Suivi du Tournesol : c’est le moment d’une visite sanitaire !
Avec un itinéraire technique accessible, des charges opérationnelles maîtrisées, des débouchés diversifiés et assurés, le tournesol est une culture adaptée à des systèmes de production variés. Cette espèce présente de nombreux intérêts agro-économiques pour la compétitivité des exploitations, et ses performances environnementales en font également une bonne candidate dans le cadre de la transition agro-écologique des systèmes : peu d’engrais de synthèse et de produits phytosanitaires, très bonne valorisation de faibles apports d’eau…
Sécuriser le rendement de cette culture passe par une bonne implantation et la mise en œuvre de pratiques permettant de gérer la pression parasitaire en perturbant l’installation des maladies et des adventices aux trois étapes-clés de leur cycle de vie : la constitution des réservoirs d’inoculum et des stocks grainiers, la réussite des infections et la constitution d’un peuplement pour les adventices, puis le développement de symptômes nuisibles et de peuplements d’adventices compétitifs vis-à-vis de la culture.
De l’or dans vos rotations
Les atouts de cette culture de printemps doivent lui offrir une place de choix dans de nombreux systèmes de culture, tout en respectant une fréquence de retour qui ne va pas au-delà de trois à quatre ans. En effet, opter pour des rotations diversifiées est un levier puissant pour contrôler durablement le complexe parasitaire.
Aujourd’hui, le tournesol est ainsi cultivé majoritairement dans des rotations longues dans plusieurs bassins tels que le Centre-Val de Loire et la Bourgogne, mais aussi en Lorraine et Champagne-Ardenne où il est en train de regagner des surfaces. Les rotations courtes sont minoritaires et en diminution en Poitou-Charentes et Pays de Loire : elles concernent 5 % des surfaces d’après les remontées de producteurs en 2019. Le Sud-Ouest, autre bassin historique de production du tournesol, voit encore près d’un tiers de ses surfaces en rotation blé-tournesol, même si la tendance est à une diversification des rotations (figure 1).
Le progrès génétique dont bénéficie le tournesol est un atout incontestable pour offrir des solutions face au contexte sanitaire de chaque territoire. Ainsi, l’offre variétale est de plus en plus large (193 variétés commercialisées en 2020) et intègre des tolérances génétiques face aux maladies, à l’orobanche cumana mais également à des herbicides de postlevée, pour un contrôle plus efficace de certaines adventices.
Ces innovations sont rapidement adoptées par les producteurs : aujourd’hui, les cinq variétés les plus cultivées en France représentent ainsi 20 % des surfaces de tournesol alors qu’elles en couvraient plus de 45 % il y a moins de quinze ans.
Cependant, aucune variété n’est résistante à l’ensemble du complexe parasitaire du tournesol. Aussi, prioriser ses critères de choix est-il une étape essentielle, qui repose sur une connaissance sanitaire précise de ses parcelles.
Une visite sanitaire aux nombreux intérêts
Ce complexe parasitaire est en forte évolution sur le territoire ces dernières années : ainsi le Verticillium s’est installé dans le Sud-Ouest, le Phomopsis est de retour dans la moitié Nord, le mildiou évolue, et l’on observe l’émergence ou le renforcement de l’orobanche cumana et de flores difficiles (datura, xanthium, ambroisies…). Pour prendre les meilleures décisions, il est impératif de connaître l’historique sanitaire des parcelles. C’est tout l’enjeu du diagnostic réalisé lors de la visite estivale des tournesols.
L’identification des éventuelles maladies et problèmes de flore adventice dans une parcelle est, en effet, le moyen d’anticiper pour la prochaine campagne : nécessité ou non d’allonger la rotation, de faire évoluer le choix variétal, et de raisonner différemment le désherbage (mécanique et chimique) pour la parcelle et à l’échelle du système de culture.
Ce tour de plaine est également l’occasion d’intervenir immédiatement sur les adventices envahissantes, tels que les tournesols sauvages, par un arrachage manuel qui réduira leur expansion.
Enfin, cette visite permet d’initier des mesures pendant la récolte et pour après. Le broyage des résidus peut, par exemple, être mis en œuvre pour diminuer l’inoculum de certaines maladies, et les chantiers de récolte, organisés pour limiter la dissémination de l’orobanche cumana en récoltant les parcelles infestées en dernier.
Le meilleur moment pour cette visite sanitaire se situe au moment où les tournesols sont en fin de floraison et en début de maturation. Avant ce stade, il est possible que certaines maladies ne soient pas encore visibles et que les hampes d’orobanche cumana n’aient pas émergé. En fin de maturation, il sera trop tard pour faire un diagnostic satisfaisant car certains symptômes, comme les grillures de Verticillium, pourront se confondre avec la sénescence de la plante.
Un premier regard sur l’ensemble de la parcelle permet de repérer d’éventuelles zones suspectes et, en s’y rendant, d’identifier les symptômes présents.
Observez les feuilles, tiges et capitules afin de détecter maladies et carences ; puis examinez l’inter-rang afin d’identifier les adventices et l’orobanche cumana. Une cinquantaine de plantes au total, observées en plusieurs points de la parcelle, suffisent pour un bon diagnostic.
La saisie de ces observations de terrain dans l’outil « Tour de Plaine », développé par Terres Inovia, facilitera le choix variétal en fonction du complexe parasitaire (maladies et adventices) de la parcelle pour la prochaine campagne. La finalisation de cet outil s’est faite grâce à un panel d’agriculteurs et de conseillers qui ont testé ses fonctionnalités et son contenu afin qu’il réponde au mieux aux besoins du terrain.
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