L’analyse de terre : un outil indispensable pour raisonner la fertilisation

Le diagnostic établi par l’analyse de terre est l’unique façon de maîtriser les apports de fertilisants et d’amendements. Il offre également un moyen de connaître l’impact des pratiques culturales sur l’évolution de la biodisponibilité des éléments minéraux d’un sol, et d’autres indicateurs de fertilité (pH, teneur en matières organiques).
Le décryptage du bulletin d'analyse de terre

L’analyse de terre est un outil indispensable pour établir un diagnostic en vue de gérer au mieux la fertilisation minérale et organique et l’apport d’amendements minéraux basiques. Elle permet d’ajuster les apports en fonction des fournitures du sol. Dans certains cas, elle peut conduire à de fortes économies et, dans d’autres, elle peut contribuer à lever un facteur limitant. En outre elle indique le niveau de fertilité de la parcelle et, réalisée régulièrement, elle mesure son évolution sur le moyen et long terme. Les parcelles récemment acquises doivent faire l’objet d’analyses de terre sauf si leur histoire est bien connue et qu'elles peuvent être rattachées à des parcelles déjà analysées.

Étudiés depuis longtemps, les indicateurs utilisés dans l’analyse de terre en France sont fiables. Cependant leur interprétation évolue avec l’acquisition régulière de nouvelles références au champ ; en effet, les référentiels sont de plus en plus basés sur une prédiction de la réponse des cultures (gain de rendement ou pas), allant jusqu’à faire des différences entre espèces dans la construction des seuils d’interprétation.

Deux objectifs sont assignés à l’analyse de terre : évaluer la fertilité chimique du sol à un moment donné, et suivre son évolution dans le temps. Ce second objectif est au moins aussi important que le premier, car il permet à l’agriculteur d’évaluer ses pratiques de fertilisation et de les modifier en cas d’évolution non conforme aux objectifs.

La fertilité physique doit également être évaluée, afin de s’assurer que l’état structural du sol est favorable à un bon fonctionnement des racines et permet ainsi l’absorption des éléments minéraux. La biodisponibilité de ceux-ci est d’ailleurs appréciée par l'analyse de terre. L’analyse granulométrique identifie les comportements physiques du sol et les risques associés (battance…). Cependant, le recours à une observation de terrain (test bêche, profil cultural…) est indispensable pour effectuer un diagnostic de l’état structural.

Dans un proche avenir, l’intégration d’indicateurs biologiques à l’analyse de terre permettra d’étendre le diagnostic à la fertilité biologique.

Si l’analyse de terre est un outil bien connu, la lecture des bulletins de résultats émis par les laboratoires est peu aisée. Elle nécessite une bonne maitrise des concepts de fertilité des sols et des indicateurs associés, renforcée par la diversité des présentations des bulletins, des unités d'expression et des méthodes de raisonnement entre les différents laboratoires.

Le tableau synthétique proposé à la fin de cet article a donc pour objectif de familiariser les utilisateurs avec les résultats en expliquant chacun des paramètres mesurés, afin de constituer une aide opérationnelle au diagnostic de fertilité chimique.

Quand prélever et avec quelle périodicité ?• Période conseillée :  la période de fin d’été constitue un bon compromis. C’est une période au cours de laquelle il est facile de circuler dans les parcelles. Les seuils d'interprétation du pH et des teneurs en phosphore et potassium ont été établis sur la base de prélèvements réalisés à cette période. Il est toutefois possible de réaliser les prélèvements en dehors de cette période, et notamment en sortie hiver. En revanche, il est impératif de conserver la même époque de prélèvement entre des analyses successives. Le prélèvement peut être réalisé dans une culture en place sans conséquence pour l’interprétation, mais avant tout apport d’engrais minéral ou organique.

Périodicité : le bon compromis pour la périodicité se situe autour de cinq ans pour détecter des tendances d'évolutions pluriannuelles. Des analyses plus rapprochées n'apporteront pas d’information plus précise. Il faut être rigoureux sur le choix de la période de prélèvement pour limiter les effets liés aux variations saisonnières. Si les teneurs observées sont très au-dessus des seuils satisfaisants, on peut espacer davantage les analyses.

Pas de bonne analyse sans prélèvement rigoureux

Les laboratoires d’analyse ne réalisent les différentes déterminations que sur quelques grammes de terre, or la masse sèche de la terre fine de la couche travaillée sur 20 à 25 cm représente de l’ordre de 2000 à 4000 tonnes par hectare selon sa pierrosité. Ces quelques grammes doivent donc être représentatifs de ces milliers de tonnes de terre.

Afin d’assurer la représentativité de l'échantillon par rapport à la zone prélevée, la mesure au laboratoire sera réalisée sur un échantillon issu du mélange de 14 à 15 carottes élémentaires prélevées au champ. Lors du mélange, les cailloux supérieurs à 2 cm devront être éliminés. L’échantillon final doit faire environ 300 à 500 grammes, selon le menu d’analyses demandé.

Il est conseillé de réaliser une analyse de terre pour 5 à 10 hectares selon la variabilité des sols. Dans le cas de parcellaires de faible taille, il est conseillé d’en réaliser une par parcelle à moyen terme. À court terme, cependant, il est possible de faire des choix et de rattacher les parcelles non analysées à celles analysées selon des critères d’allotement. Ces critères sont de trois types : ceux liés au type de sol (calcaire ou pas, caillouteux ou non, texture argileuse, limoneuse ou sableuse), ceux liés à l’histoire culturale des dix dernières années (rotations et régimes de fertilisation proches ou non de ceux de la parcelle analysée) et ceux liés à la « pression » organique des vingt dernières années (types de produits organiques apportés et fréquences d’apports proches ou non). C’est la combinaison de ces trois types de critères qui définit des lots de parcelles similaires auxquelles rattacher une même analyse de terre.

Le prélèvement doit être effectué sur la plus grande zone homogène de la parcelle. La surface concernée par les points de prélèvement sera suivie comme référence dans les années suivantes afin de suivre l’évolution des teneurs.

Voir le tableau au format PDF.

 

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