Chrysomèle du maïs : des recommandations de gestion adaptées selon l’abondance de population

La chrysomèle du maïs poursuit sa progression au niveau du territoire, mais avec une incidence toujours aussi variable selon les régions. Pour autant, il ne s’agit pas d’une fatalité car il existe des moyens pour continuer à cultiver du maïs malgré la présence de ce ravageur.
Chrysomèle du maïs : des recommandations de gestion adaptées selon l’abondance de population

Au sommaire :• Passer à une autre culture que le maïs si les captures dépassent 5 adultes par jour et par piège chromatique
• En dessous de 5 captures par jour par piège chromatique : poursuivre la rupture de la monoculture au moins une fois tous les 4 ans
• En cas de captures significatives sur piège à phéromone : rompre la monoculture de maïs une fois tous les 5 ou 6 ans
• Maintenir la surveillance dans les zones propices à l’installation de la chrysomèle du maïs

Passer à une autre culture que le maïs si les captures dépassent 5 adultes par jour et par piège chromatique

Dans la grande majorité du territoire d’Alsace et dans de nombreux secteurs de Rhône-Alpes (marais de Bourgoin-Jallieu, vallée du Grésivaudan et Combe de Savoie notamment), les populations de chrysomèle du maïs sont désormais abondantes. La surveillance des adultes doit être réalisée à l’aide de pièges chromatiques - ou pièges jaunes - dans le but de piloter le risque à la parcelle pour l’année suivante (tableau 1).

En cas de forte population, les larves vont occasionner des dommages au système racinaire du maïs, ce qui augmentera l’exposition de la plante au stress hydrique et à un risque de verse. Les dégâts économiques seront proportionnels à l’abondance de larves d’une part, et dépendront des conditions climatiques d’autre part.

Il n’existe cependant pas encore de référence permettant d’établir un lien entre le niveau de captures et le risque de nuisibilité de la chrysomèle du maïs pour les conditions pédoclimatiques françaises. Par conséquent, il est proposé de se référer aux valeurs-guides utilisées dans les pays confrontés à ce ravageur depuis de longues années, comme aux Etats-Unis et en Italie. Ces valeurs vont de 5 adultes capturés par piège par jour aux Etats-Unis (maïs non irrigué cultivé en sol profond) à 10-15 adultes / piège / jour en Italie (maïs irrigué, indices de précocité de la variété plus élevés). En attendant de pouvoir préciser les valeurs-guides pour chacune des situations françaises, il est donc recommandé de ne pas cultiver de maïs dans la parcelle lorsque les captures ont dépassé 5 adultes / piège / jour (soit plus de 630 captures au total pour 3 pièges et 6 semaines de surveillance) l’année précédente. Dans ces situations, en cas de nouvelle culture de maïs, le risque de nuisibilité de la chrysomèle est élevé même si une protection insecticide est appliquée au semis.

Tableau 1 : Recommandations techniques pour gérer le risque chrysomèle sur le maïs grain et le maïs fourrage selon le nombre de captures d’adultes sur pièges chromatiques au cours de l’année précédente
Secteurs concernés : Alsace, Rhône-Alpes (vallée du Grésivaudan, marais de Bourgoin-Jallieu, Combes de Savoie)

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* Valeurs indicatives. Les seuils pratiqués dans d’autres pays oscillent entre 5 (aux Etats-Unis sous conditions pluviales) et 10-15 adultes / piège / jour (en Italie sous conditions d’irrigation non limitantes). Ces valeurs restent à préciser pour les différents contextes pédoclimatiques rencontrés en France.
** Une protection insecticide appliquée au semis peut éventuellement être mise en œuvre pour réduire le nombre d’adultes qui émergeront de la parcelle. Dans le cadre de la protection contre la chrysomèle du maïs, un insecticide n’est pas justifié pour la culture de maïs de l’année N si la culture de l’année N-1 n’est pas du maïs ou si la culture de l’année N+1 ne sera pas du maïs

En dessous de 5 captures par jour par piège chromatique : poursuivre la rupture de la monoculture au moins une fois tous les 4 ans

Lorsque les captures sont inférieures à 5 adultes / piège / jour, la culture du maïs demeure envisageable l’année suivante, tout en poursuivant le rythme de rupture de la monoculture initié depuis plusieurs années. Ce levier reste en effet le plus efficace car l’insecte a besoin de consommer des racines de maïs durant son stade larvaire pour accomplir son développement. En absence de maïs au cours du printemps qui suit les pontes (déposées l’été précédent), la quasi-totalité de la population de chrysomèle du maïs présente dans la parcelle sera anéantie. Une seule année suffit pour détruire près de 100 % de la population et assainir la parcelle. Cependant, lorsque du maïs sera à nouveau cultivé, des adultes de chrysomèle provenant des parcelles environnantes viendront à nouveau déposer des œufs dans la parcelle, et la population augmentera au fil des années.

Si les captures sont comprises entre 0,5 et 5 adultes / piège / jour (soit environ 60 à 630 adultes sur les six semaines de suivi) avec trois pièges chromatiques, une protection insecticide au semis peut contribuer à limiter le nombre d’adultes qui vont émerger de la parcelle protégée. Les essais d’ARVALIS mettent en évidence une efficacité variant de 50 % pour Force 1,5G (12,2 kg/ha) à 30 % pour les autres solutions tels que Karaté 0,4GR (15 kg/ha) ou le traitement de semence Force 20CS. Pour les produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes, nos résultats d’essais de protection contre la chrysomèle du maïs ne mettent pas en évidence de différence d’efficacité entre application avec ou sans diffuseur (contrairement aux résultats de nos essais ciblant les taupins). Le recours à une protection insecticide au semis permet de cultiver du maïs une voire deux campagnes de plus avant de devoir envisager une culture alternative dans la parcelle. Dans le cas où la protection insecticide ne cible aucun autre ravageur que la chrysomèle du maïs, elle n’est pas justifiée s’il s’agit de la première année de culture de maïs (pas de capture dans la parcelle l’année précédente !) ou si la culture de maïs sera suivie d’une autre culture que du maïs l’année suivante.

Parallèlement à la lutte directe, il convient d’adapter l’itinéraire technique du maïs pour que les dégâts occasionnés par les larves aient une nuisibilité limitée. Pour cela, toutes les mesures favorisant la rhizogenèse du maïs seront bénéfiques : préparation du sol soignée, semis précoce et apport d’engrais starter (et pas seulement de la stimulation !) favoriseront le développement des racines.

Perturber l’installation du ravageur dans les quelques foyers recensés dans le Sud et en Ile-de-France

Ailleurs en France, les foyers ayant fait l’objet d’une détection d’insectes sont principalement situés en Nouvelle-Aquitaine et en Ile-de-France. Dans ces secteurs, les populations s’installent et le nombre de parcelles ayant fait l’objet de captures de chrysomèle du maïs est désormais trop élevé pour imaginer mettre en place des mesures visant l’extinction de ces foyers. Si les éventuels dégâts ne sont pas envisagés à courte échéance, il est opportun :

  • de poursuivre la surveillance en continuant le déploiement de pièges à phéromone afin d’avoir un suivi des populations de chrysomèle du maïs dans l’espace et dans le temps,

  • de ne pas cultiver de maïs en 2023 dans les parcelles où les plus fortes captures ont eu lieu en 2022. Lorsque cette mesure peut être mise en place, elle présente un grand intérêt pour gêner l’installation du ravageur.

Maintenir la surveillance dans les zones propices à l’émergence de chrysomèle

Enfin, dans les zones géographiques a priori non infestées à ce jour, il est recommandé de poursuivre la surveillance de la chrysomèle du maïs en positionnant des pièges à phéromone en priorité dans les parcelles de maïs situées à proximité immédiate d’une aire de stationnement, d’une zone industrielle avec trafic routier ou aéroportuaire, d’une zone touristique… car il s’agit souvent de point d’entrée de la chrysomèle du maïs dans un nouveau territoire.

Tableau 2 : Recommandations techniques pour gérer le risque chrysomèle sur le maïs grain et le maïs fourrage selon le nombre de captures d’adultes sur pièges à phéromone au cours de l’année précédente
Secteurs concernés : Toute la France (sauf les régions Alsace et Rhône-Alpes)

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