Utiliser du soufre au T1 nécessite quelques précautions d’usage

Si un premier traitement (T1) s’avère nécessaire, le soufre a un rôle à jouer - en veillant à respecter quelques règles essentielles à sa bonne application, rappelle Benjamin Perriot, ingénieur chez Arvalis.

Perspectives Agricoles : Pourquoi le soufre peut-il poser des difficultés d’application ?

Benjamin Perriot : Le soufre a démontré son efficacité sur septoriose lors d’attaques faibles à modérées, en l’utilisant au T1 soit seul, soit avec un triazole. Sa forme, des granulés dispersables ou une suspension concentrée, et son dosage, de 1 à près de 2400 g/ha (bien plus faible qu’en arboriculture ou en viticulture), limitent les risques de bouchage et les difficultés de rinçage rencontrés avec les poudres. Néanmoins, il convient d’être vigilant afin de ne pas se retrouver confronté à ce type de problème, que la formulation soit solide ou liquide. Une bouillie avec une dose de soufre est plus difficile à homogénéiser que les produits de synthèse habituellement utilisés. Des expérimentations sont en cours chez Arvalis pour tester différents volumes de bouillie et savoir si la concentration en soufre influence la fluidité. Comme pour tous les produits foliaires, il faut maximiser la surface de couverture. Concernant le soufre, les premières estimations tendent à conclure qu’un volume minimal de 80 l/ha avec des buses à injection d’air répond à cette exigence.


P. A. : Comment limiter les risques de bouchage ?

B. P. : Lors du remplissage du pulvérisateur, les produits sous forme de granulés dispersables sont à introduire avec un incorporateur sec. La présence d’eau peut entraîner la formation de grumeaux. Si le produit est ajouté par le trou d’homme, l’agitation doit être en fonctionnement ; il faut aussi le verser progressivement afin d’éviter la formation d’un amas au fond du pulvérisateur. Au moment de la pulvérisation, un soin particulier doit être apporté à la filtration. Il est conseillé de retirer les filtres de buses, sujets au bouchage et à de fréquentes manipulations. Un filtre à l’aspiration de la pompe (25 à 30 mèches), un au refoulement (50 à 60 mèches) et un par tronçon (80 à 100 mèches) suffisent. Par ailleurs, l’angle des buses peut avoir une influence. Avec des buses à fente classique, privilégier un angle de 80°, moins sensible au bouchage que l’angle de 110°. Les buses à injection d’air étant composées d’une pastille de calibrage, l’angle a moins d’incidence sur le bouchage.

P. A. : Quelles précautions faut-il prendre lors du rinçage ?

B. P. : L’objectif est d’éviter tout dépôt de produit sec qui sera plus difficile à enlever, en particulier dans la tuyauterie, et qui risque de se détacher ensuite. Il est donc important de rincer immédiatement le circuit d’incorporation après la préparation de la bouille. Il est conseillé de rincer le pulvérisateur après chaque utilisation du soufre. Lors de la pulvérisation, au fur et à mesure que le niveau de bouillie baisse, des dépôts blanchâtres peuvent apparaître sur les parois de la cuve. Ces dépôts sèchent et sont difficiles à remettre en solution avec l’eau de rinçage. Les expérimentations en cours permettront également de définir le temps à ne pas dépasser avant une remise en solution. Par précaution, et en attente de nouveaux résultats, nous recommandons d’effectuer un rinçage dans les deux heures qui suivent l’application. Des détails sur le rinçage et les quantités d’eau nécessaires sont disponibles en utilisant l’outil « fond de cuve » à consulter gratuitement sur la page internet http://oad.arvalis-infos.fr/fondcuve.

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