Herbicides : Les adjuvants confirment leurs efficacités

Le contexte de la sortie d’hiver est aujourd’hui compliqué, notamment du fait des adventices résistantes, graminées ou dicotylédones, qui remettent en cause ce créneau d’application, néanmoins fréquemment utilisé. Arvalis poursuit donc l’évaluation des adjuvants et des nouveautés herbicides.
Désherbage de sortie d'hiver : adjuvants et nouveautés.

Les résultats des essais pluriannuels montrent que les adjuvants arrivés récemment sur le marché se situent au niveau de la référence Actirob B, voire légèrement au-dessus (sur la figure 1, ils sont proches du trait rouge correspondant à la base 100). De la même manière, l’association Actimum 1 l + Actirob B 1 l est clairement au-dessus de l’huile Actirob B seule, confirmant ainsi les résultats des années antérieures.

Les adjuvants Adenda 1 l ou Astuss 1 l présentent un intérêt en extemporané avec Atlantis Pro, au même titre qu’Actirob B 1 l. L’ajout d’Actimum (ou de tout autre sulfate d’ammonium ayant cet usage « bouillie herbicide ») améliore l’efficacité finale. Actimum a été étudié à 1 l, avec Astuss, en 2015, 2016 et 2018 - et seulement à 0,5 l en 2019. Il a été constaté que la dose associée de 1 l d’Actimum était plus discriminante, avec Astuss, que la dose de 0,5 l/ha.

Deux essais réalisés sur vulpin en 2018-2019, dans le Cher et le Loiret, en sortie d’hiver, ont montré que la différence entre spécialités adjuvantes solo, est ténue (6 points d’écart maximum). Atlantis Pro à pleine dose N est bien formulé puisque, comme observé par le passé, l’efficacité moyenne est très proche de la modalité Atlantis Pro + huile Actirob B 1 l (3 points d’écart). Astuss 1 l et Adenda 1 l sont d’un bon niveau, à +6 et +3 points de la référence Actirob B 1 l. Ces adjuvants sont donc intéressants avec Atlantis Pro, l’efficacité étant améliorée par rapport au produit seul. L’effet de l’Actimum 1 l (avec huile Actirob B 1 l) est à nouveau confirmé dans ces deux essais 2019, avec un gain de 11 points par rapport à l’huile Actirob B solo. Cette modalité Actirob B + Actimum est d’ailleurs la meilleure de la série d’étude des adjuvants. Les associations Adenda 1 l + Actimum 1 l et Astuss 1 l + Actimum 0,5 l (dose réduite) sont assez proches mais en retrait de la modalité Actirob B + Actimum. L’association Astuss 1 l + Actimum 0,5 l n’est pas différente d’Astuss 1 l utilisé seul. La dose d’Actimum (ici 0,5 l) est peut-être à revoir ; les essais avaient montré que la dose d’Actimum permettant un gain d’efficacité intéressant se situait à 1 l/ha.


Qualité de l’eau de bouillie

Alors que les stations de traitement de l’eau semblent se développer sur le terrain, Arvalis a testé l’efficacité de l’une d’entre elle : le dispositif Aquaphyto. Ces stations, en général des résines échangeuses, « traitent » l’eau de bouillie, en amont du remplissage du pulvérisateur, en neutralisant certains composés (cations, anions, etc.) et en modulant le pH. Si les différentes stations fonctionnent sur les mêmes principes, elles n’ont toutefois pas toutes les mêmes caractéristiques. Arvalis a comparé deux doses d’un herbicide avec deux types d’eau de bouille : une eau témoin non traitée issue du réseau et la même eau traitée issue de la station.

Dans un essai, l’analyse des résultats ne montre pas de véritable différence, sur vulpin et folle avoine, entre les deux types d’eau. L’effet dose sur vulpin n’est pas visible, probablement en raison de la présence d’individus résistants aux inhibiteurs de l’ALS. Les résultats sur folle avoine sont supérieurs mais ne permettent pas de distinguer les deux types d’eau.

Le constat est identique pour deux autres essais sur vulpin : pas de différence entre les eaux. Un effet dose est visible avec Atlantis Pro, entre la demi-dose et la pleine dose (écart de 12 points environ). En revanche, il est difficile de distinguer l’eau du réseau et l’eau issue de la station. Un léger avantage à l’eau traitée est décelable, en moyenne, à la dose de 0,75 l/ha d’Atlantis Pro (+ 1,5 points), mais trop limité pour avoir un avantage sur le terrain.

Ces trois essais réalisés en 2018-2019 ne sont pas suffisants pour émettre un avis définitif. Néanmoins, l’investissement dans une station de traitement de l’eau (20 000 € environ) semble, pour le moment, disproportionné au regard du gain espéré. Un essai réalisé sur maïs a abouti à des conclusions similaires. De plus, ce type de station avait déjà été étudié à la fin des années 1990 (nom des procédés différents mais principe similaire : résines échangeuses, modulation du pH par la suite, etc.). Ces travaux n’avaient pas montré de réel bénéfice pour le producteur en matière d’efficacité ou encore de modulation de doses.


Des adjuvants aussi testés sur les nouveautés herbicides

Depuis l’année dernière, la panoplie des herbicides en sortie d’hiver s’est étoffée avec l’arrivée de nouvelles formulations ou associations de sulfonylurées : Atlantis Star (mésosulfuron-méthyl 4,5 % + iodosulfuron- méthyl 0,9 % + thiencarbazone-méthyl 2,25 % + méfenpyr-diéthyl 13,5 %), Cossack Star (mésosulfuron-méthyl 4,5 % + iodosulfuron- méthyl 4,5 % + thiencarbazone-méthyl 3,75 % + méfenpyr-diéthyl 13,5 %), Levto WG (spécialité générique d’Atlantis WG) et Gyga (pyroxsulame 7,08 % + florasulame 1,42 % + cloquintocet 7,08 %).

Atlantis Pro, à sa pleine dose 1,5 l, adjuvanté avec Actirob B 1 l + Actimum 1 l (non recommandé par Bayer) se place en tête, avec 91 % d’efficacité moyenne, dans les deux essais Arvalis de la campagne 2018-2019 (figure 2). Cette modalité devance de 14 points Atlantis Star 0,33 kg + Actirob B 1 l + Actimum 1 l. Atlantis Star a également été testé avec Actirob B ou Adenda, chacun associé à de l’Actimum. Il ressort qu’Adenda est légèrement supérieur à Actirob B (+ 4 points) dans les deux essais. Cossack Star, déclinaison d’Archipel mais avec 7,5 g de thiencarbazone, est légèrement supérieur à Atlantis Star, sans que cela soit très marqué (+ 4 points). Avec seulement deux points de moins, Levto WG (0,3 kg + Actirob B 1 l + Actimum 1 l), qui correspond à une dose limitée de mésosulfuron + iodosulfuron, est assez proche d’Atlantis Star à pleine dose. L’association de Levto WG avec Gyga à dose modulée, qui apporte une dose limitée de pyroxsulame, n’est pas probante (seulement +3 % par rapport à Levto WG seul). Cela confirme des résultats antérieurs : les associations peuvent apporter un plus à condition d’être à doses efficaces, voire maximales, de produits du mélange. De plus, sur le plan de la gestion des populations résistantes, cette association est discutable (elle n’arrive pas au niveau de la référence pleine dose).

En considérant cinq essais conduits en 2017- 2018 et 2018-2019 (départements 18, 21, 28, 45) avec les adjuvants Actirob B 1 l et Actimum 1 l, Atlantis Star s’est montré plus régulier que Cossack Star (+ 5 points) et confirme les résultats antérieurs observés entre Atlantis et Archipel (effet mésosulfuron sur vulpin). En comparant avec Levto WG (mais la dose de substance active n’est pas identique), le résultat est assez proche de Cossack Star (-3 points).


Monolith : une nouveauté intéressante en présence simultanée de vulpin et de brome

Monolith (mésosulfuron 45 g/kg + propoxycarbazone 67,5 g/kg + méfenpyr 90 g/kg) a été homologué en 2018. Il avait alors été testé en sortie d’hiver par Arvalis. Sa commercialisation en 2020 est l’occasion de diffuser les résultats obtenus. La composition de Monolith se trouve à mi-chemin entre Attribut et Atlantis Pro. Néanmoins, avec l’arrêt des WG (Atlantis WG, Archipel), cette solution renouvelle la gamme des anti-bromes.

La dose d’utilisation de Monolith est de 0,33 kg/ha avec un seul traitement par an, entre les stades BBCH 13 et 32 (3 feuilles et 2 nœuds). Comme la plupart des spécialités antigraminées inhibitrices de l’ALS en sortie d’hiver, il y a une restriction d’application sur sols draines ayant plus de 45 % d’argile. Ses cibles seront surtout les graminées (folle-avoine, vulpin, ray-grass, bromes, agrostis jouet-du-vent, paturins) et quelques dicotylédones très sensibles aux inhibiteurs de l’ALS (stellaire, crucifères et matricaires).

Dans les trois essais étudies, le comportement de Monolith sur vulpin, a été identique aux spécialités de référence : Atlantis Pro et Atlantis Star. On peut supposer un comportement supérieur sur bromes (a l’image d’Attribut) du fait de sa formulation avec du propoxycarbazone. Contrairement a Attribut qui n’était homologue qu’’en blé tendre, seigle et triticale, Monolith est possible en blé dur (mais pas en seigle), ce qui ouvre des perspectives de lutte contre le brome sur cette culture (avec le pyroxsulame présent dans Abak par exemple).


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