Besoins en azote du blé : adaptez la fertilisation à vos objectifs de production
Pour estimer la dose totale prévisionnelle d’azote à apporter dans vos parcelles de blé, il faut définir votre objectif de production (rendement et/ou teneur en protéines), identifier la valeur du besoin unitaire en azote adapté à la variété semée et à cet objectif (encadré), et enfin mesurer le stock d’azote minéral du sol (ou reliquat azoté) en sortie d’hiver. Cette dose totale prévisionnelle se calcule ensuite comme le produit du rendement visé (en quintaux) par le besoin unitaire de la variété (en kilos d’azote par quintal visé). Dans les zones vulnérables définies par la Directive Nitrates, l’objectif de rendement doit être égal à la moyenne des cinq dernières années (en enlevant les deux valeurs extrêmes) pour chaque parcelle.
Concernant les reliquats azotés, étant donné le contexte de prix élevés des engrais, voire même de pénurie, toute unité d’azote économisée est un « plus ». Ce stock d’azote minéral dans le sol en sortie d’hiver est une source d’azote efficace pour la plante et doit être comptabilisé dans la méthode du bilan prévisionnel.
Les premières analyses en laboratoire montrent que les stocks actuels d’azote minéral en entrée d’hiver sont élevés. Sous réserve que la lixiviation hivernale soit faible, les reliquats en sortie d’hiver pourraient donc être importants. C’est pourquoi Arvalis conseille plus que jamais de faire évaluer précisément ces reliquats en sortie d’hiver par des analyses(1) en laboratoire. Il est, en effet, important de calculer au plus juste la dose totale prévisionnelle avant la période habituelle de déclenchement de l’apport, au tallage. Cependant, le reliquat azoté pouvant être très variable entre parcelles, s’il faut prioriser les parcelles à analyser, prélevez celles qui ont reçu des précédents de type légumineuses, pommes de terre ou betteraves, ou des apports de matières organiques.
Apportez l’azote quand le blé en a le plus besoin
Si la dose prévisionnelle est faible en raison de reliquats élevés, il est envisageable de faire l’impasse de l’apport d’azote au tallage. Dans le cas contraire, il est préférable de décaler ce premier apport autant que possible, tout en visant les meilleurs créneaux météorologiques, afin de maximiser l’efficacité de l’engrais.
Préférez un premier apport modéré en sortie d’hiver (30 à 40 kg N/ha), afin de réserver les apports plus élevés pour la phase de montaison, plus favorable au rendement, et pour la fin de la montaison, avec l’objectif d’assurer la teneur en protéines visée. En particulier, si l’objectif est une teneur en protéines élevée, apportez la quantité d’azote correspondant au besoin complémentaire bc vers la fin de la montaison, moment où l’azote sera le mieux valorisé en protéines.
La forme de l’azote, en particulier pour le ou les apports de fin montaison, est également importante pour augmenter l’efficacité de l’apport. Préférez la forme la moins sensible à la volatilisation ammoniacale.
Utiliser un outil de pilotage de la fertilisation azotée facilite le réajustement, courant montaison, du besoin de la culture en fonction de l’azote déjà absorbé et d’un éventuel réajustement du potentiel de rendement. Plusieurs outils, tels Farmstar et le N-Tester de Yara, prennent désormais en compte dans leurs calculs le fait que l’objectif est le rendement ou le taux de protéines.
(1) L’article « L’analyse de terre : un outil indispensable pour raisonner la fertilisation » rappelle comment prélever les échantillons de sol et décrypter les résultats du laboratoire d’analyse : http://arvalis.info/2aa
Comment identifier le besoin unitaire d’azote de votre variété ?Les besoins unitaires du blé sont calculés par Arvalis chaque année pour les nouvelles variétés de blé tendre d’hiver (tableau 1), ainsi que pour les blés améliorants et les blés durs(2). Ces besoins dépendent de l’objectif de production (rendement ou protéines) et de la variété choisie. Sans objectif de teneur en protéines, on utilise le besoin unitaire b associé à la variété cultivée afin d’optimiser le rendement ; b est de 3 kg N/q en moyenne.
À ce besoin unitaire de base b il faut ajouter un besoin complémentaire bc lorsqu’on vise au moins 11,5 % de protéines : marché de la meunerie, exportation… Dans ce cas, utiliser alors le besoin « qualité » bq11.5% = b + bc, pour calculer les besoins d’azote de vos variétés.
Pour les blés à débouchés biscuitiers, dont la teneur en protéines n’a pas besoin de dépasser 10,5 %, utiliser uniquement le besoin b, un besoin complémentaire étant inutile.
(2) Les besoins unitaires en azote pour les blés améliorants et les blés durs sont disponibles sur http://arvalis.info/2an pour chaque grande région de production.
Francesca Degan - f.degan@arvalis.fr
Philippe du Cheyron - p.ducheyron@arvalis.fr
Paloma Cabeza-Orcel - p.cabeza@perspectives-agricoles.com
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