Ravageurs du maïs : anticiper la protection des parcelles

Les dégâts occasionnés par les ravageurs étant variables d’une année à l’autre, il faut établir en amont une stratégie de protection selon les risques identifiés. Taupins, géomyze, corvidés et chrysomèle du maïs sont plus particulièrement à surveiller. Leur importance diffère selon les régions.
lutte contre les ravageurs du maïs en début de campagne

Contre les taupins, premiers ravageurs du maïs, davantage présents dans le sud-ouest et l’ouest de la France, le choix des solutions de protection demeure limité entre les différents produits microgranulés à base de cyperméthrine (Belem 0.8Mg, Daxol) ou de lambda-cyhalothrine (Karaté 0.4Gr, Trika Lambda, Ercole, etc.).

Ces solutions, lorsqu’elles sont appliquées avec un diffuseur de microgranulés apportent des efficacités globalement comparables dans la grande majorité des essais réalisés par Arvalis. L’application de produits microgranulés sans diffuseur présente une efficacité de l’ordre de 30-35 % seulement. Le produit Force 1,5G (téfluthrine) demeure autorisé pour la protection du maïs mais l’utilisation du diffuseur n’est pas compatible avec les recommandations d’emploi et l’obligation d’enfouir les microgranulés à une profondeur minimum de trois centimètres.

Le plus grand soin doit être apporté au montage des diffuseurs pour que la répartition des microgranulés soit optimale : un positionnement trop haut ou trop éloigné par rapport à la ligne de semis diluera le produit et éloignera les microgranulés de la zone à protéger. Un diffuseur trop bas concentrera les microgranulés en fond de raie de semis, ce qui protégera les semences mais pas le collet des futures plantules, zone cible privilégiée des larves de taupins. L’installation du diffuseur, propre à chaque type de semoir et même à chaque modèle, est essentielle mais il faut aussi apporter le plus grand soin au réglage du microgranulateur et au semoir lui-même.

Disques, socs et pneumatiques méritent une bonne révision. La moindre usure d’un des éléments du semoir est susceptible de dégrader la qualité du semis et par conséquent la protection de la culture. De même, la préparation du sol doit permettre de bien positionner les microgranulés. Si les débris et cailloux peuvent aisément être écartés de la ligne de semis grâce à l’installation des équipements adaptés sur le semoir, une attention particulière doit être apportée dans le cas de conditions trop sèches aboutissant à un sol trop motteux et trop aéré, favorable aux attaques de taupins et défavorable au bon positionnement des microgranulés. Ceux-ci tombent alors dans des interstices profonds et ne forment pas le rempart de protection à l’emplacement du collet de la future plantule . Il peut être nécessaire de réaliser un rappuyage de la ligne de semis pour compenser partiellement un défaut de qualité de la préparation du lit de semences.

La géomyze : une menace pour les maïs de l’ouest

En 2021, les attaques de géomyze ont de nouveau été importantes en Bretagne, plus particulièrement dans le département de l’Ille-et-Vilaine, mais aussi en Normandie (Orne, Manche) et dans les départements du nord de la région des Pays de la Loire (Mayenne, Sarthe). Les conditions climatiques rencontrées de fin avril à début juin 2021 ont été particulièrement défavorables à une installation rapide des plantes et ont allongé la période de sensibilité des jeunes maïs aux attaques de géomyze.

Les essais réalisés par la société Vert-Marine pour Arvalis à Ploudalmézeau (29) confirment l’intérêt de la solution Lumiposa (cyantraniliprole). Ce produit, appliqué en traitement de semence, bénéficie à nouveau d’une autorisation régionale temporaire, sous conditions(1), pour protéger les semis de maïs réalisés en 2022.

Parmi les autres solutions en évaluation, les produits microgranulés à base de pyréthrinoïdes (lambda-cyhalothrine, cyperméthrine) appliqués avec diffuseur présentent une efficacité de l’ordre de 45 à 65 % sur la géomyze. Ces solutions microgranulés présentent l’intérêt d’apporter une efficacité du même ordre de grandeur contre les attaques de taupins, ce qui n’est pas le cas de la protection Lumiposa dont l’intérêt technique n’a été mis en évidence que pour protéger contre les attaques de géomyze.

Peu de solutions contre les corvidés mises en évidence dans les essaisAu printemps 2021, des essais Arvalis en microparcelles ont évalué des produits en traitement de semences ou en localisation dans la raie de semis. Sur les onze essais mis en place, seuls quatre ont permis de conclure sur l’efficacité des solutions expérimentées. Parmi les seize solutions testées, seul le Korit 420FS (zirame) présente un comportement intéressant dans les conditions expérimentales rencontrées en 2021, même si son efficacité peut être insuffisante en situation d’attaques très intenses. Dans les essais réalisés en grandes parcelles, différentes modalités agronomiques, de plantes de services, ou encore de produits répulsifs appliqués en traitement des parties aériennes, ont été éprouvées. Parmi les 25 parcelles suivies, peu ont subi suffisamment de dommages de corvidés dans les zones témoins pour pouvoir conclure.

Corvidés : le risque persiste en 2022

Certaines parcelles ont été à nouveau très exposées aux attaques de corvidés en 2021. À défaut de disposer d’une solution complètement satisfaisante pour la protection des semences et des plantules de maïs, la seule réponse est de mettre en œuvre une combinaison des leviers disponibles.

Cela commence par le piégeage et le tir (à certaines périodes de l’année) des espèces nuisibles (corbeau freux et corneille noire), dans la plupart des départements. Concernant le choucas des tours, espèce qui ne figure pas sur la liste des nuisibles, des mesures de régulation peuvent néanmoins être autorisées localement par arrêté préfectoral.

"Pour limiter les dégâts de corvidés, il convient d’éviter les semis décalés dans l’espace et dans le temps."

Grouper les semis dilue les attaques de corvidés dans le paysage. Il convient donc d’éviter autant que possible les semis décalés dans l’espace (parcelles isolées) et dans le temps. Les préparations du sol en conditions trop sèches, entraînant des sols motteux ou soufflés, sont favorables aux dégâts d’oiseaux. De même, si les conditions le permettent, privilégier un semis profond (4-5 cm ou plus). Les dégâts seront ralentis à défaut d’être empêchés. Rappuyer correctement la ligne de semis, limitera également l’accès aux graines.

Enfin, le produit Korit 420FS (zirame) en traitement de semence est homologué et disponible pour les prochains semis (date de fin d’approbation UE : 30/4/2023). Sur le plan technique, les essais réalisés par Arvalis ont démontré l’intérêt corvifuge de ce produit, même si le niveau de protection demeure partiel, voire largement insuffisant lorsque les populations de corvidés sont trop abondantes et que les conditions agronomiques et climatiques sont favorables aux attaques d’oiseaux. Comme pour toute solution phytopharmaceutique, l’utilisation de ce produit doit être réservée aux parcelles concernées par un risque d’attaque par les ravageurs ciblés.

Il faut apporter le plus grand soin au réglage du microgranulateur et du semoir lui-même afin d’assurer une bonne répartition des produits, contre les taupins notamment.

Chrysomèle du maïs : les dégâts se confirment

Les conséquences économiques dues aux dégâts de Chrysomèle ont été très limités en 2021 grâce à des conditions estivales peu stressantes, favorables à la culture du maïs. Cet insecte étant toujours bien présent, il en aurait été autrement si le climat avait été plus chaud et surtout plus sec.

En 2021 en Nouvelle-Aquitaine, la chrysomèle du maïs a été capturée dans la quasi-totalité des départements avec désormais dix foyers dans l’ancienne région Aquitaine et une présence assez généralisée dans les départements de la Charente et de la Charente-Maritime. En Bourgogne Franche-Comté, plus de la moitié des pièges sont positifs, ce qui confirme que la chrysomèle est bien installée (notamment en Saône et Loire, Jura et Territoire de Belfort). Deux foyers ont également été (ré)identifiés en Champagne-Ardenne. Les captures étaient assez généralisées en Île-de-France (23 pièges positifs sur 25 parcelles surveillées). Dans ces secteurs, les niveaux de captures n’inspirent pas d’inquiétude. Il faut toutefois poursuivre la surveillance et anticiper les mesures de lutte pour freiner le développement des populations de l’insecte (voir ci-dessous le document « Résultats 2021 » disponible en ligne).

En revanche, en région Rhône-Alpes, environ un tiers des parcelles surveillées à l’aide de pièges chromatiques (pièges jaunes) dépasse le seuil de cinq adultes capturés par piège et par jour. En Alsace, 20 % des parcelles surveillées dépassent ce seuil. Ainsi, il est recommandé de ne pas cultiver de maïs en 2022 dans les parcelles de maïs où les captures ont dépassé cinq individus par piège et par jour en 2021.

(1) Dose de 614 µg de substance active/grain et 110 000 grains max./ha, semis réalisés entre le 1er mars et le 29 juin 2022, parcelles situées dans les régions Bretagne, Basse-Normandie ou Pays de la Loire, non drainées artificiellement et hors des périmètres de protection des captages d’eau potable (si pas de périmètre de protection, la zone est élargie à la commune où se situe le captage).

En  savoir plusRetrouvez les résultats 2021 des essais Arvalis sur la protection contre les taupins, la géomyze et les corvidés, ainsi que les captures de chrysomèles et des recommandations de lutte contre ces différents ravageurs sur http://arvalis.info/2ch

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