Bien récolter et assurer un stockage de qualité

Tout bon stockage exige la maîtrise des risques de dégradation, d’autant plus que la durée de conservation à la ferme se prolonge. L’apparition de points chauds, le développement de moisissures et la prolifération d’insectes constituent les trois principaux écueils à éviter, au risque de perdre la valeur marchande. Les deux conditions de base à réunir sont donc de stocker des grains suffisamment secs et d’abaisser leur température par paliers de ventilation successifs jusqu’à 10 voire 5°C, température à laquelle toute infestation d’insectes est éradiquée.

La ventilation de refroidissement utilise l’air ambiant. Démarrée dès la récolte (le grain peut alors atteindre une température de 35°C), elle est généralement conduite en deux ou trois paliers : le premier pour atteindre 20°C, le second visant 12°C et le troisième 5°C.

La ventilation de refroidissement n’est toutefois efficace que si la différence de température entre l’air et le grain se situe entre 7 et 10°C. Si la différence est moindre, les échanges thermiques vont être limités ce qui augmente d’autant le nombre d’heures  de ventilation et, donc, la consommation électrique. Alors qu’une différence supérieure à 15°C induit de la condensation sur les parois et au-dessus des cellules, sauf à la récolte où ce risque est moindre.

 

Bien s’équiper pour bien ventiler

Le bon équipement de ventilation à la ferme compte quatre éléments clés. Le ventilateur tout d’abord, car il constitue l’élément central du système de refroidissement des grains.

Pour être bien adapté, il doit posséder un débit spécifique suffisant (m³ d’air/h) pour refroidir le grain dans un délai court, c’est-à-dire en moins de 40 heures par palier de refroidissement. ll doit également générer une pression suffisante pour assurer le passage de l’air dans le réseau et dans le grain, et sa consommation d’énergie électrique doit être la plus faible possible.

L’outil Venti-LIS agri réalise des simulations à partir d’informations faciles à trouver sur les espèces stockées et leurs poids spécifiques, le type de stockage (cellule ronde ou rectangulaire, à plat avec gaine ou caniveau…), ses dimensions et la hauteur de grains stockés. Une fois ces données renseignées, l’utilisateur peut vérifier si le ventilateur dont il est équipé correspond bien à son installation actuelle. Il choisit parmi la liste de 300 ventilateurs de type agricole celui qu’il possède, et l’outil indique pour chaque espèce stockée le nombre d’heures nécessaires pour réaliser un palier, la consommation électrique par tonne refroidie, le réchauffage de l’air, le débit et la pression au point de fonctionnement. Les résultats sont présentés en tableau ou en graphes (PDF) pour être conservés, ce qui facilite la comparaison entre simulations.

Si l’utilisateur n’a pas encore de ventilateur, Venti-LIS l’aide à déterminer celui dont il a besoin en renseignant un élément complémentaire, la durée maximale de réalisation des paliers qu’il souhaite. L’outil va alors extraire de sa base les ventilateurs qui répondent à cette demande.

Second point à vérifier, le réseau de distribution d’air. Pour être performant, il doit offrir le moins de résistance possible au passage de l’air : idéalement, le taux de perforation doit dépasser 10 %.

Troisième composant de l’efficacité de sa ventilation, le système de thermométrie donne les moyens de suivre le bon déroulement des phases de ventilation, de surveiller la conservation des grains et de détecter précocement tout échauffement ponctuel. Enfin, installer un système de pilotage automatique de la ventilation couplé à un thermostat assure de profiter de toutes les heures efficaces - et uniquement des heures efficaces - pour ventiler. « Le coffret Sec-LIS déclenche automatiquement la ventilation dès que la température extérieure est suffisamment basse » précise Marine Cabacos, ingénieure au sein du pôle stockage des grain chez Arvalis. Un tel outil permet de profiter de tous les créneaux climatiques, essentiellement nocturnes, pour atteindre les paliers de refroidissement.
 

S’intéresser à ses pratiques pour progresser

Pour faire le point sur ses pratiques ou s’équiper, l’outil Venti-LIS audit conduit l’utilisateur à autoévaluer la situation de son exploitation selon quatre axes : le respect des bonnes pratiques d’hygiène, la maîtrise de la ventilation, la pratique d’une lutte intégrée contre les ravageurs et la maîtrise de l’énergie dépensée (figure 1). Développé par Arvalis avec la participation financière du ministère de l’Agriculture via les programmes CASDAR, cet outil est disponible sur la plateforme Venti-LIS.



« Pour apprécier au mieux la manière dont l’exploitation stocke ses grains, nous avons élaboré un questionnaire permettant de décrire les locaux et l’itinéraire de stockage, ce qui inclut les étapes de réception du grain, de ventilation, de lutte contre les ravageurs, de séchage le cas échéant, et d’expédition. à chaque question, plusieurs réponses sont proposées et il s’agit de choisir celle qui s’apparente le mieux à sa pratique. L’ensemble des réponses données permet d’identifier les points forts et de proposer des voies de progrès lorsque cela est pertinent » résume Katell Crépon, directrice de la plateforme « Métiers du grains » de Boigneville.

La plateforme Venti-LIS compte trois outils entre lesquels Venti-LIS audit fait le lien. Les fonctionnalités de Venti-LIS agri ont ainsi été intégrées à Venti-LIS audit pour vérifier la bonne adéquation du ventilateur aux conditions de stockage décrites. Les fonctionnalités de calcul de froid disponible pour la ventilation, intégrées à Venti-LIS diagnostic, ont été sollicitées pour permettre le calcul d’un indicateur de « risque insecte » dans Venti-LIS audit.

Ce  risque insecte » traduit en fait le risque existant de ne pas réussir à refroidir toutes les cellules de l’exploitation en dessous de 12°C, compte tenu de sa position géographique et des températures enregistrées dans sa région durant les 20 dernières années. « Par nature, l’outil est réducteur. Il ne peut refléter les particularités de chaque installation et ne remplacera jamais l’audit d’un expert qui se déplace physiquement sur le stockage. Mais l’utiliser permet de mieux comprendre les mécanismes en jeu, et aide à progresser dans ses pratiques, à identifier des pratiques ou des outils innovants, à alerter sur un risque qui n’avait pas été forcément perçu… » ajoute Katell Crépon.