Le T2 reste le traitement à ne pas rater

Après une année 2024 marquée par une pression maladies record, faut-il forcer les doses des programmes ? Quels traitements privilégier et à quels stades ? Charlotte Boutroy, ingénieure régionale Arvalis dans les Hauts-de-France, fait le point sur les prérequis pour assurer une protection efficace et optimale des blés.
Charlotte Boutroy, Arvalis : « Le T2 est le traitement fongicide à ne pas rater. »

Charlotte Boutroy, Arvalis : « Le T2 est le traitement fongicide à ne pas rater. »

Perspectives Agricoles : Après une campagne 2024 marquée par une pression exceptionnelle de septoriose, comment aborder la protection des blés cette année ?

Charlotte Boutroy : L’année dernière a été particulièrement complexe en matière de gestion des maladies foliaires des céréales. Elle nous a obligés à adapter nos stratégies et à tirer des enseignements. Toutefois, chaque campagne est unique. Ce n’est pas parce que 2024 a été difficile qu’il faut tout remettre en question. Il faut s’appuyer sur les acquis de la recherche tout en intégrant les enseignements de l’année passée.

Le rôle des fongicides est de protéger les trois dernières feuilles du blé qui contribuent le plus à l’élaboration du rendement, et principalement la dernière feuille qu’on souhaite garder saine jusqu’à la fin du cycle pour assurer une production optimale. Ainsi, le traitement pivot reste le T2, appliqué au stade « Dernière feuille étalée », qui vient lever deux-tiers de la nuisibilité. C’est le traitement à ne pas rater, pour lequel il faut adapter la dose à la pression de l’année et c’est à ce stade qu’il faut conserver les matières actives les plus efficaces.

Perspectives Agricoles : Comment évolue la résistance de la septoriose aux fongicides ?
Charlotte Boutroy :
Nous constatons une progression de la résistance de la septoriose, notamment aux triazoles, mais également aux SDHI, en particulier dans les Hauts-de-France. En 2024, pour la première fois, une baisse d’efficacité des solutions à base de SDHI a été observée. Pour 2025, afin de maintenir leur efficacité, nous conseillons d’augmenter les doses équivalentes entre les différentes solutions.

Pour ralentir l’évolution de ces résistances, il est crucial d’alterner les matières actives autant que possible, en n’utilisant pas plus d’une SDHI par campagne et pas plus d’un seul QiI (fenpicoxamide = Questar, Aquino, Jessico One) par saison. L’intégration de produits à action multisite comme le soufre ou le folpel constitue également une stratégie recommandée.

Perspectives Agricoles : La rouille jaune est désormais souvent présente, quel est le niveau de risque cette année ?
Charlotte Boutroy :
Pour le moment, la pression maladie globale est faible, nous observons très peu de septoriose et nous n’avons pas d’alerte : le climat est plutôt favorable à l’économie du T1, notamment sur les variétés peu sensibles comme Chevignon, noté 6,5 sur septoriose. Début avril, autour de « épi 1 cm » (« 1 noeud » dans le nord de la France), les modèles « Rouille jaune » annonçaient un risque faible pour une variété sensible, à l’exception de la bordure maritime (de Dunkerque à la Bretagne) et du Sud-Ouest où le risque était moyen. À la mi-avril on commence à voir les premières pustules de rouille jaune sur les variétés sensibles : la vigilance et l’observation restent de mise.

Perspectives Agricoles : Un T3 est-il indispensable ?
Charlotte Boutroy :
Non, son application doit être justifiée. Ce serait une erreur et une dépense inutile s’il était réalisé alors que l’année ne le justifie pas. Son utilité dépend des conditions de fin de cycle. Si la septoriose persiste ou si un risque de fusariose apparaît, par exemple en cas de pluie au début de la floraison, un T3 sera pertinent. Si le risque est avéré, nous recommandons d’augmenter la dose de produits comme le Prosaro de 0,6 à 0,9 l/ha.
La surveillance de la présence de maladies est impérative afin d’ajuster la stratégie fongicide en conséquence.


Perspectives Agricoles : Sur quels éléments s’appuyer pour ajuster son programme ?
Charlotte Boutroy :
Les outils d’aide à la décision (OAD) facilitent la veille : Xarvio, Abélio, Opti-Protect par exemple, alertent en temps réel sur l’évolution du risque sanitaire, en s’appuyant sur les modèles maladies d’Arvalis. Pour une tendance générale sur 4-5 variétés, l’outil gratuit « Baromètre maladies » disponible sur arvalis.fr est également utile.
Une stratégie bien ajustée peut avoir un impact très significatif : dans nos essais, le gain moyen d’un T2 bien positionné était de 19 q/ha en  2024, avec un maximum à 32 q/ha. L’adaptation aux conditions du moment reste le maître-mot d’une protection efficace.

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