L’efficacité des adjuvants démontrée dans de bonnes conditions d’application

Les adjuvant peuvent améliorer l’efficacité du désherbage, notamment pour gérer les adventices en sortie d’hiver. Mais ils  doivent être utilisés selon leurs caractéristiques, qu’il s’agisse d’huiles, de produits mouillants ou de sels, les trois principales catégories d’adjuvants autorisés.
Applications phytos : l’efficacité des adjuvants démontrée dans de bonnes conditions d’application

Certaines formulations contiennent déjà un adjuvant, il n’est alors pas toujours utile d’en rajouter.

Préparations ajoutées aux produits phytosanitaires pour renforcer leur efficacité, les adjuvants sont dépourvus d’activité phytopharmaceutique rappelle l’Anses. Appliqués généralement à raison d’un litre par hectare voire moins, ils assurent diverses fonctions comme l’étalement du produit actif, sa pénétration, la rétention voire, dans des cas rares, la correction de la qualité de l'eau. Mais ils ont tous le même objectif : maximiser l’efficacité des produits. Cet objectif est parfois davantage lié au type de produit utilisé qu’au volume de bouillie employé. Trois principales catégories d’adjuvants existent : les huiles, les « mouillants » et les sels.

Utiliser les huiles à bon escient

Les huiles facilitent la pénétration des substances actives dans les plantes en agissant sur les cires épicuticulaires dont elles désorganisent la structure. Le rôle de ces sécrétions cireuses de nombreuses plantes vasculaires (dont les graminées), constituées de substances lipophiles, est de diminuer la mouillabilité de la surface et réduire la perte d’humidité. Les huiles s’utilisent essentiellement avec des produits systémiques et sur des plantes peu mouillables, quel que soit le volume de bouillie. Mais attention à ne pas les utiliser à tort : lorsqu’elles sont ajoutées à des herbicides racinaires et, surtout, de contact, les huiles forcent la pénétration du produit dans les plantes et augmentent de ce fait le risque de la phytotoxicité des cultures.

E-Phy : liste les adjuvants autorisés

Depuis le 1er juillet 2015, en application de la loi d’avenir pour l’agriculture, l’alimentation et la forêt du 13 octobre 2014, c’est l’Anses qui est chargée de délivrer, de retirer ou de modifier les autorisations de mise sur le marché des adjuvants utilisés dans les produits phytopharmaceutiques.
La base de données E-Phy met à disposition toutes les informations régulièrement mises à jour relatives aux adjuvants et à leurs conditions d’utilisation. Elle en reconnait 70 autorisés pour des usages professionnels certains pour plus d’une fonction, quelques-uns comme Banole (TotalEnergie), Zonebleu (Nufarm), Actirob (Oléon) ou Activa (Bayer) étant sur le marché depuis les années 90. La liste compte actuellement 42 adjuvants pour bouillie herbicide, 21 pour bouillie insecticide, 20 pour bouillie fongicide, 6 pour bouillie de régulateur de croissance et 8 adjuvants sans autre précision.

Préférer les mouillants pour les produits de contact

Adjuvants cationiques, non ioniques, terpènes, organo-silicone, latex… : les produits « mouillants », bien que de natures très diverses, visent tous à étaler les gouttes et à mieux les accrocher sur les feuilles en diminuant la tension de surface. Ils agissent donc sur la répartition de la bouillie voire sur son adhérence lors de l’impact de la gouttelette sur la feuille. Toutefois, leur efficacité est très liée au trio plante/adjuvant/formulation du produit. Les expérimentations conduites depuis près d’une vingtaine d’années confirment que, lorsqu’ils sont utiles, les mouillants sont intéressants quel que soit le volume de bouillie à l’hectare.

Toutefois, certaines formulations intègrent déjà des adjuvants avec les substances actives : il n'est pas toujours utile d'ajouter un adjuvant qui ferait doublon. La mouillabilité des plantes est un second facteur clé : une plante mouillable ne justifie pas l’usage de cette catégorie de produits contrairement aux plantes non mouillables (tableau 1).

Produits « mouillable » : à réserver aux plantes « mouillables »
Tableau 1 >>> Produits « mouillable » : à réserver aux plantes « mouillables ».
Exemples de plantes mouillables et peu mouillables.

Le type d’action du produit constitue un autre élément à prendre en compte (tableau 2). Ainsi, les produits de contact, qui agissent là où leur contact s’établit avec la plante, auront intérêt à être étalés sur la surface foliaire pour augmenter cette zone. Il sera donc particulièrement opportun d’ajouter un adjuvant pour un produit de contact utilisé sur une plante peu mouillable. Ces « mouillants » sont également employés en mélange, sur les graminées, avec des inhibiteurs de l’ALS (acétolactate synthase). Attention toutefois à la sélectivité avec certains produits de contact.

Adjuvants autorisés : trois grandes catégories
Tableau 2 >>> Adjuvants autorisés : trois grandes catégories.
Exemples de spécialités commerciales utilisables comme adjuvants en désherbage, selon leurs propriétés (liste non exhaustive).

Valoriser l’effet humectant des sels

La liste des adjuvants autorisés compte également des sels, composés de sulfate d’ammonium. Ils valorisent son effet hygroscopique, également appelé effet humectant. En captant l’humidité de l’air, le sel maintient les gouttelettes ainsi plus longtemps en phase liquide, limitant la dessication en diminuant la tension de vapeur de la bouillie. Mais, même si cet effet humectant a bien été démontré en mélange avec les sulfonylurées, ces sels ne remplacent ni les huiles ni les « mouillants » car le sulfate d’ammonium doit être mélangé avec un autre adjuvant pour obtenir des gains d’efficacité. Il ne remplace pas non plus de bonnes conditions de traitement (hygrométrie maximale, température clémente, absence de vent).

Ces sels ont aussi un rôle correcteur en réduisant l’antagonisme lié à certains cations, ces ions chargés positivement, dans la bouillie (Ca++, Fe++, Mg++, Zn++…). Ce dernier rôle est néanmoins connu uniquement pour le glyphosate et l’utilisation de sulfate d’ammonium est interdite comme engrais à des fins de corrections de la dureté de l’eau.

L'emploi d'adjuvants peut être positif pour l'efficacité du traitement herbicide mais cela ne permet pas de s'affranchir de bonnes conditions d'emploi : humidité relative importante (>70 %), températures douces, sol frais et végétation poussante.

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