Comment protéger les céréales à paille de la JNO ?

La protection des céréales à paille contre la jaunisse nanisante de l’orge repose sur la lutte préventive puis, si besoin, sur la lutte directe contre les pucerons vecteurs de virus. Nathalie Robin, spécialiste de la protection contre la JNO chez Arvalis, rappelle les mesures à prendre.
Prévenir les risques de JNO

Perspectives Agricoles : Quels facteurs influencent la présence des pucerons ?
Nathalie Robin : L’activité des insectes est directement dépendante des conditions météo. Leur activité de vol, qui les conduit dans les parcelles, est stimulée par des températures supérieures à 12°C, en l’absence de pluie. Puis l’intensité du développement des populations, par parthénogénèse, s’accroit avec l’élévation de la température. Il ne s’agit donc pas d’intervenir au regard de la campagne précédente mais bien en fonction des conditions de l’automne et des infestations réellement présentes dans les parcelles. La surveillance au champ doit être assidue à l’automne et prolongée jusqu’aux premiers gels prononcés

P. A. : Quelles sont les mesures de prévention à mettre en œuvre ?
N.R. : La première action est de réduire la présence des plantes hôtes réservoirs à virus, comme les repousses d’orge, de blé et les graminées sauvages. L’objectif est d’abaisser le risque de contamination des jeunes semis par des insectes ayant acquis le virus sur des plantes infectées. Il est ensuite fortement conseillé d’éviter les semis précoces qui augmentent le niveau des infestations et le temps de présence des insectes sur la culture. Un point important est ainsi de respecter les dates de semis recommandées régionalement pour diminuer les risques de forte nuisibilité de la JNO. Sur orge d’hiver, une autre solution très efficace est le choix de variétés tolérantes à la JNO. Ce choix est à associer au respect des dates de semis préconisées pour ne pas exposer inutilement ces variétés et, de plus, éviter les cicadelles vectrices de la maladie des pieds chétifs. Concernant le blé, des différences de sensibilité variétale à la JNO ont été mises en évidence, mais ces travaux doivent être approfondis avant de pouvoir utiliser ce levier. Les mesures de prévention sont d’autant plus importantes que la surveillance des parcelles est difficile à réaliser, en cas d’éloignement par exemple.

P. A. : Lorsqu’un traitement est nécessaire, comment procéder ?
N. R. : Les traitements disponibles, à base de pyréthrinoïdes, agissent par contact : toute application préventive est donc inutile. Il s’agit d’intervenir à bon escient pour préserver l’efficacité de cette famille chimique et ne pas favoriser l’apparition de phénomène de résistance. Au sujet du choix de la date d’intervention, la notion de seuil de traitement est particulièrement délicate car la nuisibilité des pucerons varie en fonction de leur charge virale, de leur capacité à transmettre les virus, des caractéristiques des virus et de la sensibilité de la culture. Excepté les variétés d’orge tolérantes à la JNO, qui sont protégées contre l’infection virale et ne nécessitent pas de traitement aphicide, nous recommandons d’intervenir quand 10 % des plantes portent au moins un puceron, ou quand leur présence se prolonge pendant plus de dix jours. Lorsque les plantes sont tallées, les observations sont plus difficiles : les pucerons sont davantage cachés à la base des plantes mais ne sont pas pour autant dépourvus de nuisibilité. Une intervention même un peu tardive par rapport aux recommandations est préférable à l’absence de toute intervention, surtout si la météo reste longtemps favorable aux pucerons. Dans cette situation, des essais ont montré qu’il est possible de traiter, sans perte d’efficacité, jusqu’à dix jours environ après l’observation de plus de 10 % de plantes avec puceron. Face à des vols prolongés et de nouvelles infestations tardives, une deuxième intervention peut être nécessaire. Là encore, il s’agit de bien observer les plantes avant de traiter et de garder un œil sur le thermomètre : seuls plusieurs jours successifs de gel mettront fin de façon irrémédiable à l’activité des pucerons.

Propos recueillis par Benoît Moureaux
b.moureaux@perspectives-agricoles.com

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