Grandes cultures bio : des stocks attendus « à des niveaux historiques » pour juin 2024
« On est retourné cinq ans en arrière ». C’est ainsi qu’a qualifié Bruno Barrier-Guillot, directeur des études chez Intercéréales, l’état actuel de la demande en céréales et oléoprotéagineux bio lors des 3e rencontres des grandes cultures bio organisées mardi 7 novembre à Paris. Dans le détail, le marché des graines pour l’alimentation animale recule de 18 %, et celui de la meunerie de 15 %. Seule la malterie française affiche encore une croissance. « Les surfaces de grandes cultures bio ont été multiplié par 4 en dix ans, pour atteindre 780 000 ha en 2022. Cela représente 6,8 % de la surface nationale de grandes cultures et environ 10 000 exploitations. Depuis deux ans, on observe un net ralentissement des conversions, et, au regard de la situation actuelle, un recul des surfaces de grandes cultures bio est attendu pour 2024 », pointe Bruno Barrier-Guillot.
Des déclassements quasi inévitables
Bien que les grandes cultures bio parviennent davantage à tirer leur épingle du jeu que les filières animales, le déclassement des productions bio en conventionnel est presque inévitable. « On a trop de marchandises dans les silos, et ce malgré un développement des exportations, qui, je le rappelle, étaient inexistantes il y a deux ans. Concernant les céréales, on estime à 100 000 tonnes les stocks concernés par ces déclassements. » Une décision qui, comme l’a rappelé Stéphane Vanrenterghem, directeur de la coopérative Agribio Union, ne sera pas sans conséquence sur la prochaine campagne. « Il faut s’attendre à une forte baisse des surfaces dans les secteurs situés au sud de la Vienne, là où est concentrée la plus grande partie des surfaces de grandes cultures bio. Cela passera soit par des déclassements, soit par des surfaces converties à l’herbe le temps d’y voir plus clair ou, plus préoccupant, par des déconversions », a-t-il indiqué.
Vers « une France de la bio à deux vitesses »
« On s’oriente vers une France de la bio à deux vitesses en 2024 », a ainsi poursuivi Stéphane Vanrenterghem. Affirmant que la situation actuelle dans la moitié sud de la France gagnera le nord d’ici deux ans, le directeur d’Agribio Union a exhorté l’audience à « tout faire pour inverser la tendance et réenclencher au plus vite la hausse de la consommation nationale de produits bio ».
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