Fongicides : l'heure est aux packs

Depuis début 2023, 12 substances actives conventionnelles luttant contre les maladies des céréales à paille sont arrivées en date limite d’approbation. Plusieurs spécialités restent en attente d’approbation. La seule vraie nouveauté de 2024, en biocontrôle, a prouvé son efficacité sur septoriose.
La gamme des matières actives disponibles en 2024 sera identique à celle de 2023,

La gamme des matières actives disponibles en 2024 sera identique à celle de 2023

Aucune nouvelle matière active n’est attendue en usage sur cultures au printemps 2024 sur les céréales. Les évaluations des substances candidates, engagées depuis plusieurs campagnes, se poursuivent au niveau européen.

Aucune décision d’approbation n’a encore été rendue concernant les deux nouvelles matières actives testées dans les essais Arvalis : le pydiflumétofène et le méthyltétrapol. À noter que lors de la dernière campagne d’évaluation, l’association pydiflumétofène (125 g/l) + prothioconazole (150 g/l) proposée par Syngenta a confirmé sa très bonne efficacité contre la septoriose en blé tendre d’hiver (81 %).

Au délai d’approbation de la substance active viendra s’ajouter le temps nécessaire à l’obtention de l’autorisation de mise au marché des formulations fongicides : tant qu’une matière active n’est pas approuvée, les demandes d’autorisations zonales ne peuvent pas être déposées. Les réévaluations des douze substances actives précédemment autorisées mais arrivées en date limite de validité de leur précédente approbation depuis le début de l’année 2023 se poursuivent.

Pour plusieurs substances, des études complémentaires ont été demandées, réalisées et soumises par les firmes dans la plupart des cas. Dans l’attente des décisions, une prolongation d’approbation des substances actives arrivées à échéance a été accordée jusqu’à de nouvelles dates qu’il faut considérer comme administratives. En effet, dans le cas où l’approbation de l’une de ces substances ne serait pas renouvelée, la publication de la décision de retrait pourrait être accompagnée de restriction ou d’interdiction d’usage, ou d’un calendrier d’interdiction de vente avant la date de sursis indiquée.

Il avait été annoncé en février 2023 par la Première ministre au Salon de l’agriculture : le chantier de planification écologique sur les produits phytopharmaceutiques a bien été lancé en avril 2023. Son objectif est d’anticiper les retraits de substances actives protégeant les cultures, de cibler les usages les plus menacés, d’identifier et de déployer les alternatives disponibles matures, mais aussi d’intensifier le développement de solutions alternatives, avec une approche par filière. Les instituts techniques y sont associés, et les bases de plans d’actions sont en cours de rédaction.

DISTANCES DE SÉCURITÉ « RIVERAINS »
Pour s’y retrouver, bientôt une applet gratuite !


La distance de sécurité des personnes présentes et des résidents (DSPPR) est plus souvent connue sous le terme de sécurité « riverains ».
La DSPPR spécifique est souvent précisée dans l’autorisation de mise sur le marché (AMM) du produit phytopharmaceutique et reste la référence incontournable. Si tel n’est pas le cas, il convient de se référer aux points suivants :
• Les produits comprenant la mention de danger H300, H310, H330, H331, H340, H350, H350i, H360, H360F, H360D, H360FD, H360Fd, H306Df, H370 ou H372, ou contenant une substance considérée comme ayant des effets perturbateurs endocriniens, sont soumis à une distance de sécurité incompressible de 20 mètres. Ils font l’objet d’une liste mise à jour sur le site du ministère de l’Agriculture (DGAL, https://agriculture.gouv.fr) ; la dernière mise à jour (21/11/2023) est disponible sur http://arvalis.info/2oc.
• Les produits classés CMR2 portant les mentions H341, H351 ou H361 sont soumis à une distance de sécurité incompressible de 10 mètres. Ils font l’objet d’une liste dont la dernière mise à jour par la DGAL (juin 2023) est disponible sur http://arvalis.info/2od.
• Les produits de biocontrôle de la liste française (disponible sur http://arvalis.info/2oe), auxquels s’ajoutent certains produits répondant à la définition du biocontrôle sans être dans cette liste (comme le cuivre) ainsi que les produits composés d’une substance à faible risque ou d’une substance de base approuvée (listes européennes) sont exemptés de distance de sécurité*.

Pour les produits et les usages n’entrant dans aucun des cas précédents, une distance de sécurité forfaitaire de 5 mètres s’applique. Cette distance peut être réduite à 3 mètres si deux conditions sont réunies : d’une part, l’existence d’une charte d’engagements approuvée par le préfet, et d’autre part, l’utilisation d’un ou plusieurs moyens permettant de réduire la dérive. La liste des matériels homologués est à consulter sur http://arvalis.info/2of.

Cette réglementation particulièrement complexe conduit Arvalis à concevoir une applet gratuite qui sera disponible en mars 2024.
* Plus d’informations sur https://agriculture.gouv.fr/distances-de-securite-pour-les-traitements-phytopharmaceutiques-proximite-des-habitations.

Du nouveau en biocontrôle…

Côté innovations produits, signalons tout d’abord une nouvelle offre de biocontrôle : l’AQUICINE DUO, qui a reçu son autorisation de mise au marché en mars 2023 pour un usage contre la septoriose des blés. Formulation prête à l’emploi associant 300 g/l de phosphonates de potassium et 600 g/l de soufre, AQUICINE DUO sera disponible dès ce printemps.

Testée dans les essais Arvalis depuis deux ans, cette solution a montré son efficacité pour réduire les symptômes de septoriose. Son positionnement optimal est en T1, lorsqu’un traitement est nécessaire pour contrôler le démarrage précoce de la septoriose sur les variétés moins résistantes.

En cas de développement de rouille jaune, il faudra lui associer un partenaire efficace contre cette maladie. Lancée par De Sangosse il y deux ans, PYGMALION (755 g/l de phosphonates de potassium) poursuit son développement, en association extemporanée avec du soufre, un fongicide de synthèse. Dans la cadre réglementaire des substances de base, Adama propose par ailleurs un chlorhydrate de chitosane sous le nom de CHARGE.
 

Après une quasi-absence durant six ans, la ramulariose a été davantage remarquée en 2023 en orges d’hiver dans la moitié nord de la France. Et sa pression a été élevée dans le Sud-Ouest.
Après une quasi-absence durant six ans, la ramulariose a été davantage remarquée en 2023 en orges d’hiver dans la moitié nord de la France. Et sa pression a été élevée dans le Sud-Ouest.

 

... et beaucoup de packs en conventionnel

 Des essais ont été conduits avec de nouvelles formulations développées par diverses firmes. À base de substances actives déjà utilisées pour la plupart, ces compositions mettent en œuvre les modes d’action IDM (FRAC 3), SDHI (FRAC 7), QoI (FRAC 11), QiI (FRAC 21) ou encore multisites (FRAC M04, M02, P07). SESTO (folpel 500 g/l) d’Adama a obtenu une extension d’usages sur orges, ce qui ajoute une solution avec un mode d’action multisite (FRAC M04) pour lutter contre le complexe parasitaire de cette culture, et notamment la ramulariose. Parmi les offres fongicides de synthèse lancées en 2024, cinq formulations ont nécessité une nouvelle autorisation de mise sur le marché (AMM) :

  • Une association de deux SDHI (FRAC 7) est lancée par Bayer sous le nom de SILVRON (100 g/l de bixafène + 100 g/l de fluopyram) pour des usages sur blés, orges et seigle.
  • L’offre IDM (FRAC 3) s’étoffe d’une triazole assez peu utilisée sur céréales, le difénoconazole à 250 g/l (GRETEG de Syngenta), et d’un générique de plus en prothioconazole, le NEBBIA d’UPL (250 g/l).
  • Des offres QoI (FRAC 11) viennent compléter les gammes de Life Scientific avec LS PYRAC, qui a obtenu son AMM avec un dossier d’exactitude du COMET 200 de BASF (pyraclostrobine à 200 g/l), et d’UPL, avec ZOXIS NEO, un générique apportant 250 g/l d’azoxystrobine. Le nombre de propositions de packs associant des produits complémentaires propres à la firme considérée ou issus d’accord commerciaux croisés est en fort développement.

Des accords entre firmes visent à contribuer au développement de solutions déjà existantes, le plus souvent sous un second nom et en offres packs : bromuconazole 300 g/l (WASAN de Philagro = AKONPLI en packs Bayer = NINEVI en packs Syngenta), pyraclostrobin 200 g/l (COMET 200 de BASF = QUIBILIUM en packs Bayer), fenpicoxamide 50 g/l (QUESTAR de Corteva = JESSICO ONE en packs Bayer) et folpel 500 g/l (SESTO d’Adama = MIRROR en packs Syngenta).

Rappelons enfin que la fenpicoxamide a été homologuée en 2022, et que les associations à base de fenpicoxamide confirment leur bonne efficacité sur septoriose. Les souches de septoriose n’ont, en effet, pas encore développé de résistance vis-à-vis de cette substance active récente ; afin de préserver son efficacité, ne l’appliquer qu’une seule fois par campagne, entre début et fin-floraison du blé. La fenpicoxamide a également une action sur les rouilles brune et jaune, mais avec une efficacité moyenne.

1 commentaire

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  • Bonjour,
    Bien dommage ces packs ,on prend les agris pour des idiots en créant ces packs pour bien les embrouiller,pourquoi ne peut on pas avoir les matières actives seules ?
    Ce n'est pas comme ça qu'on avancera et que les agriculteurs seront indépendants et utiliseront moins de phyto.
    Bien triste cette évolution

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