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Eaux usées traitées : une ressource sous-exploitée en irrigation
L’objectif de l’utilisation d’eaux issues du traitement d’épuration des eaux résiduaires urbaines pour l’irrigation des cultures ou des espaces verts est multiple. Il s’agit de sécuriser l’approvisionnement en eau pour l’activité agricole et fournir une nouvelle source de disponibilité en eau, notamment pour l’agriculture. La réutilisation des eaux usées traitées (REUT) limite en outre les impacts des rejets des stations d’épuration des eaux usées en valorisant, notamment les fertilisants contenus dans cette ressource.
En France, seules 0,6 % des eaux usées traitées sont actuellement utilisées pour l’irrigation, alors qu’en Italie, 8 % de celles-ci sont recyclées, 14 % en Espagne - et 80% en Israël !
La réglementation qui encadre la réutilisation des eaux usées traitées est en cours d’évolution. Un règlement européen paru en mai 2020 - pour une application en juin 2023 - redéfinit les exigences minimales d’utilisation, la qualité de l’eau exigée, les modalités de surveillance et la gestion des risques.
Une classe de qualité pour chaque utilisation
Actuellement, quatre classes d’eau sont déterminées, notées de A à D. Les cultures consommées crues nécessitent la qualité la plus élevée (A), tandis que pour les cultures transformées ou lorsque l’eau n’entre pas en contact avec la culture (comme pour l’irrigation de la vigne au goutte-à-goutte), il est possible d’irriguer avec une eau de qualité C.
Chaque catégorie est assortie de règles d’usages strictes autorisant ou non certaines pratiques : distance à des points sensibles, topologie du sol, techniques d’irrigation…
Pour l’irrigation agricole, le nouveau règlement européen se substituera immédiatement à la réglementation française dès son entrée en vigueur. Les autres usages resteront de la responsabilité de chaque État membre.
Les classes d’eau demeurent (tableau 1). En revanche, les critères sanitaires permettant de les atteindre sont nettement renforcés, de même que les contrôles de conformité et l’efficacité des traitements. Ainsi la classe B européenne correspond plus ou moins à la classe A française actuelle.
En contrepartie, les contraintes d’usage, obligatoires dans la législation française actuelle, disparaissent. Elles font cependant place à la notion de « barrières » (étape de traitement supplémentaire, prise en compte des risques, etc.) afin d’adapter le dispositif de réutilisation des eaux usées traitées aux contraintes locales.
Dans tous les cas, chaque projet de REUT doit être autorisé par l’Agence régionale de santé (ARS) qui statue sur la base d’un dossier administratif et financier.
Quels sont les bénéfices et les risques ?
En Limagne , 55 exploitations céréalières irriguent depuis 1996 leurs cultures (750 ha) grâce à l’eau recyclée d’une sucrerie et de la station d’épuration de Clermont-Ferrand. L’objectif est ici d’alimenter en eau le réseau d’irrigation de la Limagne Noire, privée de ressources souterraines et trop éloignée de la rivière Allier.
Des projets de recherche sur cette question sont également en cours. L’UMR G-Eau (INRAE-Montpellier) a notamment développé une plateforme expérimentale de réutilisation des eaux usées traitées sur vigne afin « d’étudier la faisabilité technique et d’évaluer les impacts agronomiques, sanitaires et environnementaux d’une filière de REUT par l’irrigation en goutte-à-goutte, dans le but de réduire la pression de pollution sur le milieu sensible »(1).
Les risques associés à la réutilisation des eaux usées traitées sont beaucoup liés à la qualité de l’eau utilisée pour irriguer, qui peut être variable. C’est pour cette raison qu’une analyse de la qualité de l’eau est nécessaire à tout projet de REUT.
(1) Plus d’informations sur http://arvalis.info/27b
EN SAVOIR PLUSPour connaître d’autres projets de REUT ou savoir comment s’est monté le projet en Limagne, téléchargez le PDF sur http://arvalis.info/27c
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