte) de rendement et la réduction de hauteur ou avec l’efficacité verse.
Programmes de régulation ou applications solos ?
Les programmes de régulation en deux passages, avec généralement un passage précoce au stade « épi 1 cm » puis à « 1-2 nœuds », sont assez classiques dans les situations à fort potentiel et fort risque de verse. Typiquement, l’application précoce à « épi 1 cm » est à base de chlorméquat et le complément à « 1-2 nœuds » est une spécialité à base de trinéxapac ou de prohexadione-calcium. Les conditions climatiques au moment de l’application, et surtout l’état végétatif de la culture, influencent grandement l’efficacité des régulateurs. Ainsi, en 2016, les conditions climatiques nécessaires à l’efficacité optimale des régulateurs n’ont pas toujours été présentes (températures fraîches), ce qui explique probablement les faibles efficacités observées pour les applications à base de trinéxapac.
« Les essais confirment le lien entre réduction de hauteur de la céréale et réduction de la verse, mais le gain de rendement dépend surtout de la précocité de la verse. »
L’essai de 2017 a évalué les programmes Cycocel C5 au stade « épi 1 cm » suivi par Medax Max, Proteg DC ou Trimaxx au stade « 1-2 nœuds », Trimaxx à « épi 1 cm » puis Trimaxx à « 1-2 nœuds », et enfin Trimaxx au stade « 1-2 nœuds » suivi 15 jours plus tard par Trimaxx plus faiblement dosé.
Ces programmes réduisent significativement la hauteur par rapport au témoin non régulé, surtout ceux à base de Cycocel C5 appliqué à « épi 1 cm » complété par Medax Max à 0,5 kg/ha (-11,5 % de hauteur), Proteg DC à 0,25 l/ha (-5,9 %) et Trimaxx à 0,4 l (-6,8 %). Par rapport à une application unique de Cycocel C5, seul le programme Cycocel C5 puis Medax Max est significativement différent : la réduction de hauteur, très visible, est de 9 % environ, soit 8 cm. La spécialité Medax Max s’est montrée très efficace sur la réduction de hauteur, comme dans les applications solos.
Le double passage de Trimaxx, quelles que soient les doses étudiées, n’a pas montré de gain par rapport à un programme Cycocel C5 puis Trimaxx et reste du niveau d’une application unique de Cycocel C5 à 1,5 l/ha. Les conditions d’application du premier traitement, plus favorables à Cycocel C5 qu’à Trimaxx, militent encore une fois pour le positionnement des bons produits au bon moment.
La meilleure lutte contre la verse est obtenue pour les programmes les plus « réducteurs » de hauteur. Les résultats des différents programmes ne sont toutefois pas significativement différents, à l’exception, encore une fois, du programme Cycocel C5 1,5 l puis Medax Max 0,5 kg qui donne une parcelle encore « debout » en fin de campagne.
Les écarts de rendements des programmes par rapport au témoin non régulé ne sont pas significatifs. Les programmes très efficaces contre la verse et « réducteurs » de hauteur (lié à la verse) semblent s’en sortir le mieux, mais l’écart reste toutefois limité, avec seulement +2 q/ha.
L’essai de 2017 confirme un certain nombre d’éléments déjà connus sur les régulateurs (l’effet des programmes est supérieur aux applications solos, par exemple), mais aussi du lien qui existe entre la réduction de la verse et la réduction de hauteur de la culture par rapport au témoin. Ce lien est toutefois plus ténu lorsque l’on compare le gain de rendement au témoin et la réduction de la verse. Le moment d’apparition de la verse est primordial : les gains sont d’autant plus importants que la verse est précoce (et donc préjudiciable pour la culture). Cela n’a pas été le cas cette année, avec une verse « classique » de fin de cycle.
En savoir plusRetrouvez la fiche d’identité du Medax Max et des informations sur l’évolution et la réglementation concernant le chlormequat sur http://arvalis.info/17x
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