Carences en oligo-éléments : du diagnostic à la stratégie de correction

Les effets d’une carence en oligo-éléments peuvent être fortement préjudiciables pour les cultures. Ce sont donc des fertilisants parfois nécessaires et, sur la base d’outils de diagnostic bien au point, ils peuvent être pris en compte lors de l’établissement d’une fumure.

Les oligo-éléments, jadis appelés éléments mineurs, sont des éléments nutritifs présents en faibles quantités dans le sol et absorbés en faibles quantités par les plantes. Nombre d’études ont montré leur importance dans le fonctionnement de la plante : respiration des cellules (fer, cuivre), photosynthèse (fer, cuivre et manganèse), synthèse des protéines (fer, zinc) et des hormones (zinc, bore), absorption de l’azote (fer, cuivre, molybdène)…

Les oligo-éléments pouvant poser problème en grandes cultures sont le fer (Fe), le manganèse (Mn), le zinc (Zn), le cuivre (Cu), le bore (B) et le molybdène (Mo). Les céréales à paille sont particulièrement exigeantes en cuivre et en manganèse, et le maïs, en zinc et en manganèse.

Avant toute chose, le diagnostic

La loi des facteurs limitants, établie par Liebig en 1850 (encadré), est l’un des principes les plus importants de l’agronomie. Cette théorie sur l’alimentation minérale des plantes stipule que le niveau de production d’une culture est fixé par l’élément nutritif le plus limitant. Autrement dit, le rendement d’une culture est limité par l’élément nutritif qui vient à manquer en premier, et ce quel que soit le niveau de fertilisation des autres éléments. Les oligo-éléments n’échappent pas à la règle. Les apports d’oligo-éléments ne doivent donc pas être automatiques, mais réfléchis après un diagnostic des facteurs limitants.

Le principe des facteurs limitants

La loi de Liebig est couramment illustrée par un tonneau où chaque latte représente la disponibilité des éléments nutritifs, et la hauteur d’eau, le rendement de la culture. La hauteur d’eau dans le tonneau (le rendement) est fixée par la hauteur de la latte la plus basse (le facteur limitant) et ce, quelle que soit la hauteur des autres lattes.

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Le diagnostic d’une carence en oligo-éléments commence bien souvent par une reconnaissance visuelle de symptômes caractéristiques. Ce premier niveau de diagnostic doit suivre une démarche bien définie : commencer par analyser la forme des zones touchées dans la parcelle, puis l’état général de la plante et enfin les symptômes sur feuilles. Une analyse de plante viendra par la suite confirmer, ou infirmer, ce diagnostic visuel.

Toutes les carences ne se manifestent pas par des symptômes visuels. Dans ce cas, seule l’analyse permet de poser un diagnostic. L’analyse de plante fournit un diagnostic annuel de nutrition en manganèse et zinc. L’analyse de sol produit un diagnostic de la disponibilité du cuivre, zinc, bore et molybdène, et doit être réalisée régulièrement dans les sols présentant un risque de carence.

Distinguer la carence vraie de la carence induite

Lorsqu’une carence en oligo-élément a pour cause une teneur insuffisante de l’élément, on parle de carence vraie. Dans ce cas la seule action correctrice possible est de compléter l’offre du sol par un apport de cet oligo-élément.

Cependant, beaucoup de carences sont rencontrées dans des situations où la teneur du sol ne fait pas défaut. En effet, la phytodisponibilité des oligo-éléments peut être altérée par des facteurs environnementaux : un déséquilibre entre éléments (par exemple entre phosphore et zinc, ou entre phosphore et cuivre), ou des propriétés physico-chimiques du sol particulières telles qu’un pH élevé pour le manganèse, ou encore la teneur en matière organique pour le cuivre et le manganèse (voir l’article suivant). La structure du sol l’altère également, comme un sol soufflé pour le manganèse ou un sol tassé pour le zinc, mais aussi les conditions climatiques ; par exemple, le froid favorise l’apparition de symptômes de carence en zinc sur maïs.

On parle alors de carences induites. Dans ce cas, il convient de corriger la carence, mais aussi de corriger si possible la cause environnementale qui induit la carence. Par exemple, on évitera de créer un sol soufflé en surface en cas de risque de carence en manganèse, favorisée par l’excès d’aération, ou de changer de stratégie de chaulage en cas de carence en manganèse induite par du surchaulage.

Quelle stratégie de correction ?

Une fois le diagnostic posé, plusieurs stratégies de correction sont souvent possibles. En cas de carence sévère, une application foliaire est recommandée pour une correction rapide. Dans certains cas, plusieurs applications peuvent être nécessaires. Dans les contextes présentant des carences récurrentes, des apports au sol peuvent être envisagés. Les doses recommandées couvriront alors les besoins pour plusieurs années et ne seront renouvelées qu’après contrôle par une analyse de terre.

Il ne faut pas investir au hasard. L’apport de « cocktails » d’oligo-éléments est à proscrire, en particulier les mélanges cuivre-zinc-manganèse (figure 1). En effet, mieux vaut cibler l’oligo-élément qui fait défaut. En cas de double carence, il est préférable de corriger l’une par un apport au sol, et l’autre par une application foliaire.

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On constate peu d’écart entre produits à doses équivalentes, notamment en foliaire. En dessous des doses préconisées, la réponse des produits est proportionnelle à la dose apportée, quel que soit le produit. Enfin, pour les contextes de polyculture-élevage, il est important de tenir compte des apports d’oligo-éléments par les PRO (voir l’article page 52, « Produits résiduaires organiques »).

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