Zoom sur la station Arvalis de Montaut-les-Créneaux

Blés tendres, blés de force, agriculture biologique, adaptation au changement climatique, associations céréale-légumineuse… La station Arvalis de Montaut-les-Créneaux (Gers) répond depuis près de trente ans aux problématiques agricoles du Sud-Ouest.
La station Arvalis de Montaut-les-Créneaux réalise ses essais dans des parcelles d’agriculteurs, en collaboration avec les coopératives locales.

La station Arvalis de Montaut-les-Créneaux réalise ses essais dans des parcelles d’agriculteurs, en collaboration avec les coopératives locales.

De nombreuses coopératives

Créée en 1962 au sein d’une ferme expérimentale, la station a emménagé en 1996 dans des locaux mis à sa disposition par la municipalité de Montaut-les-Créneaux (32). Les équipes de la station implantent les essais chez des agriculteurs de la région avec qui des relations de confiance mutuelle ont été créées. « De nombreuses coopératives (Val de Gascogne, Qualisol, Gersycoop…) maillent le territoire gersois » précise Clément Monnereau, ingénieur régional Sud-Ouest et responsable de la station. « Nous entretenons avec elles des échanges techniques importants. Certains essais sont d’ailleurs réalisés en collaboration avec elles. »

La station Arvalis de Montaut

Localisation : Montaut-les-Créneaux (32), Gers
Création : juin 1962
Surfaces : parcelles d’agriculteurs
Salariés permanents : 4, plus une assistante commune avec Montans
Système : céréalier, notamment bio
Activités : essais « Variétés », BAF, filière FQBT, agriculture biologique, désherbage et fongicides, adaptation au changement climatique, phénotypage.

Pédoclimat du Sud-Ouest

« Le Gers étant le département historique des blés de force, la station de Montaut a logiquement priorisé ses activités autour de la qualité de cette production » poursuit Clément Monnereau. « Nous animons le club FQBT qui réunit l’ensemble des maillons de la filière. Ce club permet de partager l’expertise et de dynamiser la filière Blé tendre de qualité, et d’identifier des variétés qui répondent aux attentes locales ainsi qu’au pédoclimat du Sud-Ouest. » Izalco CS, Bologna et Forcali sont aujourd’hui les variétés de blé de force les plus demandées par les meuniers pour leur qualité, mais des nouveautés viennent enrichir le Catalogue français – on compte trois nouvelles variétés rien que l’année dernière.

Montaut dispose également d’équipements de phénotypage pour évaluer les variétés. « Par exemple, la perche LITERAL permet d’estimer rapidement les biomasses, le taux de couverture et la densité d’épis, et le drone permet d’affiner certaines notations, aide à caractériser les parcelles d’essais, et appuie notre communication » précise Cédric Picard, technicien de la station depuis 24 ans et en charge de ces matériels.

Grandes cultures bio

Le Gers est le premier département produisant des grandes cultures bio.  Le besoin de références de la part des producteurs locaux était très important », se souvient Cédric Picard. « La décision de travailler sur le bio a été prise en 2019, après les Culturales 2018 de l’Isle-Jourdain. » Une part importante du programme expérimental de la station est ainsi dédiée au bio. « Nous venons en appui aux filières locales en évaluant les variétés pour l’AB et en explorant les associations de céréale et de légumineuse, précieuses sources complémentaires d’azote en bio », complète Clément Monnereau.

IRPP, un nouveau métier à Arvalis

Basée à Montaut, Chloé Descombe est l’une des cinq ingénieurs régionaux chargés de projets et partenariats ou IRPP - une fonction créée en 2020 à Arvalis. « L’IRPP divise son activité en deux temps. D’une part l’activité technique en tant qu’ingénieur régional et, d’autre part, l’activité «projet et partenariat». Concernant cette dernière, mon rôle est d’être l’interlocuteur technique entre l’Institut et les instances régionales. J’accompagne mes collègues régionaux dans le montage de projets de recherche, j’effectue une veille et un ciblage des guichets de financement correspondant aux projets que l’on souhaite déposer, et propose également un appui tout au long du déroulé des projets » précise-t-elle. Montaut pourrait potentiellement prendre part prochainement à plusieurs projets de recherche comme ADAPTE, déposé en Occitanie, ou EXQUALIDUR, projet d’ampleur nationale pour renforcer la souveraineté de la filière Blé dur.

« Concernant les thématiques techniques, je suis la personne référente en orge d’hiver pour la région Sud. Je traite également de thématiques telles que les biostimulants, le désherbage ou encore la biologie des adventices », ajoute-t-elle. Trois ans d’essais ont ainsi été menés entre 2019 et 2023 sur l’évaluation des biostimulants destinés à améliorer la défense des cultures vis-à-vis des maladies et des stress de fin de cycle tout en améliorant leur nutrition. Sur ces premières expérimentations avec de nombreux produits, aucun résultat significatif ne semble se dégager sur les céréales à paille.

Des légumineuses pour améliorer la nutrition azotée

En bio, une meilleure nutrition azotée est au cœur des enjeux de production de blé meunier. La station de Montaut s’est donc intéressée aux associations céréale-légumineuses annuelles : pois, féverole, lentille… Lorsque la légumineuse est détruite avant récolte, elle fournit de l’azote à la culture suivante, voire à la culture en place.

Le pois a été abandonné en AB car trop difficile à détruire mécaniquement, les vrilles s’accrochant à la céréale associée ; mais il continue d’être associé en conventionnel. En revanche, la féverole, dont la tige creuse fane très rapidement après destruction, est très intéressante. La lentille aussi : peu concurrentielle, elle peut, en bio, être récoltée avec le blé puis triée, et son prix de vente élevé améliore fortement la rentabilité à l’hectare. « La question des associations est très présente sur le territoire où l’on cherche à renforcer la robustesse des systèmes de culture » commente Clément Monnereau.

La station de Montaut travaille sur les problématiques locales

La station de Montaut dédie une partie de ses essais aux problématiques de la région : la septoriose et la rouille brune, en ce qui concerne les maladies. La résistance variétale joue un rôle essentiel en AB, mais aussi en conventionnel car c’est un moyen de réduire les traitements phytosanitaires. « Si la majorité des essais de Montaut concernent les variétés, principalement de céréales d’hiver mais aussi de sorgho, plusieurs essais sont dédiés à la protection des plantes », précise Bruno Eydoux, technicien rattaché lui aussi à Montaut depuis sa création, en charge de la mise en place des essais, du respect des protocoles et des normes de certification « Bonnes pratiques expérimentales » (BPE).

Le désherbage des graminées adventices

Le désherbage des graminées adventices est une autre thématique de recherche importante, tant pour l’AB que pour le conventionnel. Les essais étudient notamment la maîtrise de l’enherbement à l’aide du désherbage mécanique dans le contexte régional. Enfin, on y étudie l’adaptation au changement climatique, qui induit une variabilité de la qualité et du rendement en raison des stress thermiques et hydriques subis, surtout en fin de cycle. Quelles variétés se démarquent et conservent de bonnes performances en moyenne pluriannuelle ? Comment revoir l’itinéraire technique pour augmenter ces performances - en jouant, par exemple, sur la date de semis ? « Cette année, les pluies incessantes de l’automne n’ont pas permis de tester plusieurs dates de semis du blé tendre, et l’essai a été détruit », indique le responsable de station.

0 commentaire

Réagissez !

Merci de vous connecter pour commenter cet article.

Se connecter
Ou connectez-vous avec
Pas encore inscrit ?
Créer un compte
Vérification
Saisissez d’abord votre adresse email pour vous connecter ou créer un compte
Ou connectez-vous avec
Mot de passe oublié

Pour réinitialiser votre mot de passe, vérifiez votre adresse mail ci-dessous, cliquez sur Envoyer et suivez les instructions qui vous seront envoyées par mail.