Zoom sur la station Arvalis de Gréoux-les-Bains

Depuis plus de 20 ans, la station ARVALIS de Gréoux-les-Bains (04) a fait de l’adaptation au changement climatique et de son atténuation le fer de lance de ses activités de recherche. équipée de technologie de pointe, dont la Phénomobile, elle fait aussi figure de référence au sein de l’institut pour l’étude des systèmes de culture tels que l’ACS.
Zoom sur la station Arvalis de Gréoux-les-Bains

Il faut ouvrir l’œil pour trouver des céréales dans cette région dominée par la vigne, les oliviers et le lavandin. C’est pourtant ici, à Gréoux-les-Bains, dans les Alpes-de-Haute-Provence, que se trouve la station la plus méridionale d’Arvalis. « Dans la région, les exploitations agricoles sont très diversifiées, excepté dans les zones irriguées propices à la culture de semences. Les céréales apportant relativement peu de valeur ajoutée comparées aux autres cultures méditerranéennes, elles sont cultivées sur des surfaces plutôt restreintes », introduit Mathieu Marguerie, ingénieur et responsable de la station. Si bien qu’au début des années 2000, près de 30 ans après sa création, l’institut s’est posé la question de conserver une station dans cette « petite région céréalière ». Le besoin d’étudier l’impact du changement climatique sur les grandes cultures est rapidement venu apporter une réponse. Quoi de mieux pour cela qu’une station située dans une région qui en subissait déjà les premiers effets ?  « On peut dire que le changement climatique a redéfini l’identité de la station de Gréoux-les-Bains », assume Mathieu Marguerie.
 

La Phénomobile, équipement phare de la station Arvalis de Gréoux-les-BainsLa Phénomobile, co-développée avec Inrae, est l’équipement phare de la station de Gréoux-les-Bains : ce robot autonome permet de faire du phénotypage haut débit, ici dans une parcelle de blé dur.
 

Présentation de la station Arvalis de Gréoux-les-Bains

La station de Gréoux-les-Bains

Localisation : Gréoux-les-Bains, Alpes-de-Haute-Provence (04)
Création : 1969
Surface : 19 ha
Salariés permanents :  7, en comptant l'ensemble des collaborateurs de l'équipe Méditerranée
Système : polyculture
Activités : phénotypage haut débit, impact du changement climatique, réponse au stress hydrique des variétés de blé dur et tendre, agroforesterie, agriculture de conservation des sols, agriculture biologique.

Un équipement de pointe pour le phénotypage haut débit

Le climat y est certes méditerranéen, mais la proximité avec les Alpes fait que les températures, notamment en hiver, peuvent descendre bas. « Ce que l’on observe ici sur les cycles de développement des cultures peut être transposé à d’autres régions, ce que l’on aurait eu du mal à faire plus près de la côte. Gréoux-les-Bains bénéficie d’une position stratégique pour un institut de recherche appliquée », poursuit Mathieu Marguerie. Le personnel de la station est rattaché à « l’équipe Méditerranée » dont une partie est établie à Nîmes. « Nous avons donc des essais chez des agriculteurs sur une zone relativement étendue, qui va de Mauguio, près de Montpellier, à Forcalquier, situé au nord-est du parc naturel régional du Luberon. Avec toute la diversité pédoclimatique que cela implique », ajoute Olivier Moulin, technicien d’expérimentation à la station de Gréoux-les-Bains.

Au sein de cette grande thématique qu’est l’adaptation au changement climatique et son atténuation, trois principaux leviers sont explorés : la génétique, les itinéraires techniques et les systèmes de culture (encadré). « Arvalis a co-développé avec l'Inrae un robot de phénotypage haut débit, baptisé Phénomobile, pour évaluer la tolérance des variétés de céréales à paille au stress hydrique », indique Olivier Moulin. Autoguidé par GPS RTK, l’engin est équipé d’un ensemble de capteurs embarqués - caméras, lasers et radiomètres- qui « scannent » les variétés cultivées sur la ferme. « Nous étudions ainsi leur comportement en cours de cycle : début de la sénescence, changement de couleur, activité photosynthètique, etc. Cette caractérisation fiable, répétable et rapide permet d’identifier des idéotypes contrastés », complète le technicien. Chaque année, près de 200 variétés françaises et étrangères de blé dur et de blé tendre y sont ainsi évaluées, avec et sans irrigation. Une mine d’or pour les sélectionneurs. Depuis peu, le champ d’application de la Phénomobile s’élargit : d’autres types de stress sur céréales à paille sont étudiés, et la luzerne a rejoint le banc des espèces à l’étude.

Une station pilote pour l’étude des modes de conduite innovants

Les systèmes de culture sont un des leviers d’adaptation et d’atténuation du changement climatique mobilisables par les agriculteurs. La station est donc en première ligne pour mener des essais sur des modes de conduite innovants. Des essais en agriculture biologique (AB) y sont pilotés, fournissant un ensemble de références techniques aux quelques 984 exploitations de grandes cultures en AB recensées en 2022 en PACA.  « Nous avons également des essais conduits depuis plus de 10 ans en agriculture de conservation des sols (ACS) », fait valoir Mathieu Marguerie. Depuis 2020, la station participe au projet CAMA, afin de comprendre les freins et les leviers techniques à la réussite de l’ACS dans les 10 pays méditerranéens partenaires du projet. « L’approche de recherche participative, basée sur le partage d’expérience et sur les diagnostics de parcelles chez les agriculteurs, permet de transférer la méthodologie de notre institut auprès des partenaires, et constitue une opportunité d’enrichir nos modèles, notamment CHN, avec des données collectées dans des pays aux climats encore très différents des nôtres, mais qui pourraient à l’avenir être plus fréquents sur une partie du territoire français », pointe le responsable de la station. Plus récemment, des essais en agroforesterie ont démarré à travers le projet CLIMAF. L’influence des arbres sur le microclimat, et donc sur l’environnement proche des céréales, y est étudiée à l’aide d’un ensemble de technologies de phénotypage aérien et racinaire dont les perches Littéral, les rhizotrons, les drones… « Nos essais ont un écho dans toutes les régions, mais notre volonté est avant tout de guider le paysage agricole local en développant des filières à valeur ajoutée », souligne Mathieu Marguerie.

Des partenariats multiples dans le pourtour méditerranéen

L’implantation de la station en région PACA est une opportunité de nouer des partenariats avec les pays du pourtour méditerranéen. « Nous avons tout intérêt à travailler avec des pays qui ont aujourd'hui des stress climatiques analogues à ceux que l’on pourrait avoir à l’avenir dans toute ou partie de la France », insiste Mathieu Marguerie. L’un de ces partenariats, initié il y a plus de dix ans avec la station d’Elvas, au Portugal, pilotée par l’Instituto Nacional de Investigação Agrária e Veterinária (Iniav), s’est concrétisé en 2022 par un jumelage. La collaboration entre les deux instituts a permis de définir un « idéotype variétal sud » et d’identifier de nouvelles variétés de blé dur résilientes aux aléas climatiques des deux pays. Le concept d’essais communs s’est depuis diversifié : une collaboration avec l’Institut National des Grandes Cultures (INGC) a démarré en 2016 avec la Tunisie, puis avec la station de Foggia en Italie, pilotée par le Consiglio per la ricerca in agricoltura e l'analisi dell'economia agraria (CREA), à partir de 2020.  Ce rapprochement ouvre de nouvelles perspectives pour la production française, mise à mal par le changement climatique : c’est en Italie que se trouve la plus grande banque mondiale de semences de blé dur.
 

La station de Gréoux-les-Bains est équipée de rhizotrons, utilisés pour observer le développement racinaire du blé dur dans le cadre du projet européen Root2Res.La station de Gréoux-les-Bains est équipée de rhizotrons, utilisés notamment pour observer le développement racinaire du blé dur dans le cadre du projet européen Root2Res.


Station de Gréoux-les-Bains : un projet pour étudier les systèmes racinaires

Enfin, depuis 2022, la station de Gréoux-les-Bains est désignée comme site pilote pour le projet européen Root2Res, piloté par Arvalis. Rassemblant vingt-deux partenaires de treize pays, il a pour but d’identifier les idéotypes variétaux de différentes cultures comportant les traits racinaires d’intérêt pour répondre aux enjeux climatiques. Habitués à analyser le développement aérien du blé tendre et du blé dur grâce à la Phénomobile, c’est en regardant ce qu’il se passe sous terre que les chercheurs espèrent maintenant trouver des réponses sur les gènes impliqués dans la tolérance aux stress abiotiques.
 

Les salariés permanents basés à la station de Gréoux-les-BainsLes salariés permanents basés à la station de Gréoux-les-Bains (de gauche à droite) : Olivier Moulin, Clémentine Bourgeois, Mathieu Marguerie et Magali Camous, font partie de l’équipe Méditerranée, à laquelle s’ajoutent Pauline David, Laura Extrait et Edith Veyrenc, basées à Nîmes.

 

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